Sorti en 2023, le film documentaire du Marocain Khalid Zairi redonne vie à milliers de mineurs marocains, dont le souvenir n’est repris dans aucun récit: «À partir des années cinquante et jusque dans les années soixante-dix, plus de 60.000 travailleurs du Sud du Maroc, illettrés pour la plupart, ont été recrutés pour aller travailler dans les mines de charbon du Nord-Pas-de-Calais avec des contrats de six mois, un an ou dix-huit mois (...) certains sont retournés au Maroc, d’autres sont restés en France» peut-on lire sur la fiche technique de «Mora est là.»
Par ce travail de mémoire dont la critique a dit qu’il «combine le réel et le documentaire, ficelé d’une manière esthétiquement élaborée», le réalisateur a souhaité rendre «hommage à ces milliers de travailleurs marocains qui sont partis travailler dans le Nord-Pas-de-Calais dans des conditions inhumaines. Le film raconte le parcours de mineurs en Nord-Pas-de-Calais, comment ils ont été sélectionnés, leurs conditions de vie...».
Il ajoute que l’ambition de ce film n’est pas de prodiguer des conseils, mais plutôt de donner à réfléchir sur la problématique de l’immigration et de cette volonté de partir chercher l’Eldorado et ce qu’on y trouve réellement. A propos du film qui a fait sa première mondiale au Festival international du film de Marrakech, en 2023, Mme Ouédraogo, une cinéphile fidèle au Fespaco, porte un regard qui ne souffre d’aucune ambiguïté: «'Mora est là' est le film coup de cœur à suivre obligatoirement.»
«C’est un problème d’acuité. Quand on regarde tout ce qui se passe en Afrique avec tous ces jeunes qui meurent dans l’océan parce qu’ils partent pour une vie meilleure, ils sont prêts à tout sacrifier et les familles aussi se sacrifient pour eux. Mais c’est une illusion en réalité», regrette-t-elle.
Pour cette 29e édition du Fespaco, 235 films de plusieurs nationalités sont à l’honneur. Outre «Mora est là», le Maroc est également représenté à cette édition à travers les films «Assassinat» de Yassine Aït Fkir, «Backstage» de Afef Ben Mahmoud et de Khalil Benkirane ou encore «La mère de tous les mensonges» d’Asmae El Moudir, pour ne citer que ceux là.