L’Afrique du Sud ne séduit plus les investisseurs miniers. Son industrie minière, autrefois championne incontestée en Afrique, fait face à un déclin inquiétant. Dans une analyse publiée par le sud-africain Institute for security studies (ISS), le consultant, Peter Fabricius appui son argumentaire sur une série d’observations faites lors de l’African Mining Indaba 2024, évènement qui a eu lieu au Cap, du 5 au 8 février 2024.
Selon l’analyste, la position prédominante de l’Afrique du Sud est en train de s’effriter, comme cela a été clairement démontré lors de l’African Mining Indaba, où plusieurs autres pays africains se sont démarqués. L’analyse cite Tim Cohen, rédacteur en chef de Business Maverick, pour qui «le message principal de l’African Mining Indaba est incroyablement évident et simple: les autres pays du continent sont en train de prendre de plus en plus l’avantage sur l’Afrique du Sud».
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Pendant des décennies, les compagnies minières ont préféré investir en Afrique du Sud, et éventuellement au Botswana, plutôt que dans d’autres pays africains. Mais cette préférence est en train de changer. Le déclin de l’industrie minière sud-africaine est difficile à quantifier, mais l’Institut Fraser a classé l’Afrique du Sud seulement 57e sur 62 juridictions minières mondiales dans son Indice d’attrait des investissements miniers 2022.
Le Botswana est classé 10e, la Côte d’Ivoire 30e, le Ghana 33e, la Namibie 38e et la Tanzanie 53e. L’Angola et la Zambie sont classés plus bas que l’Afrique du Sud, mais il est clair que tous les trois, ainsi que d’autres pays, avancent alors que l’Afrique du Sud semble stagner.
Cadastre, réglementation, criminalité… pointés du doigt
Les statistiques du Conseil des minéraux de l’Afrique du Sud montrent que l’investissement net fixe dans l’industrie minière était proche de zéro en 2021. Selon le consultant de l’ISS, «plusieurs entreprises présentes à l’Indaba ont déclaré en privé que l’environnement opérationnel et réglementaire, ainsi que les systèmes de traitement des droits miniers dans d’autres pays africains étaient plus favorables aux investisseurs qu’en Afrique du Sud».
Selon Allan Seccombe, porte-parole du Conseil des minéraux «L’Afrique du Sud accuse un retard par rapport à ses pairs africains en ce qui concerne la mise en place d’un système cadastral moderne et transparent pour gérer efficacement les demandes et les dossiers de droits miniers. Cela a entraîné un retard dans le traitement de milliers de demandes de permis d’exploitation minière et de prospection.»
Il souligne également les nombreuses réglementations et politiques à suivre pour démarrer un projet d’exploration, construire et exploiter une mine en Afrique du Sud, ce qui allonge le délai nécessaire pour commencer les travaux.
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En outre, les contraintes sévères en matière d’approvisionnement en électricité et de logistique de transport, ainsi que la baisse des prix de certaines matières premières, rendent l’environnement d’exploitation intérieur difficile, ce qui en fait une destination d’investissement minier difficile à considérer pour les investisseurs. Cependant, il est important de noter que le Conseil des minéraux, ses membres et d’autres organisations commerciales travaillent avec le gouvernement sud-africain pour résoudre les problèmes logistiques, lutter contre la criminalité et la corruption afin d’améliorer la perception des investisseurs.
Zambie, Angola, Botswana, Côte d’Ivoire, Ghana… montent en puissance
Les investisseurs commencent à se tourner vers d’autres pays africains offrant des environnements plus propices aux investissements miniers. Duncan Wanblad, PDG d’Anglo American, la référence de l’industrie minière sud-africaine, déclare lors de l’Indaba que la Zambie et l’Angola créent des environnements favorables aux investisseurs, tandis que le rythme des réformes en Afrique du Sud devait s’accélérer.
Anglo American a récemment signé des contrats d’investissement dans l’exploitation minière de diamants en Angola, où il explore également le cuivre et le nickel. En Zambie, l’entreprise a commencé à prospecter le cuivre et le cobalt. Les pays comme le Botswana, la Côte d’Ivoire, le Ghana, la Namibie et la Tanzanie ont réussi à susciter l’intérêt des investisseurs grâce à des réglementations plus favorables, des systèmes de traitement des droits miniers plus efficaces et des environnements opérationnels plus stables.
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Cependant, il convient de noter que l’Afrique du Sud n’est pas complètement exclue de l’industrie minière. Malgré les défis, le pays dispose toujours de vastes ressources minérales et d’une expertise technique considérable. Certains investisseurs continuent d’opérer en Afrique du Sud, mais il est de plus en plus clair que d’autres pays africains offrent des avantages concurrentiels plus attractifs. Pour Peter Fabricius, « il est essentiel que l’Afrique du Sud prenne des mesures pour améliorer son environnement d’investissement minier et stimuler la croissance de son industrie minière ». Cela pourrait inclure des réformes réglementaires, des investissements dans les infrastructures, des efforts pour lutter contre la corruption et la criminalité, ainsi que des initiatives visant à renforcer la transparence et la gouvernance dans le secteur minier.