Dans un message posté samedi soir sur leur site web, les NDA disent vouloir "discuter autour d'une table avec le gouvernement du Nigeria, des représentants des pays d'où sont issues les multinationales pétrolières et des membres de la communauté internationale neutres".
Des rumeurs de négociations entre Abuja, les multinationales et les NDA avaient émergé il y a plusieurs semaines. Le gouvernement du président Muhammadu Buhari a invité les rebelles à dialoguer à plusieurs reprises, mais le groupe n'avait jamais reconnu officiellement être en pourparlers, déclenchant une opération militaire renforcée dans le delta le mois dernier.
Les NDA s'engagent dans leur nouveau message "à observer une cessation des hostilités dans le delta du Niger contre tous les intérêts des multinationales pétrolières". Mais ils posent des conditions.
En contrepartie, disent-ils, le "parti au pouvoir" doit arrêter "les intimidations, invasions et les agressions contre les citoyens innocents, (...) notamment de la communauté Ijaw", qui représente la majorité des habitants des Etats du Delta, de Bayelsa et de Rivers.
Aucune réaction des autorités nigérianes n'a pu être obtenue dans l'immédiat.
A son arrivée au pouvoir l'an dernier, le président Buhari avait déclaré vouloir mettre progressivement fin au programme d'amnistie dont bénéficiaient des anciens membres de groupes armés du Delta (notamment du Mouvement pour l'émancipation du delta du Niger, MEND), héritage de négociations avec le gouvernement précédent du président Goodluck Jonathan.
Depuis 2009, des sommes importantes sont versées aux 30.000 ex-combattants et des contrats de formation sont attribués à ceux qui se sont engagés à déposer les armes.
L'annonce d'une fin du programme d'ici 2018 a coïncidé avec la résurgence des attaques et l'apparition des NDA.
Les Vengeurs du Delta ont revendiqué la plupart des sabotages sophistiqués perpétrés contre la compagnie pétrolière nationale NNPC, ainsi que contre des installations de sociétés étrangères comme Shell, Chevron et Eni depuis le début de l'année.
Les rebelles assurent ne vouloir faire aucune victime humaine mais mettent en avant des revendications indépendantistes soutenues par les mouvements pour l'autonomie du Biafra, la région du delta, d'où le Nigeria tire la quasi-exclusivité de son pétrole et qui fut le théâtre d'une féroce guerre civile pour l'indépendance entre 1967 et 1970.
Myriades de groupes
Le MEND, mouvement historique des troubles dans la région qui est officiellement en pourparlers avec le gouvernement, s'est à nouveau distancié des NDA dimanche dans un communiqué, où les anciens rebelles appellent Abuja à "ignorer" l'invitation au dialogue du groupe adverse. "Le MEND réitère son soutien total à la présence militaire nationale dans la région du Delta", écrit leur porte-parole Jomo Gbomo, accusant les NDA d'être soutenus par l'ex-président Jonathan pour déstabiliser le pays.
Les groupes armés, tous issus de l'ancien MEND, apparaissent plus que divisés aujourd'hui, alors que le gouvernement est revenu sur ses déclarations et a annoncé fin juillet qu'il continuerait finalement à verser les compensations promises dans le cadre de l'amnistie.
Vendredi, un nouveau groupe apparu début août, le Niger Delta Greenland Justice Mandate (NDGJM, Les Militants pour la justice sur les terres vertes du Delta) avait revendiqué la destruction d'un oléoduc de la compagnie nigériane NPDC. Il s'agit de leur deuxième revendication d'un sabotage d'installation pétrolière en une semaine.
Le ministre nigérian du Pétrole, Emmanuel Ibe Kachikwu, a tiré la sonnette d'alarme cette semaine, déclarant que 1.600 oléoducs ont été "vandalisés" depuis le mois de janvier.
La production de pétrole, qui compte pour 70% des recettes de l'Etat, a diminué de 21,5% par rapport au mois de janvier, selon les chiffres de l'Opep, entrainant le Nigeria dans une grave crise financière et énergétique.
A la suite des sabotages et de la chute des cours du brut, le pays a perdu sa place de première économie et de premier exportateur de pétrole d'Afrique.