Côte d'Ivoire: Issiaka Kouriba, l’homme qui soigne gratuitement les fractures grâce aux plantes et aux incantations

VidéoA 48 ans, à travers son ONG Espoir Handicap, Issiaka Kouriba a déjà consacré la moitié de sa vie à traiter gratuitement les fractures et autres traumatismes grâce à des onguents naturels et quelques incantations dont seule sa famille a le secret, depuis plusieurs générations.

Le 30/01/2022 à 13h37, mis à jour le 30/01/2022 à 13h38

Issiaka Kouriba, surnommé le visage du social dans la santé, n' est pas médecin de formation, mais il traite gratuitement les cas de fractures, d'entorses, d'enflures et autres traumatismes depuis 24 ans, en Côte d’Ivoire. Dans sa famille, on a toujours soigné traditionnellement tous ces cas complexes, de génération en génération. Les bras, les pieds cassés, les genoux déplacés, les épaules déboîtées sont, entre autres, leur domaine de compétence. Il a hérité de son père ce don familial, qu'il pratique depuis 1998. Le procédé a l'air tout simple et même banal, mais il est efficace. Il applique du beurre de karité sur la partie du corps malade, puis masse soigneusement l'endroit et fait un pansement à l'aide de bambou de chine et de bandes. Un exercice à répéter sur le patient deux fois par semaine.

A travers l’ONG Espoir Handicap dont il est le président, il a soigné des milliers de personnes dans le monde dont des footballeurs de renoms et des hauts fonctionnaires. Il s’agit par exemple, d'internationaux français et ivoirien comme Djibril Cissé, Copa Barry et feu Babacar Ndiaye, ancien président de la Banque africaine de développement.

«J’aime sincèrement ce travail, car à la base j’aime aider mon prochain. Voir une personne qui a son pied ou bras cassé, c'est vraiment douloureux car la personne ne peut pas dormir à cause des douleurs. C'est pourquoi j'aime les soigner. Il y a certains qui sont reconnaissants après leur guérison et d’autres par contre ne le sont pas, mais c’est la vie. Je ne me focalise pas sur ça, je soigne tout le monde et Dieu fait le reste», nous confie Issiaka Kouriba, président de l’ONG Espoir Handicap.

Nous sommes ici sur son nouveau site provisoire dans le marché de Bromakoté dans la commune d'Adjamé, à Abidjan. Auparavant, il exerçait sa charge sur un autre site dans le même quartier. Cependant, comme d'autres occupants, il a été délogé en décembre 2021, à cause des travaux de construction du métro d’Abidjan.

Il a été néanmoins rapidement recasé par les jeunes du quartier Bromakoté d'Adjamé sur ce nouveau site provisoire en reconnaissance de la portée hautement sociale de son travail. Sauf que l’endroit est destiné à la reconstruction prochaine du marché, il ne tardera donc pas à en être délogé là aussi.

«Mon activité est reconnue par l’Etat. J’ai même l’agrément. J’ai été inscrit dans le journal officiel, on m’a également décoré et tous les trois mois nous faisons des rapports d’activités pour les déposer au ministère de la Santé. Donc on lance un appel à toutes les bonnes volontés pour nous aider à avoir un grand espace, un nouveau site définitif, de nous aider à aider les malades», déclare Issiaka Kouriba.

Chaque jour, ce sont 200 à 300 malades en moyenne qui sollicitent les services de Issiaka Kouriba et son staff de 7 personnes. Assis à même le sol ou sur des brancards, venant de toutes les contrées de la Côte d'Ivoire et même au-delà des frontières, ici, tous les cas complexes de fractures, d’entorses et d'enflures sont soulagés entre 2 et 5 mois, à la satisfaction des malades composés d'enfants, de jeunes et d'adultes.

«Je suis tombé et mon pied s’est cassé et je suis venu directement voir Issiaka Kouriba que j’appelle mon papa, car j’étais assis par terre donc je ne pouvais pas marcher, mais il m’a massé pendant une certaine période et aujourd’hui j’arrive à marcher», affirme Florence Yao une patiente ivoirienne.

«Ça fait moins d’un mois que je me traite ici, mais c’est magique, incroyable, phénoménal car la vitesse avec laquelle je suis en train de retrouver l’usage de mon bras est impressionnante. Le seul problème encore, c’est que je ressens un petit mal, mais franchement je n’ai plus de bobo», soutien pour sa part Edouard Ketcha un patient camerounais.

Pour rappel, la Côte d’Ivoire a reconnu officiellement l'exercice de la médecine traditionnelle en 2015. Une médecine toujours en vogue dans le pays à cause de la cherté des soins dans les établissements sanitaires conventionnels.

Par Olive Adjakotan (Abidjan, correspondance)
Le 30/01/2022 à 13h37, mis à jour le 30/01/2022 à 13h38