Le Rwanda, déjà pionnier mondial dans l’utilisation des drones médicaux et dans le domaine de l’agriculture, s’apprête à franchir une nouvelle étape en testant les premiers taxis aériens autonomes d’Afrique. Ce projet pilote est mené en partenariat avec une société chinoise et d’autres acteurs de la mobilité aérienne.
Une ambition assumée par le président Paul Kagame, qui voit dans ces initiatives la continuité logique d’une vision nationale tournée vers l’innovation.
«Notre collaboration avec Zipline, initiée il y a une dizaine d’années, a révolutionné la livraison de produits médicaux urgents… Aujourd’hui, nous sommes ravis d’accueillir la première démonstration de taxi aérien autonome en Afrique», a déclaré le chef de l’État, soulignant la capacité du Rwanda à tester et adopter rapidement les nouvelles technologies lorsque celles-ci répondent à des enjeux concrets de développement.
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Ce projet, encore en phase expérimentale, vise à évaluer l’intégration sécurisée de drones taxis dans l’espace aérien urbain, leur faisabilité économique, leur potentiel commercial et l’impact sur la mobilité. Kigali, déjà habituée aux initiatives de mobilité verte et intelligente, constitue un terrain idéal: infrastructure numérique robuste, réglementation agile, et volonté politique affirmée.
Le véhicule présenté est le EHang EH216-S, un drone-passager autonome nouvelle génération est conçu par la société chinoise EHang Holdings. Capable de transporter deux personnes, entièrement électrique et doté d’un système de décollage et atterrissage vertical (eVTOL), l’appareil peut atteindre environ 130 km/h, parcourir près de 30 kilomètres et voler durant 21 minutes.
Un taxi aérien électrique autonome, ou taxi drone, avant son décollage à Kigali, Rwanda.
Lors de la démonstration publique à Kigali, l’appareil a évolué à environ 100 mètres d’altitude, sous les regards de responsables gouvernementaux, d’experts de l’aviation et de partenaires internationaux venus assister à cette étape historique.
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Le journaliste et analyste aéronautique Cyril Ndegeya rappelle que le pays a depuis longtemps une longueur d’avance dans l’adoption des drones «une nouvelle solution de mobilité basée sur les drones est une excellente initiative, même si elle sera coûteuse au début », explique-t-il.
Ce programme s’inscrit dans un partenariat réunissant le gouvernement rwandais, la China Road and Bridge Corporation (CRBC) et EHang. Plusieurs mois d’études conjointes ont permis d’évaluer la faisabilité technique, l’adaptation à la topographie rwandaise et les besoins en matière d’infrastructures aériennes modernes, telles que les vertiports, les systèmes de recharge et la régulation autonome.
Les autorités rwandaises affirment que toutes les analyses de sécurité, de cybersécurité et de conformité aérienne sont en cours, en vue d’une possible phase opérationnelle dans les prochaines années.
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Au-delà du prestige technologique, les retombées pourraient être multiples. Le tourisme, secteur stratégique pour le Rwanda, figure parmi les premiers bénéficiaires: vols panoramiques au-dessus de Kigali, accès simplifié aux sites touristiques, diversification de l’offre haut de gamme.
Mais les attentes ne s’arrêtent pas là: mobilité d’affaires, services logistiques rapides, désengorgement des routes, et même interventions d’urgence pourraient un jour être intégrés à cette nouvelle chaîne de valeur.
Avec un trafic routier en augmentation et un plan national misant sur les infrastructures vertes, les taxis drones apparaissent comme une réponse à la fois écologique et moderne. Entièrement électriques, silencieux et à faible empreinte carbone, ces appareils pourraient soutenir la stratégie rwandaise vers une ville intelligente, alignée sur les objectifs de développement durable du pays. «Je pense que cette solution s’inscrit parfaitement dans les politiques de mobilité verte du pays», ajoute Cyril Ndegeya, avant de souligner un point clé: l’investissement dans la formation.
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Sur le plan économique, le gouvernement voit dans ce projet un moteur potentiel d’emplois qualifiés et de montée en compétences : ingénierie aéronautique, maintenance de drones, conception de logiciels embarqués, gestion des transports intelligents… autant de secteurs qui pourraient bénéficier de ce nouvel écosystème. Kigali ambitionne également de devenir un hub africain de la mobilité aérienne avancée (AAM), attirant investisseurs, start-ups, et fabricants internationaux désireux de tester leurs solutions dans un environnement stable et technologiquement ouvert.
Si le projet s’avère concluant, le Rwanda deviendra le premier pays africain à lancer un service commercial de taxis drones – un signal fort adressé au continent. Alors que l’Afrique cherche à accélérer sa transformation numérique, Kigali démontre qu’innover ne consiste pas à suivre le monde mais à imaginer de nouveaux modèles adaptés au contexte africain.
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Le succès de cette initiative pourrait également encourager d’autres capitales africaines à explorer ce champ encore vierge de la mobilité intelligente. Entre gains logistiques, attractivité économique, modernisation urbaine et image internationale, le potentiel est immense.







