Le renvoi de Lemma Megersa dans le cadre d'un remaniement gouvernemental plus large, annoncé sur Twitter, est une nouvelle preuve des dissensions opposant M. Abiy à plusieurs hauts dirigeants oromo sur la manière de mener la transition démocratique.
Abiy, prix Nobel de la Paix 2019, est devenu le premier chef de gouvernement oromo de l'histoire moderne en accédant au pouvoir en avril 2018, après deux ans et demi de manifestations antigouvernementales initiées par son groupe ethnique.
Il a été chargé de conduire l’Éthiopie vers des élections réellement démocratiques. Ce scrutin devait initialement avoir lieu fin août, mais a été reporté sine die en raison de la situation sanitaire liée à l'épidémie de nouveau coronavirus.
De nombreux Oromo reprochent à Abiy de ne pas avoir répondu aux aspirations de leur communauté, qui s'est longtemps estimée marginalisée politiquement et économiquement.
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Dans une interview en novembre avec le service en langue oromo de Voice of America, Lemma avait en particulier dénoncé la décision de Abiy de fusionner en un seul parti la coalition de quatre partis régionaux, établis sur des bases ethniques, qui avait dirigé l’Éthiopie pendant trois décennies.
Lemma, ancien patron de l'actuel chef du gouvernement quand il dirigeait la région Oromia, a également rejeté sa philosophie de "Medemer" (synergie en amharique, la langue nationale) destinée à unifier le pays.
Les analystes estimaient depuis plusieurs mois qu'il avait été mis à l'écart et sa position de ministre de la Défense semblait intenable. Il est remplacé par Kenea Yadeta, un ancien responsable sécuritaire de la région Oromia.
Dans le cadre de ce remaniement, Abiy a aussi remplacé son Attorney general (conseiller juridique du gouvernement) et nommé le maire de la capitale Addis Abeba, Takele Uma, au poste de ministre des Mines et de l’Énergie.
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Lemma n'est pas le premier dirigeant oromo influent à rompre publiquement avec le Premier ministre.
Jawar Mohammed, un magnat des médias qui avait contribué à organiser les manifestations antigouvernementales ayant mené Abiy au pouvoir, est devenu l'un de ses plus féroces détracteurs et a rejoint l'an passé le Congrès fédéraliste oromo (OFC), un parti d'opposition.
Jawar a été arrêté en juillet. Il est accusé d'avoir attisé les violences qui ont éclaté après le meurtre en juin d'Hachalu Hundessa, un populaire chanteur oromo.
La mort d'Hachalu a déclenché des violences intercommunautaires dans lesquelles entre 179 et 239 personnes ont trouvé la mort, mettant en évidence les tensions ethniques qui parcourent l'Oromia, une région qui enserre Addis Abeba.
