Earnmore Chikavaza est intarissable sur les qualités de ces insectes de la famille des scarabées, pas plus grands qu'une phalange. Cette friandise, associée à la saison des pluies et à Noël dans cette région d'Afrique australe, pululle dans les campagnes où la végétation est bien dense et vert tendre.
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"Riche en protéines, bons pour la santé. Mais c'est surtout le goût, c'est exquis!", sourit le jeune homme élancé et timide de 28 ans.
Dans ce coin perdu du Zimbabwe, une bonne centaine de km au sud-ouest de la capitale Harare, il pleut depuis trois semaines. Earnmore ne peut plus descendre dans la mine où il travaille, les tunnels sont impraticables.
Il profite de son temps libre, et de chaque trouée dans le ciel, pour se promener une petite bassine à la main et reprendre ses repérages. Parfois il grimpe dans l'arbre, se calant les jambes écartées sur deux branches, pour le secouer comme on agite un olivier pour faire tomber ses fruits mûrs.
"Cela ne coûte rien. Des bonbons gratuits. Il suffit d'aller dans le bush pendant l'été, tu les déloges ou tu les attrapes sur les arbres de mesassa" aux larges branches, nombreux dans la région.
Les larves de ces petites bêtes vivent dans le sol et se nourrissent des racines.
A la campagne, on mange toutes sortes d'insectes, de vers, sauterelles et autres fourmis blanches. Mais dans les villes zimbabwéennes, où les goûts se sont occidentalisés, leur simple évocation inspire le dégoût.
A Mhondolo, Winnie Chikaonda, une dame de 72 ans très chic dans sa robe vert anis et foulard assorti, aide le jeune mineur à cuisiner les bestioles. La recette est simple et éprouvée: d'abord les ébouillanter pour les attendrir, puis les poêler à feu vif pour un extérieur croustillant à souhait.
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Elle mange les hannetons depuis l'enfance et se désole de l'acculturation des nouvelles générations qui, peu téméraires, calent avant même d'avoir goûté à ce plaisir simple.
"J'ai toujours aimé ça. Petite fille, je partais en chercher dans le bush avec mes petits voisins", confie-t-elle à l'AFP. "On les conservait en les faisant sécher, ça dépannait quand on n'avait plus autre chose à grignoter pour le goûter".