Il s’appelle Roger Gnoan M’Bala, il est Ivoirien. Avec son film «Adangamman» sorti en 2000, le cinéaste a abordé un thème rarement traité par le cinéma africain: «l’esclavage s’exerçait déjà dans les royaumes africains quand les négriers (européens, ndlr) sont venus exploiter la complicité de ces rois (africains, ndlr). Cela reste une grande honte pour les Africains: les griots et les grands récits l’occultent systématiquement», a expliqué le cinéaste dans la presse spécialisée à la sortie de son film. Une audace qui a fini par jeter un coup de projecteur sur un passé trop longtemps tu.
Egalement réalisateur de «Au nom du Christ», Étalon d’Or de Yennenga en 1993 et décédé en 2023, Roger Gnoan M’Bala est désormais immortalisé par une statue dévoilée ce dimanche à Ouagadougou où se déroule, jusqu’au 1er mars, le 25e Fespaco, le festival du cinéma et de la télé africains.
La statue du cinéaste ivoirien Roger Gnoan M’Bala dévoilée au niveau du monument dédié aux cinéastes africains disparus.. le360 Afrique/Ouédraogo
Comme le veut la tradition du Fespaco, le rituel dit de la «Libération», se déroule au deuxième jour du festival: les festivaliers exécutent une procession quasi religieuse autour du monument dédié aux cinéastes, puis se recueillent à la mémoire de ceux et de celles qui ont marqué le cinéma du continent.
«Il a contribué à former des générations de réalisateurs et de cinéastes. Nous saluons aujourd’hui sa mémoire et au-delà de lui, la mémoire de tous les cinéastes. Nous avons également le devoir de penser à Souleymane Cissé à qui nous rendons hommage», a rappelé le ministre burkinabè de la Culture, Gilbert Ouédraogo.
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Roger Gnoan M’Bala rejoint ainsi, même immobilisé par le bronze, d’autres figures du cinéma africain à l’instar du Sénégalais Ousmane Sembène et du Burkinabè Idrissa Ouédraogo. «Mon père a beaucoup donné au cinéma africain. Il a également produit de nombreuses œuvres. Je pense qu’aujourd’hui il y a une reconnaissance pour lui, pour sa famille, pour moi, c’est la postérité. Personnellement, j’estime qu’il est important qu’une statue soit érigée en son honneur à Ouagadougou, haut lieu du cinéma africain», a salué David M’bala, fils du défunt cinéaste.
L’hommage aux anciens respecté, place aux salles obscures avec des projections de films de fiction long métrage en compétition suivies d’échanges avec les réalisateurs. La sélection officielle de la 29ème édition du Fespaco comprend:
Compétition fictions long métrage: 17 films
Compétition documentaires long métrage: 15 films
Compétition court métrage: 34 films
Compétition films du Burkina: toutes catégories, 19 films
Compétition semaine de la Critique: 10 films
Compétition Fespaco séries: 14 séries télé
Compétition animations: 18 films d’animation
Compétitions films des écoles de cinéma: 20 films