Jean Omari, 45 ans, pasteur de l'"Eglise chrétienne pour toutes les nations Emmanuel", revendiquant plus de 4.000 adeptes, est jugé avec trois coaccusés qui, selon le dossier d'enquête, l'ont désigné comme leur chef. Il est emprisonné depuis le début du mois à Goma, chef-lieu du Nord-Kivu.
"Au total, ce sont 24 enfants qui ont disparu, 14 familles ont porté plainte", a déclaré à l'AFP à l'extérieur de la salle du tribunal militaire Jean Bosco Bonane, un des parents des enfants disparus, certains depuis un ou deux ans. "Les kidnappeurs ont affirmé qu'il était leur chef de bande, nous attendons que le pasteur nous rende nos enfants!", a-t-il ajouté.
A l'audience, souvent très tendue, les noms d'une dizaine d'enfants kidnappés ont été lus dans un silence pesant.
"Notre pasteur est innocent, il est victime d'une injustice", ont scandé à la sortie du tribunal des adeptes de Jean Omari agités et menaçants, pendant que d'autres pleuraient de voir leur pasteur en prison.
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Au début des débats, les avocats du pasteur ont sollicité la remise en liberté provisoire de leur client. "Le pasteur a collaboré depuis le début, bien que son arrestation n'ait pas respecté les procédures. Il est très connu ici et ne peut pas fuir", a plaidé l'un d'eux, Me Joslin Buchiri.
Le ministère public et les parties civiles ont rejeté catégoriquement cette demande, arguant de la gravité des faits jugés. "Pour des raisons de sécurité publique et pour sa propre sécurité, nous estimons que vous pouvez déclarer cette requête recevable mais non fondée", a dit au tribunal le représentant du ministère public.
Le tribunal a renvoyé l'affaire au mercredi 19 octobre, lorsqu'il rendra sa décision sur la demande de la défense.
Le pasteur a été reconduit dans sa cellule, accompagné de sa femme, tandis que les forces de sécurité faisaient évacuer la cour du tribunal où la tension montait entre adeptes et accusateurs du pasteur.