Afrique du Sud: l'opposition exige "la fin de l'impasse"

Jacob Zuma, président de l'Afrique du Sud.

Jacob Zuma, président de l'Afrique du Sud. . DR

Le 08/02/2018 à 14h47, mis à jour le 08/02/2018 à 15h27

L'opposition sud-africaine a accentué jeudi la pression sur le président Jacob Zuma en demandant d'avancer à mardi le vote d'une motion de défiance pour sortir "au plus vite de l'impasse" créée par son refus de démissionner, malgré les injonctions de son parti.

Le président et son très probable successeur Cyril Ramaphosa, le nouveau patron du Congrès national africain (ANC) au pouvoir, ont engagé officiellement mardi des pourparlers "fructueux" en vue de négocier "la transition".

"Le moment venu, on vous dira comment se passent les discussions", a déclaré jeudi le secrétaire général de l'ANC, Ace Magashule.

Mais pour l'opposition, "l'Afrique du Sud ne peut pas continuer à rester dans l'incertitude" pendant que les deux hommes clé de la crise "continuent à se battre sur les termes du départ de Zuma".

"Nous avons besoin de sortir au plus vite de cette impasse", a estimé jeudi le principal parti d'opposition, l'Alliance démocratique (DA), demandant au parlement d'avancer du 22 février au mardi 13 février une motion de défiance.

La balle est désormais dans le camp de la présidente de l'assemblée, Baleka Mbete, qui peut décider ou non d’accepter la requête.

Le chef de l'Etat, discrédité par des scandales à répétition, a déjà survécu à huit motions de défiance depuis son arrivée au pouvoir en 2009. Mais il est désormais lâché par la toute nouvelle direction de son parti, laissant planer la possibilité que cette motion puisse être adoptée.

Dimanche, le "Top Six" - composé des six plus hauts responsables de l'ANC - a fait le déplacement chez Jacob Zuma à Pretoria pour le prier de partir. Ils ont essuyé une fin de non-recevoir.

"Nous avons dit au président Zuma (...) que nous voulions que Ramaphosa prenne non seulement les rênes de l'ANC mais aussi des affaires de l'Etat", a raconté le trésorier général du parti, Paul Mashatile.

"En gros, le président Zuma nous a dit: +Je n'irai nulle part+", a-t-il expliqué lors d'une intervention privée dont l'enregistrement a été obtenu par le site d'informations Times LIVE .

- Dilemme -

Les tractations se jouent désormais directement entre MM. Zuma et Ramaphosa.

Le chef de l'Etat, menacé de poursuites judiciaires dans plusieurs affaires de corruption, "cherche à obtenir une immunité pour lui et plusieurs membres de sa famille", a expliqué Robert Besseling, analyste pour le groupe EXX Africa.

Mais les voix s'élèvent déjà contre un tel accord éventuel. M. Zuma "n'est pas au-dessus des lois", a estimé le chef de la DA, Mmusi Maimane.

"Il terminera en prison, là où il devrait être depuis des années", a-t-il prédit, "Cyril Ramaphosa ne peut pas dénoncer la corruption et conclure un accord d'amnistie pour les corrompus à l'ANC".

Fin janvier, le chef de l'ANC avait affirmé sur la BBC que le président Zuma ne bénéficierait d'"aucun passe-droit".

Compte tenu de la séparation des pouvoirs, M. Ramaphosa "ne peut pas donner des ordres à la justice", note Amanda Gouws, professeur de sciences politiques à l'université de Stellenbosch. Et "tant que Jacob Zuma sait qu'il sera poursuivi, il ne démissionnera pas. Donc on se retrouve dans une impasse".

Le président "n'a aucune intégrité et aucune honte, je ne vois pas ce qui pourra le convaincre de démissionner", dit-elle à l'AFP.

"L'impasse Zuma", résumait jeudi le quotidien The Star. "Dans l'attente", titrait The Citizen.

En pleines négociations, le chef de l'ANC a annulé jeudi plusieurs engagements prévus dans les deux prochains jours.

Il est en revanche toujours attendu dimanche au Cap pour un meeting organisé à l'occasion du centième anniversaire de la naissance de Nelson Mandela, icône du parti.

M. Ramaphosa "semble être tombé dans le piège de négociations confidentielles avec un président dont le peuple sud-africain ne veut plus", a dénoncé le groupe Sauvons l'Afrique du Sud, qui rassemble des figures historiques de l'ANC, des responsables religieux et des dizaines de dirigeants d'entreprise.

"La nation est réduite au rôle de spectateur quand il s'agit de déterminer le sort d'un président élu en notre nom par le parlement démocratique", a-t-il ajouté, dénonçant "un abus évident de pouvoir".

Par Le360 Afrique (avec AFP)
Le 08/02/2018 à 14h47, mis à jour le 08/02/2018 à 15h27