Des ONG et le Programme alimentaire mondial (PAM) ont fait état de la destruction de deux ponts cruciaux pour l'acheminement d'aide au Tigré, mettant en garde contre les risques posés à la population qui vit dans certaines zones dans des conditions de famine.
"L'insinuation selon laquelle nous prévoyons d'asphyxier le peuple tigréen en refusant l'accès humanitaire et en utilisant la faim comme une arme de guerre est inadmissible", a déclaré le vice-Premier ministre Demeke Mekonnen à des diplomates réunis dans un hôtel de la capitale Addis Abeba.
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Les autorités "utilisent chaque once de (leurs) forces pour sortir" les civils tigréens "de la situation désastreuse dans laquelle ils se trouvent", a-t-il ajouté.
Le Premier ministre Abiy Ahmed, prix Nobel de la paix 2019, a envoyé des troupes au Tigré en novembre pour renverser les autorités locales dissidentes, issues du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF). Cette opération de "maintien de l'ordre" avait été décidée en réponse à des attaques de forces pro-TPLF contre des bases de l'armée fédérale, avait affirmé M. Abiy.
Malgré la victoire proclamée après la chute de Mekele le 28 novembre, les combats n'ont jamais cessé entre les forces pro-TPLF et l'armée fédérale éthiopienne, épaulée par des troupes des autorités régionales voisines de l'Amhara et l'armée de l'Erythrée, pays frontalier du Tigré.
La guerre a plongé la région dans une situation humanitaire dramatique. Les États-Unis estiment que 900.000 civils sont "probablement déjà en situation de famine".
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Selon le PAM, 5,2 millions de personnes, soit 91% de la population du Tigré, ont besoin d'une aide alimentaire d'urgence. L'agence onusienne a indiqué vendredi avoir repris ses opérations d'aide après une pause de deux jours, espérant atteindre 30.000 personnes "d'ici le week-end".
Mais elle a déploré que deux ponts majeurs menant au Tigré aient été détruits, affirmant que "des vies seront perdues si les routes d'approvisionnement vers le Tigré ne s'ouvrent pas complètement et si les parties prenantes au conflit continuent de perturber ou de mettre en danger la libre circulation" de l'aide humanitaire.
Selon l'ONU, le pont aurait été "apparemment" détruit par les forces de sécurité amhara, mais le gouvernement fédéral a accusé vendredi les forces tigréennes.