FESPACO 2019: Jean-Pierre Bekolo et Dikongue Pipa à l'honneur pour le cinéma camerounais

Pipa Dikongué cinéaste camerounais ,”Etalon d'or de Yennega” de 1976.

Pipa Dikongué cinéaste camerounais ,”Etalon d'or de Yennega” de 1976.. DR

Le 03/03/2019 à 11h05, mis à jour le 03/03/2019 à 11h09

Les deux réalisateurs sauvent l'honneur du cinéma camerounais lors de cette 26ème édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision (FESPACO) qui s'est achevée ce 2 mars 2019. Edition qui a consacré, une fois de plus, la domination du cinéma ouest-africain.

Dans le raz-de-marée des récompenses de l'édition 2019 du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO) opéré par les pays ouest-africains et ceux de l'Afrique du nord, le cinéma camerounais s'en tire avec un prix spécial.

Il s'agit du prix Sembene Ousmane qui revient au réalisateur Jean-Pierre Bekolo avec son film «Miraculous Weapons» (Les armes miraculeuses en français). Ce prix, d’une valeur de 5.000.000 de francs CFA, est offert par la Fondation Ecobank. Le film du cinéaste, qui raconte une histoire sur la quête de la liberté, notamment la liberté d’expression, a été jugé comme celui donnant l'image la plus positive de l'Afrique.

«Nous nous félicitons de l’image du continent que nous renvoie la majorité des films. Une Afrique loin des clichés misérabilistes. Une Afrique debout et fière, qui trace sa voie. Des valeurs chères à Sembene Ousmane, un des pères fondateurs de la semaine du cinéma en 1969», a déclaré Denise Epoté, directrice régionale Afrique de TV5 Monde et membre du jury.

Il s'agit malgré tout d'une maigre moisson pour le cinéma camerounais qui devra se contenter également de l'honneur que le festival a fait à Jean-Pierre Dikongué Pipa durant cette édition du FESPACO. Parmi les autres camerounais en compétition, entre autres, Jean-Marie Teno dans la catégorie documentaire long métrage avec «Le futur dans le rétro», Laure Kamga dans la catégorie court métrage documentaire pour «Pa'Ta'Kam» et Benjamin Eyaga pour le court métrage «Mes silences».

Etalon d’or de Yennenga

De son côté, Dikongué Pipa est désormais dans la légende du Festival panafricain. En effet, la statue en bronze de l'unique lauréat pour le pays de l'Etalon d’or de Yennenga (la distinction la plus prestigieuse du FESPACO) décerné au cinéaste camerounais en 1976, trône désormais à la Place des cinéastes à Ouagadougou, la capitale burkinabé. Un monument inauguré lors de cette édition 2019 et qui reste l'un des grands moments du cinéma camerounais à l'occasion du festival.

Pour l'occasion, la version relookée de son film lauréat, «Muna Moto» (L’enfant de l’autre), a été projetée le 23 février 2019. Un film introduit avant sa projection par le célèbre réalisateur américain Martin Scorsese, après avoir été retravaillé en 2019 par la cinémathèque de Bologne en Italie. Ce, dans le cadre d'un projet de restauration de vieux films dans le monde baptisée World’s Cinema Project.

Un projet piloté par The Film Foundation de Martin Scorsese, en partenariat avec la Fédération panafricaine des cinéastes (FEPACI) et l’UNESCO. «Merci de grand cœur à l’Afrique toute entière. Aujourd’hui, je suis fier d’être Camerounais (…) C’est le temps du souvenir, de la mémoire. J’ai écrit ma première pièce de théâtre qui s’intitulait "L’inévitable compromis", et c’est pourquoi, quelques années plus tard, j’ai fait "Muna Moto" qui a été enseigné dans toutes les écoles du monde. Ce film qui me met à l’honneur aujourd’hui appartient désormais au public. "Muna Moto" me rappelle ces années où les cinéastes passaient des nuits sans sommeil à réfléchir à l’avenir du cinéma africain», a déclaré Dikongué Pipa, l’un des doyens du cinéma camerounais.

Par Tricia Bell (Yaounde, correspondance)
Le 03/03/2019 à 11h05, mis à jour le 03/03/2019 à 11h09