Dans l'est, les provinces de l'Ituri et du Nord-Kivu sont placées depuis mai sous état de siège, avec les autorités civiles remplacées par des officiers de l'armée et de la police.
Malgré cette mesure exceptionnelle, l'armée n'a pu empêcher le massacre de près de 1.200 civils pendant cette période, selon un bilan du Baromètre sécuritaire du Kivu (KST en anglais), qui dispose d'experts dans les zones de ces violences.
"Le président Tshisekedi a déjà levé l'option d'autoriser aux troupes ougandaises l'entrée sur le territoire congolais pour traquer les terroristes ADF, ensemble avec l'armée et les Casques bleus", a déclaré à l'AFP un conseiller de la présidence congolaise qui a requis l'anonymat.
"Mais les troupes ougandaises ne vont pas traverser la frontière dès ce soir ou demain. Il faut que toutes les procédures soient respectées notamment au niveau du Parlement et du commandement des Forces armées de la RDC", a-t-il expliqué.
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"Nous avions été informés par nos canaux habituels que le président Tshisekedi a autorisé" les troupes ougandaises à combattre les ADF côté congolais, a confirmé à l'AFP une source diplomatique européenne.
Les forces ougandaises se préparent déjà à se déployer dans l'est de la RDC, dans le cadre d'une mission prochaine pour combattre les ADF, ont indiqué dimanche deux sources diplomatiques à un correspondant de l'AFP à Kampala.
Selon une source gouvernementale congolaise, "des officiers congolais et ougandais travaillent déjà chaque jour" ensemble dans le cadre d'"échanges de renseignements".
Le chef de l'Etat "nous avait promis d'autoriser formellement ces opérations de traque des ADF par l'UPDF (Uganda People's Defence Force) sur le sol congolais", a réagi auprès de l'AFP Antipas Mbusa Nyamuisi, porte-parole d'une délégation de la communauté Nande, majoritaire dans la région de Beni où le groupe rebelle est particulièrement actif.
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"Nous sommes heureux parce que le président Félix Tshisekedi a tenu parole, en écoutant le point de vue de plus de 80% de la population de Beni et ses environs, victime directe d'exactions et de massacres des ADF", a-t-il ajouté, estimant que l'intervention ougandaise est une "solution provisoire" en attendant la réorganisation de l'armée congolaise.
- "Aveu d'échec" -
Toutefois, cette autorisation de traverser la frontière n'est pas vue d'un bon oeil par tous les Congolais, certains pointant du doigt le rôle joué par les voisins ougandais et rwandais dans la déstabilisation de l'est de la RDC depuis près de 30 ans.
"Si les troupes ougandaises entrent en RDC, le Rwanda enverra aussi les siennes sur notre territoire. Et ma crainte est de revoir les deux pays se régler encore des comptes chez nous", réagit Augustin Kambale, un habitant de Beni.
"Inviter l'armée d'un pays (Ouganda) qui a déjà fait la guerre en RDC pour s'approprier les minerais du pays, est une erreur et un aveu de l'échec de l'état de siège", regrette Jean-Claude Katende, président de l'Association africaine des droits de l'homme (Asadho).
En 2000, les armées régulières rwandaise et ougandaise s'étaient affrontées à l'arme lourde à Kisangani, importante ville minière du nord-est de la RDC, faisant plusieurs dizaines de morts et des centaines des blessés.
L'Ouganda et le Rwanda sont régulièrement accusés dans des rapports des Nations-unies et d'ONG de soutenir des groupes armés opérant dans l'est congolais. Plus récemment, les deux pays accusent aussi les rebelles ADF d'être actifs sur leurs territoires respectifs.
L'Ouganda a désigné les ADF comme responsables d'un double attentat suicide ayant fait trois morts et 33 blessés à Kampala en novembre, trois semaines après deux attaques à la bombe dans la capitale, elles aussi attribuées aux rebelles. Début octobre, le Rwanda a par ailleurs affirmé avoir arrêté 13 ADF qui préparaient des attentats dans le pays.
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A l'origine, les ADF étaient une coalition de groupes armés ougandais, dont le plus important était composé de musulmans opposés au régime du président Yoweri Museveni. Ils sont installés depuis 1995 dans l'est congolais, où ils ont fait souche.
Depuis avril 2019, certaines de leurs attaques sont revendiquées par l'organisation État islamique qui désigne le groupe comme sa "Province d'Afrique centrale". En mars dernier, les États-Unis ont placé les ADF parmi les "groupes terroristes" affiliés aux jihadistes de l'EI.