La crise Russie-Ukraine bouleverse l’échiquier énergétique en Europe. Le quasi arrêt des approvisionnements en gaz et pétrole provenant de la Russie contraint les pays du vieux continent à chercher d’autres alternatives. C’est dans cette optique que l’Italie a entamé des discussions avec l’Egypte pour la mise en place d’une ligne d’interconnexion électrique. Cette interconnexion, via un câble sous-marin, devrait avoir une capacité de 2.000 mégawatts et contribuer à approvisionner la presqu’ile en électricité, notamment durant les périodes de pointe.
Si jusqu’à présent l’approvisionnement en gaz russe permettait la production d’électricité et assurait le chauffage des foyers européens, les pays du vieux continent doivent désormais trouver d’autres sources. Et il y en a deux: l’importation de gaz de chez d’autres partenaires et l’approvisionnement auprès de pays disposant d’excédents.
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A noter que bien avant la crise ukrainienne, Chypre et la Grèce avaient déjà entamé des discussion pour la mise en place d’une ligne d’interconnexion électrique avec l’Egypte. Les trois pays comptent mettre en place le plus grand projet d’interconnexion électrique au monde. D’un investissement de 4 milliards de dollars, ces câbles électriques maritimes relient déjà l’Egypte, la Grèce et Chypre sur une longueur totale de 1.707 km.
A travers ces projets d’interconnexion, l’Egypte confirme son ambition de devenir un véritable hub énergétique entre l’Afrique, l’Asie et l’Europe.
Pour mieux répondre à la forte demande européenne en électricité, l’Egypte table sur la mise en place de nouvelles capacités de production électrique à partir, notamment, d’énergies renouvelables. A ce titre, plusieurs projets de production d’énergie renouvelable ont été lancés par l’Egypte. Le pays, qui affiche déjà un taux d’électrification de 100%, dispose d’une réserve de réseau quotidienne de 15.000 MW que le pays peut exporter via des lignes d’interconnexion avec l’Afrique, l’Europe et le Moyen-Orient.
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Avec cette capacité excédentaire, l’Egypte peut répondre en partie aux besoins importants des marchés européens en électricité durant l’hiver qui coïncide avec un pic de consommation en Europe, alors que la demande électrique ne culmine en Egypte que durant l’été.
En plus de cet excédent déjà disponible, l’Egypte s’est engagée à investir massivement dans les énergies renouvelables avec un objectifs de 90.000 MW de capacités installées. D’ici 2035, le pays s’est fixé un objectif de 61.000 MW dont 31.000 MW d’énergie solaire, 12.000 MW d’énergie solaire concentrée et 18.000 MW d’énergie éolienne. A cette date, les énergies renouvelables devraient représenter 40% de la production d’électricité du pays. Une partie de ces investissements devraient contribuer à produire de l’hydrogène vert.
Cette capacité qui viendrait s’ajouter à celle déjà existante et accroîtra sensiblement l’excédent électrique que le pays pourra vendre aux Européens, Asiatiques et Africains. A ce titre, il faut souligner que plusieurs projets ont été lancés et annoncés par les autorités égyptiennes.
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En outre, le pays construit actuellement une liaison électrique avec l’Arabie saoudite, un pays qui dispose d’excédents énergétiques. D’une capacité de 3.000 MW et d’un coût de 1,8 milliard de dollars, la première phase de ce projet sera opérationnelle en 2024.
A noter aussi que l’Egypte fournit au Soudan de l’électricité via une ligne d’interconnexion d’une capacité de 300 mégawatts et compte en fournir à la Libye et à d’autres pays africains qui affichent des taux d’électrification faibles (Ethiopie, Soudan du Sud, Ouganda, Djibouti…).