Patricia Basaza Wasswa, juge de la Haute Cour de Kampala, a estimé que les 63 écoles primaires de Bridge International Academies (BIA) ne disposaient pas d'autorisations valables. Elle a également jugé que les enseignants de ces écoles n'étaient pas compétents, et que les salles de cours étaient insalubres.
Des inspecteurs mandatés par le gouvernement ougandais avaient dénoncé des locaux non conformes et insalubres. Ce jugement est un coup dur pour la société privée américaine Bridge International, qui dit accueillir 12.000 élèves ougandais. Ce réseau s'est considérablement développé depuis son lancement en 2008, en proposant un enseignement à moindre coût et axé sur la technologie dans des pays en développement en Afrique et en Asie.
Selon le principe de ces écoles low cost, les cours magistraux sont dispensés sur une tablette numérique à des classes de plusieurs dizaines d'élèves, avec beaucoup d'apprentissage par coeur. La tablette contrôle également l'absentéisme et les résultats des élèves. De son côté, l'enseignant a pour mission d'aider à l'acquisition des savoirs, pas de les dispenser.
Le milliardaire et philanthrope Bill Gates et Mark Zuckerberg figurent parmi les principaux bailleurs du réseau BIA, qui est notamment présent au Liberia, au Kenya et au Nigeria. BIA a fait savoir vendredi qu'il ferait appel de la décision de la Haute Cour. "Nous sommes extrêmement déçus pour nos élèves et nous sommes en désaccord avec cette décision de justice", a réagi le représentant local de BIA, Godwin Matsiko.
James Black, père de famille ougandais qui a confié à BIA l'éducation de ses six enfants, a protesté contre cette ordre de fermeture, se disant satisfait des 28 dollars seulement à débourser par semestre en frais de scolarité, soit un tiers de ce qu'il devait payer auparavant, et jugeant que la cuisine et les sanitaires des établissements étaient "propres".
"Les écoles Bridge sont en train de proliférer; or, de nombreux responsables du ministère (de l'Education) dirigent aussi des écoles privées, et je pense qu'ils ont peur de perdre des élèves et de l'argent...", a-t-il relevé. Au Liberia, ce réseau a suscité la controverse quand le gouvernement a lancé en septembre un partenariat public-privé dans 120 écoles primaires, avec notamment une dizaine d'entreprises spécialisées dans l'éducation, dont BIA. Si ce projet pilote est concluant, il sera étendu à tout le primaire dans ce pays d'Afrique de l'ouest où le système éducatif est en faillite.
Le gouvernement a récusé le terme de "privatisation" mais les syndicats d'enseignants libériens se sont dits inquiets pour leurs emplois et leurs conditions de travail, dénonçant un pari risqué.