Guinée. «Le Fespaco est une formidable occasion de s’initier à la critique cinématographique», selon Fatoumata Segnane

Fatoumata Segnane, présidente de la Fédération africaine de critique cinématographique.

Le 23/02/2025 à 14h55

VidéoDans cet entretien, Fatoumata Segnane, présidente de la Fédération africaine de critique cinématographique, apporte son regard de critique du 7e art sur le Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco) qui se tient du 22 février au 1er mars 2025 au Burkina Faso.

A la veille de l’ouverture de la 29e édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco), le plus grand rendez-vous dédié au 7e art en Afrique, qui se tient du 22 février au 1er mars 2025 au Burkina Faso, Le360 Afrique a rencontré Fatoumata Segnane, présidente de la Fédération africaine de critique cinématographique.

Le360 Afrique: Quel sens rêvait pour vous le thème retenu pour le Fespaco 2025 «Cinéma d’Afrique et identité culturelle» ?

Fatoumata Segnane. C’est un thème qui vaut son pesant d’or. C’est une interpellation à la conscience humaine africaine pour redorer de son blason, de se reconnaître à travers sa propre réalité, sa culture, ses coutumes. C’est d’être fières de ce que nous sommes Africains et sans effacer les autres cultures qui devraient collaborer avec ses propres cultures. C’est de s’affirmer davantage à travers son identité qui lui est propre au lieu de favoriser l’évolution, l’épanouissement de celle des autres. L’Africain ne devrait pas effacer la culture des autres mais devrait être fière de son propre identité humaine à la base mais aussi de tout ce qui peut le déterminer en tant qu’africain.

Quelle sera votre apport à la 29e édition du Fespaco en votre qualité de responsable de la Fédération africaine de la critique cinématographique?

Cette édition a prix une belle initiative, celle de la semaine de la critique qui nous permettra de nous affirmer davantage sur le terrain et d’aller à la rencontre des autres. De par notre contribution habituelle d’accompagnement des cinémas d’Afrique, par le biais de l’organisation, nous allons donner la chance à beaucoup de participants de s’initier à la critique cinématographique à travers un atelier que nous avons l’habitude de mettre en place avec l’appui de nos partenaires. Donc nous revenons à la maison fu Fespaco. Nous serons présents en accompagnant les films qui seront diffusés à travers notre plume critique, mais aussi en couvrant toutes les activités annexes du Fespaco.

la Guinée va présenter cinq films des écoles du cinémas. Y a-t-il une chance que l’un de ces films nous ramène un prix?

Je n’en doute pas, parce que pour moi il y a eu des efforts et avec les thématiques que ces films traitent. Et pour saluer l’Institut supérieur des arts Mory Kanté de Dubréca et la structure ciné Sabou Talent qui ont encadré de jeunes cinéastes qui se sont exprimés à travers leurs films. Notre chance c’est que nous allons avec toutes les émotions possibles, nous fouillons dans notre culture pour nous exprimer à travers la magie de l’image et du son qui constituent le cinéma. Je n’en doute pas que nous ramenons des prix à la maison en Guinée.

Quels sont les défis auxquels le cinéma guinéen est actuellement confronté?

Ces défis sont nombreux et les mêmes partout en Afrique: manque d’infrastructures de diffusion des productions, les salles de cinéma se sont transformées à d’autres fins, c’est-à-dire en magasins de vente d’habits, des boutiques. En tout cas, nous n’avons plus de salles de diffusion des œuvres cinématographiques. Le budget fait également défaut pour accompagner les cinéastes dans leur élan de produire des films.

En votre qualité de professionnelle, quel regard portez-vous sur le cinéma marocain?

C’est avec gaieté de cœur que je parle du Maroc. C’est un pays qui me tient à cœur parce que quand on parle de cinéma, on ne peut pas ne pas citer le cinéma marocain. J’étais à Khouribga en 2023, en 2024 pour prendre part au traditionnel festival FICAC, le Festival international du cinéma africain. C’est une rencontre, comme on le dit souvent, le ‘high level’.

Les productions qui sont sélectionnées au cours de ce festival, c’est incroyable. Il n’y a que des productions de grosses pointures. Ce sont des gens qui savent faire du cinéma. Il y a des écoles de cinéma au Maroc. Quand on sort de ces écoles, on ne peut pas ne pas avoir des choses à raconter, de vraies histoires parce que la vraie culture du cinéma se trouve au Maroc.

Aujourd’hui, ce sont des écoles qui donnent la chance à tous les jeunes africains ou professionnels pour venir se ressourcer, s’abreuver du vrai septième art. La plupart des productions marocaines qui viennent au différentes éditions du Fespaco remportent des prix parce que c’est un cinéma qui sait raconter son histoire, son identité cinématographique, son identité culturelle à travers des récits poétisés, rythmés. Pour moi, le Maroc est un pays de cinéma.

Par Mamadou Mouctar Souaré (Conakry, correspondance)
Le 23/02/2025 à 14h55