"MrWoodBerry" et "HushPuppi", ces deux noms qui sonnent comme ceux de personnes du showbiz ne disent peut-être pas grand-chose à ceux qui ne sont pas des habitués au réseau social Instagram. Mais, ces deux personnages ont des millions de followers et se présentaient comme de riches hommes d'affaires qui ont réussi.
Olalekan Jacob Ponle et Ramon Olorunwa Abbas, de leurs vrais noms, viennent d'être arrêtés par la police à Dubaï, sur l'émission d'un mandat international par la justice américaine. Ils ont été immédiatement extradés aux Etats-Unis cette semaine.
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Sur les photos et les vidéos publiées sur Instagram, ils exhibaient la réussite de leurs "affaires" en s'affichant avec des vêtements de marque, des véhicules de sports et de luxe en tous genres et en fréquentant les endroits les plus huppés de Dubaï.
Sauf que leurs affaires n'étaient pas celles qu'ils faisaient croire. MrWoodBerry et HushPuppy étaient simplement des cyber-arnaqueurs. Leurs arrestations respectives à permis de saisir une quantité impressionnante de coupures en dollars, mais également un arsenal informatique digne de la Silicon Valley.
Chez Ramon Olorunwa Abbas, alias HushPuppi, ou Hush pour les intimes, la police de Dubaï affirme avoir récupéré pas moins de 40 millions de dollars en espèces. Et côté électronique, un patrimoine à faire pâlir de jalousie Bill Gates: avec 21 ordinateurs, 7 disques durs et des smartphones en très grand nombre, 47 au total. Il y a aussi ces 13 voitures de luxe d'une valeur de 6,8 millions de dollars.
Mais la plus grande richesse de Puppi trouvée par la police dubaïote est peut-être immatérielle: une base de données de deux millions de victimes potentielles.
Ponle et Abbas ont passé leurs premières nuits dans les prisons américaines cette semaine, placés en détention immédiatement après leur arrivée par le tribunal de Chicago. Le procureur les poursuit pour "conspiration de fraude électronique" et de "blanchiment de centaines de millions de dollars obtenus par des cyber-crimes".
"Je pense qu'il y a probablement une certaine arrogance de leur part lorsqu'ils croient avoir fait attention à préserver l'anonymat de leur identité en ligne, mais ils vivent au jour le jour et deviennent négligents sur les médias sociaux", a déclaré Glen Donath, ancien procureur principal au bureau du procureur américain à Washington dans des propos que rapporte la chaîne anglaise BBC.
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Selon la loi américaine, une audience sera fixée pour qu'ils décident s'ils plaident ou non coupables, donc pour l'heure, ils sont présumés innocents. Néanmoins, ils ont été assez imprudents pour laisser derrière eux de nombreuses preuves de leur culpabilité. Il leur faudra justifier l'origine de leur richesse et sans oublier que les enquêteurs n'auront aucun mal à faire parler le matériel électronique et informatique trouvé en leur possession.
Selon les premiers éléments de l'enquête, les deux hommes se servaient de l'envoi d'e-mails à leurs victimes en usant de divers stratagèmes pour pousser leurs victimes à faire des virements sur leurs comptes bancaires personnels. Mais, la réalité de leur business est beaucoup plus complexe, puisqu'ils sont à la tête d'un réseau international qui se livre à des intrusions informatiques, à du phishing ou hameçonnage, mais aussi à la fraude amoureuse avec au bout de la chaîne un système rodé de blanchiment d'argent.