"Le prix +bord champ+ est fixé à 750 FCFA", a déclaré Yves Koné, le directeur général du CCC, l'organe public ivoirien de gestion de la filière cacao, évoquant des "difficultés" de commercialisation sur le marché mondial dans un contexte de surproduction et de baisse de la consommation due à la pandémie de coronavirus.
"La pandémie de coronavirus a eu des effets énormes" sur la consommation de cacao, a expliqué Koné, qui a aussi évoqué un problème de surproduction. "Il faut que les planteurs arrêtent de planter (de nouveaux vergers) pour limiter la production à son niveau actuel", a-t-il plaidé.
La Côte d'Ivoire devrait produire plus de 2,1 millions de tonnes de cacao en 2020-21, soit plus de 40% de la production mondiale, selon les prévisions de l'Organisation internationale du cacao.
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L'"or brun" est un produit stratégique pour ce pays d'Afrique de l'ouest: il représente 10% à 15% de son PIB, près de 40% de ses recettes d'exportation et fait vivre cinq à six millions de personnes, soit un cinquième de la population, selon la Banque Mondiale.
Les petits planteurs peinent cependant à vivre décemment de leur production, malgré la mise en oeuvre cette année d'une prime de 400 dollars par tonne appelée Différentiel de revenu décent (DRD).
La moitié des planteurs ivoiriens vit sous le seuil de pauvreté, selon la Banque mondiale.
Le prix "bord champ" est le prix théoriquement payé aux planteurs par les négociants et les exportateurs. En pratique, ceux-ci ont négocié des prix nettement inférieurs au tarif officiel 1.000 FCFA lors de la campagne principale (d'octobre 2020 à mars 2021), le cacao se vendant mal sur le marché mondial.
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Ce prix de 1.000 FCFA, jugé optimiste par les experts, avait été annoncé début octobre 2020 simultanément par la Côte d'Ivoire et le Ghana (qui représentent ensemble les deux tiers de la production mondiale), juste avant des élections présidentielles dans les deux pays.
Ils avaient fait forcé les multinationales à accepter le DRD, lançant même une offensive médiatique sans précédent fin 2020 contre des firmes récalcitrantes.
"Ce prix de 750 FCFA par kilo est un retour à la réalité, il correspond au prix réellement payé aux planteurs", a commenté sous couvert d'anonymat un expert auprès de l'AFP.
"Il faut limiter la production de cacao" si on veut faire remonter les prix, a-t-il ajouté, évaluant la surproduction mondiale à 100.000 tonnes cette année.