Nigeria-Boko Haram: le match n'est pas fini mais Buhari marque des points

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Le 06/12/2016 à 18h39, mis à jour le 06/12/2016 à 18h42

Une année et demi après son élection, Muhammadu Buhari a sensiblement réduit la force de frappe de Boko Haram en prenant des mesures radicales. Des enquêtes sont lancées contre la corruption à la tête de l'armée et surtout il accepte enfin de lancer la Force militaire multinationale.

Kiosque le360afrique. Quand Mohammadu Buhari est élu le 29 mai 2015, président du Nigeria, il devait concrétiser sa principale promesse de campagne : éliminer Boko Haram. Goodluck Jonathan avait lamentablement échoué. « La population veut des résultats là où Jonathan ne lui a offert des faux-semblants", commente Jeune Afrique.

Il faut s’occuper d’une armée corrompue. Alors 300 enquête sont lancées dans le secteur de la "sécurité, des militaires sont révoqués et certains, jetés en prison". Les chefs de l’armée de terre, de la marine et de l’armée de l’air, tous nommés par Goodluck Jonathan en janvier 2014, sont tous limogés, signale toujours l’hebdomadaire. A la place des hommes de confiance sont nommés et il prend des mesures qui se montreront payantes.

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Ainsi, le QG de l’armée contre Boko Haram est déplacé des bureaux cossus d’Abuja pour Maiduguri dans le nord. L’armée constituée de soldats du sud s’approche enfin de la population du nord. Malgré les grincements de dents des hommes de tenus, les résultats sont là. La population mieux organisée fournit une précieuse information sur les activités et les mouvements de Boko Haram. De plus, sur le plan idéologique c’est toujours plus facile quand c’est un musulman qui dénigre Boko Haram que quand c’est Jonathan qui veut s’y coller.

Ainsi, Buhari fait venir le Cheikh Ahmad al Tayeb, grand imam d’Al Azhar et président des sages musulmans.

Avec les pays de la sous-région, la force militaire multinationale (FMM) est enfin mise en place. Buhari accepte de placer le QG au Tchad au lieu du Nigeria, même s’il en garde le commandement. «Il a montré que l’instinct de souverainisme pouvait laisser place à la mutualisation des efforts», explique le colonel camerounais Didier Badjeck.

Ainsi, Boko Haram est pris en tenailles et sa force diminue sensiblement grâce à cette collaboration entre les armées camerounaise, tchadienne, nigérienne et nigériane. «Auparavant, dès que nos troupes se repliaient, Boko Haram revenait», explique un responsable au ministère de la Défense du Cameroun.

Aujourd’hui, Buhari a littéralement changé le visage de la diplomatie militaire nigériane. Néanmoins, « Abattre Boko Haram va nécessiter une présence permanente de l’État dans les zones libérées, la coopération de leaders locaux et de chefs religieux modérés, des programmes de développement et d’assistance humanitaire », détaille Alex Fielding, analyste pour le cabinet MAX-Security Solutions.

Par Mar Bassine Ndiaye
Le 06/12/2016 à 18h39, mis à jour le 06/12/2016 à 18h42