Blanchiment d’argent: les cinq pays africains de la liste noire de l’Union européenne

Blanchiment d'argent, l'Afrique du sud sur la liste grise.. ©Philophoto - stock.adobe.com

Le 11/06/2025 à 17h32

L’Union européenne vient de mettre à jour sa liste des pays à «haut risque» en matière de blanchiment de capitaux et de financement du terrorisme, en s’inspirant notamment du Groupe d’action financière (GAFI). L’Algérie a rejoint la liste noire qui en compte 10 pays dont 5 africains, alors que le Sénégal et l’Ouganda la quittent. L’inscription sur cette liste a des implications négatives sur les économies et les systèmes financiers des pays incriminés.

La Commission européenne a mis à jour, le mardi 10 juin, sa liste des pays à «haut risque» en matière de blanchiment de capitaux et de financement du terrorisme. Une mise à jour qui intervient dans un contexte où les autorités européennes durcissent leur surveillance des flux financiers suspects, matérialisée par le placement de nouveaux pays dans les listes grise et noire de la Commission et la sortie d’autres pays de ces listes après avoir accompli des progrès dans le les domaines de lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme.

La nouvelle liste noire de l’Union européenne comprend 10 pays dont cinq africains. Il s’agit de l’Algérie, de l’Angola, de la Côte d’Ivoire, du Kenya, de Laos, du Liban, de Monaco, de la Namibie, du Népal et du Venezuela.

Cette décision, actée le mardi 10 juin, entrainera un renforcement des contrôles sur les transactions financières entre ces pays et les Etats membres de l’Union européenne.

Rappelons que c’est en octobre 2024 que l’Algérie, la Côte d’Ivoire et l’Angola avait rejoint la liste grise du Groupe d’action financière (GAFI) partant des progrès mitigés réalisés par ces pays dans le cadre du renforcement de leurs dispositifs de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme.

Pour le cas de l’Algérie, selon le communiqué de la Commission européenne, elle présente des «lacunes stratégiques» dans son système de contrôle financier. Le pays n’aurait pas suffisamment mis en œuvre les réformes nécessaires pour se conformer aux standards internationaux, selon l’UE. Elle doit apporter de nombreuses améliorations dans son dispositif national de lutte contre le blanchiment de capitaux et du financement du terrorisme (LBC/FT), pour espérer quitter rapidement cette liste noire.

Elle devra, entre autres, mettre en place une véritable surveillance basée sur les risques identifiés pour chaque client et opération, garantir un meilleur accès aux informations sur la propriété effective des sociétés et structures juridiques afin d’identifier leurs véritables bénéficiaires, revoir le cadre juridique des sanctions financières contre les personnes/entités liées au financement du terrorisme… Pour y arriver, il faut entreprendre des réformes en profondeurs, renforcer les capacités des ressources humaines et permettre une coordination renforcée entre toutes les parties prenantes dans le cadre d’un plan d’action convenu avec le GAFI.

ListesPays
Pays figurant sur la nouvelle «liste noire» de l’UEAlgérie, Angola, Côte d’Ivoire, Kenya, Laos, Liban, Monaco, Namibie, Népal et Venezuela
Pays ayant quitté la «liste noire» de l’UEBarbade, Émirats arabes unis, Panama, Philippines, Sénégal, Jamaïque, Gibraltar et Ouganda.

A noter que le Sénégal qui avait réussi à s’extirper de la liste grise du GAFI, a vu aussi ses efforts récompensés par l’UE en quittant la liste noire de celle-ci. «Le Sénégal a mené des réformes d’envergure pour se conformer aux normes internationales, renforçant notamment la transparence sur la propriété effective, la supervision basée sur les risques et la coopération entre ses autorités compétentes», saluait le GAFI.

L’entrée dans cette liste noire implique des contrôles renforcés pour les transactions impliquant le pays, une surveillance accrue des établissements bancaires et des secteurs sensibles (art, enchères, immobilier…) et l’obligation pour les institutions financières de l’Union européenne d’adopter des mesures de vigilance supplémentaires à l’égard des flux liés aux pays de la liste.

Les domaines concernés par cette vigilance sont les transferts d’argent des migrants, les échanges commerciaux, les flux d’investissement... Du coup, le fait d’être placé sur cette liste noire peut décourager certains acteurs économiques à investir dans les pays incriminés et peut aussi se traduire par une augmentation des coûts des transactions.

A noter aussi que cette révision s’est traduite par le retrait de certains pays de la liste noire de l’Union européenne. Au niveau africain, le Sénégal et l’Ouganda ont été retirés de la liste noire de l’Union européenne après avoir satisfait aux recommandations du GAFI, à côté des Émirats arabes unis, la Barbade, le Panama, les Philippines, Jamaïque et Gibraltar.

Cette nouvelle liste noire entrera en vigueur une fois approuvée par le Parlement et le Conseil de l’UE. Avec cette liste noire, l’UE affiche sa volonté de lutter contre le blanchiment d’argent en exigeant des pays tiers d’adapter leurs cadres règlementaires dans le sens d’une plus grande transparence.

Par Moussa Diop
Le 11/06/2025 à 17h32