Une nouvelle sortie tonitruante de Donald Trump, revendiquant le mérite du prix Nobel de la Paix 2019, qui a été attribué au Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed, n'a pas laissé ce dernier de marbre. Le président américain a en effet récemment, et très clairement, indiqué qu’il avait autant de mérite que le dirigeant éthiopien dans la course au Nobel de la Paix.
«Je vais vous parler du prix Nobel de la Paix. J’ai fait un accord, j’ai sauvé un pays et j’ai entendu que le chef de ce pays reçoit maintenant le prix Nobel de al Paix pour avoir sauvé ce pays», a déclaré Donald Trump lors d’un meeting électoral dans l’Ohio, avant d’ajouter, «je me suis dit: quoi, est-ce que j’ai quelque chose à voir avec ça? Oui, bien sûr. Mais vous savez, c’est comme ça. (…). J’ai évité une grande guerre, j’en ai évité plein».
Le président américain faisait allusion, dans ce discours, à l'obtenion du prix Nobel de la Paix par Abiy Ahmed après que le Premier ministre éthiopien ait signé un accord mettant fin à l’«état de guerre» entre l’Ethiopie et son frère ennemi l’Erythrée, mettant ainsi un terme définitif à plusieurs décennies de guerre entre les deux pays.
Lire aussi : Prix Nobel de la paix: qui est Abiy Ahmed, l'homme pressé de changer l'Ethiopie?
Mais la sortie de Donald Trump, qui a souligné avoir «sauvé un pays» méritait une réponse claire des autorités éthiopiennes. Finalement, celle-ci est arrivée d’Abiy Ahmed lui même.
En visite en Afrique du Sud, où il a demandé au président sud-africain Cyril Ramaphosa d’intervenir en tant que facilitateur dans le différend qui oppose son pays à l’Egypte, le Premier ministre éthiopien a déclaré qu’il n’avait «aucune idée des critères, de la manière dont le Comité Nobel sélectionne un individu pour le prix».
Si les pays du Golfe et les Etats-Unis ont certes contribué à rétablir la paix, le rôle d’Abiy Ahmed a été jugé déterminant dans ce processus. C’est cette volonté d’apaiser la situation en Ethiopie, ainsi que dans la corne de l’Afrique, qui a été récompensée par le Comité Nobel.
En Ethiopie, certains semblent croire que le président américain voulait en fait parler de l’action que son pays compte jouer dans le différend qui oppose l’Ethiopie à l’Egypte, à propos du Grand barrage de la Renaissance éthiopienne, construit sur le Nil Bleu, et à cause duquel les Egyptiens craignent une baisse du débit du Nil, qui assure 97% de l'approvisionnement en eau de l’Egypte.
Après plusieurs mois de tensions entre les deux pays, les Etats-Unis avaient appelé les deux parties à une rencontre à Washington pour aplanir la situation.
Lire aussi : Nigeria: le prix Nobel Wole Soyinka au centre d'une polémique à cause de Trump
Toutefois, le Premier ministre éthiopien ne s'est pas arrêté là: toujours lors de cette visite en Afrique du Sud, Abiy Ahmed a expliqué que si Donald Trump voulait se plaindre, qu’il s’adresse au Comité Nobel à Oslo.
«Je ne travaille pas pour le prix, je travaille pour la paix, une chose très importante pour notre région», a indiqué Abiy Ahmed, en réponse à une question posée à Pretoria par un journaliste sud-africain.
Et sur ce terrain précis, Donald Trump aura bien du mal à concurrencer le Premier ministre éthiopien, le président américain s'étant lancé dans des actes belliqueux, aussi bien envers ses voisins, qu’au Moyen-Orient, où il vient de faire monter la tension après avoir ordonné l’assassinat en Irak d’un haut général iranien, Qassem Soleimani.