Au lycée Barthélemy Boganda au petit matin, les électeurs étaient peu nombreux à l'ouverture des bureaux de vote, rapporte un journaliste de l'AFP dans la capitale de ce vaste Etat d'Afrique centrale, le deuxième pays le moins développé du monde selon l'ONU.
"Contrairement au 27 décembre, il n'y a pas un véritable engouement. Quand les gens votent une première fois ils ne voient plus l'utilité de voter une seconde fois", se désole Godefroy Mokoamanede, directeur d'un bureau d'études en sortant du bureau de vote.
Le 27 décembre, les premiers tours des élections présidentielle et législatives avaient été considérablement perturbés par l'annonce, une semaine plus tôt, de l'offensive sur Bangui d'une coalition des plus importants groupes armés qui occupaient depuis plusieurs années plus des deux tiers du territoire et avaient juré d'empêcher la réélection du président Faustin Archange Touadéra.
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Ce dernier a été réélu mais avec 53,1% des voix de moins d'un tiers des inscrits, une grande majorité des bureaux de vote en dehors de Bangui n'ayant pu ouvrir ou bien dont les opérations ont été invalidées par la Cour constitutionnelle. La légalité de la présidentielle comme la légitimité de la réélection de Touadéra sont, depuis, fortement contestées par l'opposition.
L'enjeu dimanche est faible, le pouvoir de Touadéra devrait sans difficultés conserver sa majorité à l'Assemblée nationale, mais le scrutin pourrait être à nouveau perturbé par des violences dans les campagnes où les rebelles se sont repliés et menacent toujours.
Ce scrutin perturbé, ainsi que l'offensive rebelle ont paradoxalement permis au régime Touadéra de se renforcer depuis fin décembre, en reprenant du terrain aux groupes armés qui faisaient la loi dans plus des deux tiers du pays depuis le début de la guerre civile en 2013 après un coup d'Etat.
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Celle-ci perdure malgré la présence de 12.500 Casques bleus de l'ONU, mais elle est de bien plus faible intensité.
Depuis le début de leur offensive mi-décembre, les rebelles ont été repoussés uniquement grâce à l'engagement dans les combats de centaines de paramilitaires russes et de soldats rwandais, envoyés par Moscou et Kigali à la rescousse de Touadéra et d'une armée centrafricaine peu formée et mal équipée. Personne ne peut dire combien de temps ils resteront dans le pays.
Le Conseil de sécurité de l'ONU a toutefois approuvé vendredi une résolution prévoyant d'augmenter progressivement de près de 3.000 Casques bleus les effectifs de la Minusca, sa force de paix en Centrafrique.