Le corbillard transportant son cercueil recouvert du drapeau éthiopien est entré au Parc de l’Amitié de la capitale éthiopienne escorté par la fanfare de la police, a constaté un journaliste de l’AFP.
«Durant ses 50 ans de carrière musicale, il a été reconnu à travers le monde pour son talent et ses incroyables aptitudes musicales», a déclaré, dans son éloge funèbre, Mahmoud Ahmed, légende de l’âge d’or de la musique éthiopienne des années 1960 et 1970 et l’un des chefs de file de l’éthio-jazz.
«Guitare, harmonica, piano et même synthétiseur, ne sont que quelques-uns des instruments qu’Ali maîtrisait», a ajouté celui qui fut aussi un ami de longue date du chanteur.
Dimanche soir, le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed avait rendu hommage au défunt: «A travers ses chansons, il a promu l’unité, la persévérance et la culture».
Né le 4 mai 1948 dans le village de Ganda Kore, près de Dire Dawa, à environ 350 km à l’est d’Addis Abeba, Ali Birra est décédé le 6 novembre à l’hôpital général d’Adama, au sud-est de la capitale, une semaine après avoir été amputé d’une jambe, a indiqué Mahmoud Ahmed.
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Ali Birra et lui avaient commencé leur carrière au début des années 1960, sous le règne de l’empereur Haile Selassie, au sein de l’Orchestre de la Garde impériale qui allait accoucher de grands noms de la musique éthiopienne, notamment de l’éthio-jazz.
De son ami, Mahmoud Ahmed dit que «c’était un vieil homme avec les vieillards, un jeune homme avec les jeunots et un enfant avec les gamins».
Figure de la musique éthiopienne, Ali Birra était aussi l’une des voix de la culture et de l’identité oromo, la communauté ethno-linguistique la plus nombreuse d’Ethiopie qui en compte plus de 80.
Ses prises de position et ses chansons en oromo lui ont valu plusieurs emprisonnements, à une époque où le pouvoir central éthiopien réprimait toute revendication identitaire.
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Néanmoins, Ali Birra ne chantait pas seulement pour les Oromo mais pour l’Ethiopie toute entière, assure à l’AFP Dawit Yifru, président de l’Association des musiciens éthiopiens, qui le qualifie de «génie musical éthiopien».
Fort d’un «catalogue incroyable de 250 chansons», il chantait dans sept langues différentes, rappelle-t-il, lui permettant de toucher au-delà de sa région, en Ethiopie et dans le monde: dans quatre langues éthiopiennes - oromo, amharique, somali, harari - mais aussi en anglais, arabe et suédois.
Les funérailles d’Ali Birra auront lieu mercredi à Dire Dawa.
«Ali ne mourra pas», assure Dawit Yifru à l’AFP: «sa vie se poursuivra via son art».