Le Burundi exige la renégociation et suspend les contrats des sociétés minières internationales

Le président Burundais Evariste Ndayishimiye.

Le président Burundais Evariste Ndayishimiye. . DR

Le 23/07/2021 à 14h44, mis à jour le 23/07/2021 à 16h28

De plus en plus de pays africains considèrent que les sociétés minières occidentales et asiatiques, notamment britanniques et chinoises, accaparent les ressources du continent sans assez donner en retour. Le président burundais vient de suspendre les contrats pour exiger un partage plus équitable.

Après plusieurs mises en garde restées lettre morte, le président du Burundi, Evariste Ndayishimiye, a décidé de sévir. En effet, le Burundi a décidé de suspendre les opérations de la plupart des sociétés minières internationales qui exploitent les ressources du pays, notamment les terres rares indispensables à l'industrie informatique, sans assez donner en retour.

Gitega estime ne pas bénéficier d'une part équitable des revenus générés par l'extraction des richesses de son sol, puisque ces grosses sociétés continuent d'afficher des résultats mirobolants, alors que le budget du pays reste déficitaire.

En effet, selon les données de la Banque mondiale, le déficit budgétaire du Burundi a doublé l'année dernière, en 2020, pour atteindre quelque 8,7% du PIB contre 4,2% en 2019, un niveau qui était déjà excessif. De même, le déficit du compte courant est de 19,1%, signe que le pays ne profite pas suffisamment de rentrées de devises.

"Le Burundi prévoit de tirer environ 1,5 million de dollars de l'exploitation minière pour l'exercice budgétaire 2021 (...) C'est très peu par rapport à tout ce qui est exporté", a déclaré Gabriel Rufyiri, président de l'Olucome, la principale organisation de lutte contre la corruption au Burundi.

Le président Evariste Ndayishimiye, qui a pris ses fonctions en juin 2020, a fait de la lutte contre la corruption une priorité au Burundi, classé depuis des années parmi les 10 pays les plus corrompus du monde, selon Amnesty International.

Ainsi, dans un courrier adressé aux entreprises visées, le ministre des Mines burundais, Ibrahim Uwizeye, a rappelé que la décision avait été motivée par les "nombreux manquements au code minier".

"L'Etat, propriétaire du sol et des minerais, n'en tire pas de profit comme il devrait", dit-il dans son courrier, faisant ainsi allusion au paradoxe de la flambée des cours des terres rares, alors que le déficit burundais ne cesse de se creuser.

Il est clair qu'il y a un "déséquilibre" dans l'exécution des conventions signées et qu'il faut des accords "gagnant-gagnant". Par conséquent, "Nous voulons renégocier toutes ces conventions au profit du peuple car ces minerais doivent servir à financer le développement du pays", a expliqué Ibrahim Uwizeye.

Au total, ce sont sept entreprises, britanniques, chinoises et russes, qui semblent être la cible de ces mesures, mais la principale est Rainbow Rare Earths, cotée au Royaume-Uni et qui exploite la mine de terres rares de Gakaya, l'une des plus importantes au monde et la seule en Afrique.

D'autres entreprises qui sont dans l'exploitation de l'or et du coltan sont également concernées, mais pour elles ne veulent pas commenter cette décision du gouvernement burundais.

Actuellement, de plus en plus de pays du continent s'orientent vers la renégociation des contrats ou carrément le non renouvellement de ceux ayant échu. Pas plus tard qu'en mai dernier, le président Etienne Tshisekedi de la RD Congo a clairement affirmé qu'il allait les renégocier, vilipendant les "investisseurs qui nous ont trop volés", alors que les "Congolais continuent de croupir dans la misère".

Le Botswana a été précurseur dans ce domaine, exigeant que les diamants extraits de son sous-sol soient taillés localement offrant ainsi des emplois et un meilleur partage de la valeur ajoutée.

Par Ismail Traoré
Le 23/07/2021 à 14h44, mis à jour le 23/07/2021 à 16h28