Une vague de critiques a envahi les réseaux sociaux somalien suite à la nomination ce mardi de Mukhtar Robow en tant que ministre des Affaires religieuses de la Somalie par le Premier ministre Hamza Abdi Barre. Robow fait en effet partie des fondateurs du groupe jihadiste Al Shabaab (Shebab), affilié à Al Qaïda et qui a causé la mort de dizaines de milliers de personnes dans des attentats visant à renverser le gouvernement central de la Somalie et imposer la charia.
Alors qu'il était porte-parole des Shebab, la tête du nouveau ministre somalien des Affaires religieuses avait été mise à prix par les Etats-Unis pour 5 millions de dollars. Puis, ils s’est séparé du groupe jihadiste en 2013 et a rejoint le camp du gouvernement 4 ans plus tard, obtenant le retrait du mandat d’arrêt américain. Mais en décembre 2018, il a été arrêté pour avoir fait campagne pour la présidence de sa région natale de Bakool, dans le sud-ouest du pays.
La nomination de Robow, qui était jusque-là assigné à résidence, passe mal en Somalie. De nombreuses voix, notamment en ligne, s'indignent que la Somalie soit tombée entre les mains d'Al Shabaab. D'autres sont, au contraire, dans la relativisation, se demandent pourquoi la nomination d'un ancien chef du groupe jihadiste fait autant jaser alors qu'il ne s'agit pas de la première nomination de ce genre.
Toutefois, la nomination de Robow pourrait aider à renforcer l’influence du gouvernement dans la région de Bakool, dont une bonne partie est sous le contrôle des insurgés mais où Robow jouit d’un soutien non négligeable. Selon certains observateurs, son entrée au gouvernement pourrait également inspirer d’autres hauts responsables d’Al Shabaab. En se rendant aux autorités, ceux-ci pourraient rêver d’un poste de responsabilité au sein du gouvernement. Ce qui a déjà été le cas par le passé.
Mais l’inverse est aussi possible: la nomination de Robow pourrait envenimer les relations avec le président de la région de Bakool qui le voit comme un rival politique…