Ethiopie: le gouvernement va libérer des hommes politiques emprisonnés

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Le 03/01/2018 à 18h02, mis à jour le 03/01/2018 à 18h02

Le Premier ministre éthiopien Hailemariam Desalegn a promis mercredi de libérer un certain nombre d'hommes politiques emprisonnés et de fermer une prison où la torture serait régulièrement pratiquée, selon des défenseurs des droits de l'Homme.

"Afin d'améliorer le consensus national et d'élargir le débat démocratique, la décision a été prise d'acquitter des hommes politiques et de les libérer de prison", a déclaré Hailemariam à la presse à Addis Abeba, selon des propos rapportés par la radio-télévision d'État Fana sur son site internet.

Le Premier ministre a précisé que les individus déjà condamnés seraient graciés et que les accusations seraient abandonnées pour ceux en instance de jugement.

Mais il n'a donné aucune indication du nombre de gens concernés, ni n'a précisé si cette mesure s'étendrait aux milliers de personnes considérées comme des prisonniers politiques par les groupes de défense des droits de l'Homme et les opposants.

"Nous ne savons pas qui va être libéré. Cela prend du temps pour déterminer qui mérite d'être gracié", a reconnu auprès de l'AFP le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, Negeri Lencho.

Hailemariam a également annoncé que le centre de détention de Maekelawi à Addis Abeba - en service déjà sous le brutal régime régime militaro-marxiste du Derg dans les années 70 et 80 - serait fermé et transformé en musée.

En 2013, Human rights watch avait affirmé que "toutes sortes d'abus, dont la torture" était pratiqués en ce lieu, une accusation rejetée par le gouvernement.

Parmi les principaux hommes politiques éthiopiens emprisonnés figurent le président du Congrès fédéraliste oromo (OFC), Merera Gudina, et le vice-président de ce parti, Bekele Gerba. De nombreux journalistes sont aussi en détention.

Le nombre exact de prisonniers dans les geôles éthiopiennes n'est pas connu. Mais plus de 21.000 personnes, selon des chiffres officiels, ont été arrêtés dans le cadre de l'état d'urgence instauré entre octobre 2016 et août 2017, dont les deux-tiers ont ensuite été relâchées.

Cet état d'urgence avait été déclaré en réponse à une vague de manifestations anti-gouvernementales sans précédent depuis 25 ans, qui avaient débuté en 2015 et ont été violemment réprimées par les forces de l'ordre, faisant au moins 940 morts selon la Commission éthiopienne des droits de l'Homme, liée au gouvernement.

Les manifestations étaient avant tout l'expression d'une frustration des Oromo (sud et ouest) et des Amhara (nord), les deux principales ethnies du pays, face à ce qu'ils perçoivent comme une sur-représentation de la minorité des Tigréens au sein de la coalition du Front démocratique révolutionnaire des peuples éthiopiens (EPRDF), qui règne sans partage depuis 1991.

Ces manifestations, qui se sont calmées après l'instauration de l'état d'urgence, mais sans que de réponses soient apportées à la frustration des Oromo et Amhara, ont provoqué des tensions au sein même de l'EPRDF.

Par Le360 Afrique (avec AFP)
Le 03/01/2018 à 18h02, mis à jour le 03/01/2018 à 18h02