Au début de l’année, le British Museum et le Victoria & Albert Museum ont accepté de prêter pour «trois ans, renouvelable pour trois autres années», 32 trésors d’or et d’argent pillés par les forces militaires britanniques à la cour du royaume Ashanti pendant les guerres anglo-asantes du XIXe siècle.
Parmi ces trésors figurent l’épée du royaume, appelée «Mpomponsuo», et les insignes en or des fonctionnaires autorisés à purifier l’âme du roi.
La collection comprend également un luth en or offert par le roi Asante Osei Bonsu au diplomate britannique Thomas Edward Bowdich lors d’un traité commercial en 1817.
S’exprimant lors d’une cérémonie mercredi à Kumasi, centre de la culture Ashanti au Ghana, le roi Otumfuo Osei Tutu II a déclaré que la toute première exposition d’objets au musée du palais de Manhyia reflétait «l’âme du peuple Asante».
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«Aujourd’hui est un grand jour pour les Asantes, un grand jour pour le continent africain noir, et les esprits sont de retour parmi nous aujourd’hui», a-t-il ajouté.
L’exposition sera ouverte au public cette semaine.
Réparation culturelle
Le retour de ces objets au Ghana intervient alors que la pression s’accroît sur les musées et institutions européens et américains pour qu’ils rendent les objets d’arts africains volés sous la domination des anciennes puissances coloniales comme la Grande-Bretagne, la France, l’Allemagne et la Belgique.
Selon Tristram Hunt, directeur du Victoria & Albert Museum, les objets, qui symbolisent le riche patrimoine du royaume Asante, sont de retour au Ghana pour aborder «l’histoire très douloureuse qui entoure l’acquisition de ces objets, une histoire entachée par les cicatrices du conflit impérial et du colonialisme».
«Ces trésors ont été les témoins des triomphes et des épreuves d’un grand royaume, et leur retour à Kumasi témoigne du pouvoir des échanges culturels et de la réconciliation», a-t-il déclaré.
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Chris Gosden, membre du conseil d’administration du British Museum, a, lui, affirmé que le musée était «totalement engagé à poursuivre cette relation, en comptant sur l’amitié, la confiance, le respect mutuel et la volonté de discuter».
Il a déclaré que l’accord reflétait près d’un demi-siècle de discussions entre le palais de Manhyia et, en particulier, le British Museum. L’accord «jette les bases d’une coopération culturelle renforcée entre le musée du palais de Manhyia et le British Museum, et ce prêt en est le premier résultat tangible», a-t-il dit.
Le musée Fowler, aux États-Unis, a pour sa part restitué en février sept objets royaux au roi Asante, de sorte que le musée du palais du Manhyia abrite actuellement 39 objets qui avaient été dérobés par les puissances coloniales.
Le Nigeria négocie également la restitution de milliers d’objets métalliques datant du XVIe au XVIIIe siècle, pillés dans l’ancien royaume du Bénin et actuellement détenus par des musées et des collectionneurs d’art aux États-Unis et en Europe.
En 2021, la France a rendu au Bénin 26 objets et œuvres d’art volés en 1892 par les forces coloniales lors du sac d’Abomey.