Les dirigeants d'Afrique de l'Est s'accordent sur une force régionale pour la RDC

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Le 21/06/2022 à 09h36

Les dirigeants d'Afrique de l'Est se sont accordés lundi sur la mise en place d'une force régionale pour tenter de mettre fin au conflit dans l'Est de la République démocratique du Congo (RDC) et ont appelé à un cessez-le-feu immédiat.

Cette annonce a été faite par la présidence kényane à l'issue d'une réunion lundi à Nairobi des sept membres de la Communauté d'Afrique de l'Est (EAC) consacrée à la situation sécuritaire dans cette région très troublée.

«Les chefs d'Etat ont indiqué que la force régionale devrait, en coopération avec l'armée et les forces administratives de RDC, chercher à stabiliser et assurer la paix en RDC», a-t-elle indiqué dans un communiqué.

Les chefs d'Etat ont demandé qu'un cessez-le-feu immédiat soit appliqué et que la cessation des hostilités débute immédiatement», a poursuivi la présidence kényane.

La RDC, riche en minerais, est en proie à des dizaines de groupes armés dans l'Est, dont la plupart sont un héritage de deux guerres régionales il y a un quart de siècle.

Un regain de tension dans l'Est ces dernières semaines a ravivé l'animosité entre la RDC et le Rwanda, alimentée par la résurgence de la rébellion du Mouvement du 23 mars (M23), accusée d'avoir tué en janvier au moins 26 militaires congolais dans une attaque.

Kinshasa accuse Kigali de soutenir cette rébellion à prédominance tutsi, ce que Kigali dément. Le M23 avait été vaincu en 2013 mais a repris les armes fin 2021, en reprochant aux autorités congolaises de ne pas avoir respecté un accord pour la démobilisation et la réinsertion de ses combattants.

Les affrontements entre le M23 et l'armée congolaise ont entraîné la fuite de milliers d'habitants vers l'Ouganda voisin.

Le communiqué kényan n'a pas précisé si le Rwanda allait jouer un rôle dans la force régionale alors que Kinshasa a déjà dit ne pas accepter sa présence.

«Placée sous commandement militaire du Kenya, cette force devrait être opérationnelle dans les prochaines semaines et ne devrait pas comprendre en son sein d'éléments de l'armée rwandaise», a de son côté affirmé la présidence de la RDC sur Twitter.

«Travailler ensemble»

Les relations entre la RDC et le Rwanda sont tendues depuis l'arrivée massive il y a près de 30 ans dans l'est de la RDC de Hutu rwandais accusés d'avoir massacré des Tutsi lors du génocide de 1994.

Le président congolais Felix Tshisekedi et le président rwandais Paul Kagame assistaient à la réunion lundi, aux côtés du président kényan Uhuru Kenyatta, ainsi que des dirigeants du Burundi, du Soudan du sud, de l'Ouganda et l'ambassadeur de Tanzanie à Nairobi.

Le président de la Commission de l'Union africaine, Moussa Faki Mahamat, a salué l'issue de la réunion à Nairobi dans un communiqué posté sur Twitter. «J'appelle à l'application immédiate de leurs décisions afin de restaurer la paix dans l'Est de la RDC», a-t-il ajouté.

«Les problèmes affectant la région comme la crise au Congo nécessitent une approche collective de la part de tous les membres régionaux de la Communauté d'Afrique de l'Est», a écrit sur Twitter le président ougandais Yoweri Museveni pendant la réunion.

«Nous devons insister pour travailler ensemble parce que ces gens ont beaucoup souffert», a-t-il ajouté.

Le gouvernement de Museveni a envoyé des troupes pour aider les forces congolaises à combattre les rebelles du groupe Forces démocratiques alliées (ADF), accusé d'être responsable de massacres de milliers de civils dans l'Est congolais et d'avoir commis des attentats en Ouganda.

Ce groupe, d'origine ougandaise, a été placé en mars dernier par les Etats-Unis parmi les «groupes terroristes» affiliés aux jihadistes de l’Etat islamique.

Après la prise d'un poste frontalier entre la RDC et l'Ouganda, Bunagana, par le M23 la semaine dernière, le président kenyan avait appelé au déploiement d'une force régionale dans l'Est de la RDC.

Le M23 a annoncé lundi la réouverture de ce poste frontalier dont ils s'étaient emparés le 13 juin.

Fondée en 2000, la Communauté d'Afrique de l'est a notamment pour but de faciliter le commerce transfrontalier en supprimant les droits de douane entre ses États membres. Elle a établi un marché commun en 2010.

Par Mohamed Koné
Le 21/06/2022 à 09h36