Référendum le 6 février pour créer un 12e Etat régional dans le sud de l'Ethiopie

Le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed.

Le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed.. DR

Le 12/10/2022 à 16h15, mis à jour le 12/10/2022 à 16h15

L'Ethiopie organisera le 6 février 2023 un référendum dans plusieurs zones du sud du pays pour qu'elles forment ensemble un 12e Etat régional, a annoncé mercredi la Commission électorale nationale (Nebe).

Le scrutin, approuvé en août par la Chambre de la Fédération, chambre haute du Parlement éthiopien, se déroulera dans six zones administratives et cinq woreda (districts) spéciaux (autonomes), appartenant actuellement à l'Etat régional des Nations, Nationalités et Peuples du Sud (SNNPR).

Est notamment concernée la zone administrative de Wolayta, peuplée de l'ethnie du même nom, laquelle réclame depuis plusieurs années d'avoir sa propre région. Les résultats seront publiés le 15 février 2023, selon la Nebe.

Depuis l'arrivée au pouvoir en 2018 de l'actuel Premier ministre Abiy Ahmed, deux nouveaux Etats régionaux ont vu le jour: la régions Sidama en 2019 et celle du Sud-Ouest en 2021, qui se sont toutes deux séparées de la SNNPR, mosaïque d'ethnies minoritaires et théâtre de tensions et violences ces dernières années.

L'actuelle Constitution adoptée en 1995, quatre ans après la chute du régime militaro-marxiste du Derg, avait initialement divisé l'Ethiopie en neuf Etats régionaux, découpés selon des critères ethno-linguistiques et dotés de larges pouvoirs au sein d'un système fédéral.

Ce "fédéralisme ethnique", censé offrir un degré d'autonomie aux quelque 80 communautés ethniques qui constituent l'Ethiopie, deuxième pays le plus peuplé d'Afrique avec 120 millions d'habitants, a été accusé par ces détracteurs d'exacerber les sentiments d'appartenance et d'"ethniciser" d'anciens différends fonciers.

La Constitution permet à tout groupe de réclamer un référendum pour former une nouvelle région, mais durant les 27 ans de règne d'une coalition dominée d'une main de fer par le Front de libération du Peuple du Tigré (TPLF), parti de l'élite tigréenne, le pouvoir fédéral a refréné toute velléité, parfois violemment.

Les nombreuses réformes entreprises par Abiy à son arrivée au pouvoir, après plus de deux ans de contestation populaire dénonçant la mainmise de la minorité tigréenne sur le pouvoir, a libéré les revendications territoriales et identitaires.

L'Ethiopie est ces dernières années agitée de nombreuses tensions communautaires, parfois meurtrières, notamment liées à des différends fonciers issus du découpage administratif.

Un conflit armé meurtrier d'ampleur oppose en outre depuis novembre 2020 le pouvoir fédéral aux dirigeants de la région du Tigré, issus du TPLF.

Par Le360 Afrique (avec AFP)
Le 12/10/2022 à 16h15, mis à jour le 12/10/2022 à 16h15