L'idée d'ouvrir dans la capitale fédérale américaine un musée qui soit consacré à l'histoire des Afro-américains remonte à "il y a plus de 100 ans", explique la Smithsonian, institution privée qui gère la plupart des musées de la ville, dont le dernier venu.
D'anciens combattants noirs américains, excédés par la discrimination, créent en 1915 une "commission des citoyens de couleur" ayant pour but de créer un monument qui célèbrerait leur contribution dans l'histoire américaine.
"Ce jour heureux est issu d'un siècle d'efforts saccadés et contrariés pour commémorer l'histoire afro-américaine", a résumé Lonnie Bunch, directeur du musée, lors d'une présentation à la presse.
Après des années marquées par les faux départs et des batailles politiciennes, un projet de loi du député noir de Georgie John Lewis finit par passer au Congrès, ouvrant la voie à une concrétisation du projet. Ce dernier est officiellement ratifié par le président conservateur George W. Bush en 2003.
"Ouvrir le musée a demandé les efforts de présidents et de membres du Congrès", rappelle le Smithsonian, qui a attribué en 2006 le terrain sur le National Mall, grande artère au centre de Washington.
L'édifice de 37.000 m2 reçoit sa première pierre en février 2012. En novembre 2013, les deux premiers objets, parmi les plus impressionnants, sont installés dans le bâtiment, dont l'ossature prend forme. Il s'agit du wagon d'un train de 1920, en circulation sous l'ère ségrégationniste et d'une tour de prison de Louisiane.
En octobre 2014, le dernier morceau qui compose la structure est posé et trois mois plus tard la superstructure, des panneaux d'aluminium plaqués de bronze, est terminée.
La date d'ouverture est annoncée le 2 février 2015. Les vitres ne sont alors pas encore posées, pas plus que les 3.600 panneaux qui constituent le lourd habillage extérieur (230 tonnes).
Le musée sera inauguré samedi après une cérémonie officielle lors de laquelle le président Barack Obama, qui quittera ses fonctions en janvier, doit prononcer le discours d'ouverture.
L'ancien président George W. Bush sera également présent.
"Maintenant, enfin, le Musée national de l'histoire et de la culture afro-américaine est ouvert à tous les Américains et au monde, pour mieux comprendre le parcours des Noirs américains et comment ils ont façonné l'Amérique", a anticipé le directeur du musée la semaine dernière devant la presse.
L'inauguration, a-t-il ajouté, "honore le rêve de plusieurs générations et de milliers de personnes qui ont travaillé si dur et tant sacrifié pour que ce rêve devienne réalité".
Le musée a coûté 540 millions de dollars (480 millions d'euros). La moitié des fonds, soit 270 millions, sont financés par le budget fédéral américain, tandis que l'autre l'est par le Smithsonian par le biais de donations privées.
Le musée possède plus de 34.000 objets, dont près de la moitié lui ont été donnés, qu'il va exposer alternativement sur ses sept niveaux et douze expositions.
Seuls quelque 10% de ces objets seront exposés en permanence.
Le musée a construit "une collection destinée à illustrer les principales périodes de l'histoire afro-américaine", précise le Smithsonian, de l'esclavage à la période contemporaine, en passant par la conquête des droits civiques.