Issu de la tribu Bergid, ce fermier a été attaqué en janvier par des nomades arabes à cheval et à dos de chameau dans son village, situé à 90 kilomètres au nord-est de Nyala, capitale du Darfour-Sud.
"Les cavaliers arabes m'ont fouetté et m'ont forcé à rester debout sous le soleil brûlant jusqu'au crépuscule", confie l'octogénaire à l'AFP. "Puis ils ont autorisé leur bétail à brouter mes récoltes. Tout a été détruit."
M. Abdallah fait partie des quelque 700 personnes qui ont décidé de se réinstaller à Hamada ces dernières années, après avoir fui le conflit meurtrier au Darfour (ouest), débuté en 2003.
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La récente attaque qu'il a subie n'est pas sans rappeler les pires heures du conflit qui a opposé les forces à majorité arabe du régime de l'ex-président Omar el-Béchir, destitué en avril 2019, à des minorités ethniques de la région s'estimant marginalisées.
Les violences ont fait environ 300.000 morts, surtout dans les premières années du conflit, et plus de 2,5 millions de déplacés, selon l'ONU.
En 2005, Hamada avait été attaqué par la milice armée des Janjawids, composée de nomades arabes à la solde de Béchir et accusés d'avoir commis des atrocités.
Ils avaient alors incendié des fermes, abattu des bêtes et engendré l'exode des 3.000 habitants du village qui se sont réfugiés - à l'instar du vieillard - dans des camps de déplacés au Soudan.
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Constatant un apaisement du conflit, M. Abdallah a décidé en 2016 de se réinstaller dans son village, où la mission de paix de l'ONU et de l'Union Africaine (Minuad) menait alors des patrouilles régulières.
De retour sur ses terres fertiles, le paysan a repris la culture des oranges, des mangues et de légumes.
Des échauffourées ont parfois éclaté avec des éleveurs arabes sur l'accès à la terre ou des vols de bétail.