"Les données actuelles de la sismicité et de la déformation du sol indiquent la présence de magma sous la zone urbaine de Goma, avec une extension sous le lac Kivu", a déclaré, dans une adresse à la population sur les médias locaux, le gouverneur militaire de la province du Nord-Kivu, le général Constant Ndima.
"On ne peut actuellement pas exclure une éruption à terre ou sous le lac (Kivu) qui pourrait advenir sous très peu voire sans aucun signe précurseur", a expliqué le général Ndima, citant les noms de dix quartiers de la ville.
"Des risques supplémentaires sont liés à l'interaction entre la lave et l'eau" du lac, a-t-il mis en garde, évoquant clairement le scénario catastrophe, bien connu et identifié pour le lac Kivu , d'un risque de destabilisation du gaz sous le lac ("éruption limnique", dans le jargon des spécialistes).
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"Ils sont de plusieurs natures", a-t-il énuméré: "interaction du magma avec l'eau du lac, déstabilisation du volume de gaz dissous sous le lac Kivu et émission de gaz en surface potentiellement dangereux".
"Emporter le minimum"
Dans un tel scénario, "les gaz dissous dans les eaux profondes du lac montent, surtout le CO2, et asxphyxient tous les êtres vivants autour du lac Kivu du côté congolais et rwandais", selon une note récente du laboratoire de volcanologie de Goma (OVG), pour qui "il y aurait des milliers de morts" dans les deux pays.
"La situation peut changer rapidement, elle est sous surveillance constante", et en "prévision de cette éventuelle catastrophe, l'évacuation est obligatoire et se fera vers Sake (localité à 20 km à l'ouest de Goma), a ajouté le gouverneur de la province du Nord-Kivu, dont Goma est la capitale.
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Elle devra se faire dans le calme et sans précipitation sous la coordination des humanitaires et avec les moyens de transport mis à disposition par les autorités provinciales dans chaque quartier", a détaillé le gouverneur.
"Les gens doivent emporter le seul minimum, pour donner la chance à tout le monde d'embarquer après avoir pris soin de fermer leurs maisons", a-t-il conclu.
Son annonce a été suivie du départ immédiat de dizaines de milliers de personnes vers le sud-ouest, en direction de la région congolaise du Masisi et de Sake, et la frontière rwandaise toute proche.
Des véhicules en tout genre, voitures remplies de familles, camionnetes et camions citerne patientaient devant la "grande barrière", cette frontière rwandaise qui jouxte le sud de la ville, a constaté un correspondant de l'AFP.
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Les rues dans la partie sud de Goma étaient embouteillées, des gens allant à pied, en trottinant ou en courant, portant des matelas, des sacs de sports ou quelques maigres biens dans des sacs plastiques, donnant la main à des enfants apeurés pour ne pas qu'ils se perdent.
Malgré ces embouteillages et cet afflux soudain, la traversée vers le Rwanda se déroulait dans un calme relatif, a-t-on constaté, tandis que des files de véhicules partaient vers Sake.
Ville de plus de 600.000 habitants, pour une agglomération de deux millions avec les villages de la périphérie, Goma compte une douzaine de quartiers, et l'évacuation ordonnée ce jour revient à une évacuation presque complète de la ville.
"Dieu nous garde!"
Le volcan Nyiragongo était entré en éruption soudaine samedi soir, provoquant un premier exil des habitants, revenus depuis lors mais qui vivaient toujours dans la psychose d'une nouvelle éruption du fait des incessants et puissants séismes continuant de secouer la région.
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La précédente éruption majeure du Nyiragongo, le 17 janvier 2002, avait fait une centaine de morts.
La lave s'est écoulée samedi soir en deux directions depuis les flancs du volcan, une coulée s'immobilisant dans les faubourgs nord-est de Goma, l'autre coupant sur un kilomètre la route nationale 4 reliant Goma à Butembo, un axe régional majeur et vital pour l'approvisionnement de la ville.
Les dix quartiers de Goma évacués ce jeudi sont "exposés à des points de sortie de lave, lesquels ne sont pas prévisibles pour le moment", a insisté le gouverneur Ndima dans sa déclaration. "Il est très important de rester à l'écart des coulées de lave, du fait du danger de mort par asphyxie ou brûlures".
"Les forces de l'ordre patrouilleront pour sécuriser les biens et les personnes", a-t-il assuré, concluant son propos par "Dieu nous garde!".
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A ce jour, le bilan est de 32 personnes mortes depuis l'éruption samedi. Entre 900 et 2.500 habitations ont été détruites. Au moins dix quartiers sont privés d'eau courante, et une grande partie de la cité n'est plus alimentée en électricité. L'accès à l'eau potable est un souci majeur, aggravé par des poussières et cendres toxiques qui se mélangent aux eaux de pluie.
La région de Goma est une zone d'intense activité volcanique, avec six volcans, dont le Nyiragongo et le Nyamuragira qui culminent respectivement à 3.470 et 3.058 mètres.
L'éruption la plus meurtrière du Nyiragongo, en 1977, avait fait plus de 600 morts.