Ces villes sont les plus chères d’Afrique en 2025

Les villes de Harare (Zimbabwe), Johannesburg (Afrique du Sud), Accra (Ghana) et Casablanca (Maroc).

Le 09/01/2025 à 13h39

Selon les données récoltées par la plateforme Numbeo, spécialisée dans la comparaison des niveaux de vie urbains, plusieurs métropoles comme Johannesburg, Casablanca ou Cape Town trustent les premiers rangs des villes africaines au coût de la vie le plus élevé en 2025.

Selon l’indice du coût de la vie 2025 de Numbeo, une base de données mondiale de statistiques participatives, vivre à Johannesburg est plus cher que vivre, par exemple, à Marrakech, Tunis ou Alexandrie en Égypte. La plateforme a ainsi passé à la loupe le coût de la vie dans 327 villes du monde et dresse un classement en se basant sur plusieurs indices dont le «Cost of Living Index» qui fait abstraction des coûts de logement. Bien que le loyer représente généralement la dépense principale des ménages, son exclusion de cet indice spécifique permet d’isoler les autres postes de dépenses.

Cette méthodologie offre un éclairage pertinent. D’une part, les loyers sont très variables d’un quartier à l’autre au sein d’une même ville. En les omettant, l’indice évite des distorsions liées à un échantillon localisé. D’autre part, les coûts d’hébergement dépendent grandement du mode de vie choisi: location meublée, achat immobilier, colocation, etc.

Exclure cette dépense mal standardisée permet donc de se concentrer sur un panier de biens et services plutôt uniformes et représentatifs du coût de la vie «hors les murs». Ainsi, l’alimentation, les transports, les loisirs, la santé, etc. sont pris en compte. Numbeo obtient alors une photographie plus fidèle du niveau de vie réel d’une population urbaine, indépendamment des choix résidentiels.

Sur ce critère, c’est Harare au Zimbabwe qui culmine à 36,6, à la tête des 17 villes africaines au coût de la vie particulièrement élevé, suivie de Johannesburg (33,2), Accra (31,8), Casablanca (31,4), Cape Town, en Afrique du Sud (31,3), pour ne parler que des cinq villes africaines où vivre est relativement coûteux (*).

En termes de décompte par pays, trois nations trustent le haut du classement des villes africaines où le coût de la vie est le plus élevé selon l’indice publié par Numbeo pour 2025. L’Afrique du Sud arrive en tête avec quatre villes dans le top 17: Johannesburg (2ème), Cape Town (5ème), Pretoria (5ème ex) et Durban (11ème). Le Maroc suit avec trois représentants: Casablanca (4ème), Rabat (9ème) et Marrakech (10ème). Enfin, l’Égypte place deux villes au palmarès avec Le Caire (16ème) pour un indice de coût de la vie de 19,6 et Alexandrie (17ème) avec un indice de 17,9.

Top 5 des loyers les plus exorbitants

Le «Rent Index», sous-indice de Numbeo centré sur les coûts locatifs, révèle des disparités saisissantes entre les grandes villes africaines. Avec un indice de 24,3, Lagos au Nigeria affiche des loyers presque deux fois plus élevés qu’à Cape Town (18,0) et le double d’Accra au Ghana (12,0). Un écart qui illustre les défis de ces mégalopoles tentaculaires où se concentrent les activités économiques.

À Lagos, la demande de logements explose avec l’exode rural massif attisé par les opportunités qu’offre la capitale économique nigériane. Mais l’offre immobilière n’a pas suivi, engendrant une pénurie chronique. Dans cette ville à la démographie galopante, se loger décemment relève du défi, surtout pour les classes populaires reléguées dans les tristement célèbres bidonvilles insulaires.

Le contraste est saisissant avec Cape Town, ville plutôt aisée et moins densément peuplée et où la pression immobilière reste relativement contenue. Quant à la capitale ghanéenne Accra, son indice deux fois moindre que celui de Lagos, laisse présager des conditions de logement plus abordables pour le plus grand nombre. Outre la démographie galopante, les problématiques foncières, la spéculation et le manque criant d’infrastructures aggravent cette crise à Lagos. Un phénomène qui n’est malheureusement pas un cas isolé sur le continent africain.

De multiples visages du coût de la vie

Numbeo utilise également un «Groceries Index» pour comparer les prix des produits d’épicerie. Là encore, le podium est trusté par trois pays: Ghana avec Accra (35,8), Nigeria avec Lagos, (35,6) suivi par le Zimbabwe avec Harare (35.5). Côté «Restaurant Price Index» ou encore indice des prix des restaurants, c’est Harare (38,1), Johannesburg (33.5) et Accra (31,3) qui forment le podium. Le «Local Purchasing Power Index» de Numbeo (indice de pouvoir d’achat local), qui mesure le pouvoir d’achat réel, place quant à lui Pretoria (134,9) loin devant Johannesburg (111,1) et Cape Town (101,2). Soulignons que ces trois villes sont sud-africaines.

Pour calculer son indice de référence «Cost of Living Plus Rent Index», Numbeo combine ses différents indices pondérés en fonction d’un panier de consommation représentatif d’une famille de 4 personnes. Lagos (27,8) devance alors Harare (25,1) et Cape Town (25,4). En croisant ses différents indices thématiques, Numbeo dresse un portrait nuancé et révélateur des niveaux de vie dans les principales villes africaines. Loin des clichés réducteurs, ces données mettent en lumière les réalités contrastées d’un continent divers.

Si les capitales comme Accra, Lagos et Harare affichent des coûts alimentaires parmi les plus élevés au monde selon le «Groceries Index», elles sont rejointes par Johannesburg et Harare dans le haut du panier en matière de restauration avec le «Restaurant Price Index». Un contraste saisissant entre l’accessibilité très inégale des produits de base et des services.

Mais c’est au regard du «Local Purchasing Power Index» que les écarts de richesse entre villes émergent crûment. Là, Pretoria, Johannesburg et Cape Town, hauts lieux économiques sud-africains, distancent largement le reste du continent avec des niveaux de pouvoir d’achat nettement supérieurs.

Lorsque Numbeo agrège tous ces facteurs dans son indice de référence «Cost of Living Plus Rent», c’est finalement Lagos la tentaculaire qui reprend la tête, talonné par Harare et Cape Town. Un classement qui illustre combien les réalités citadines diffèrent d’une ville à l’autre et les défis multiformes à relever.

Certaines villes comme Lagos ou Accra doivent en priorité faciliter l’accès à une alimentation abordable tandis que d’autres comme Pretoria capitaliseront sur leur pouvoir d’achat élevé mais devront contenir les inégalités. Une diversité de situations qui appelle des politiques publiques elles aussi diversifiées et sur-mesure.

Certaines absences de poids lourds économiques comme le Nigéria, la Côte d’Ivoire ou le Kenya dans le haut du classement peuvent cependant interroger. Tout comme la domination de l’Afrique du Sud et du Maroc, qui concentrent plus de la moitié des villes listées.

Une prédominance à relier aux déséquilibres économiques criants entre pays riches et pauvres sur le continent, mais aussi au choix d’une ville de référence développée comme New York. Une approche qui pourrait minimiser certains écarts de niveaux de vie.

New York, étalon aux reflets controversés

Si la méthodologie de Numbeo pour calculer son indice du coût de la vie semble robuste, le choix de prendre New York comme valeur de référence à 100 n’est pas anodin. Cette décision a d’importantes implications sur la façon dont les écarts de niveaux de vie sont mesurés et interprétés.

D’un côté, se baser sur une métropole riche et développée comme New York permet d’établir un étalon universel pour toutes les villes du monde. La ville fait figure d’objectif à atteindre en termes de niveau de vie et de pouvoir d’achat. À partir de cette référence, il devient possible de situer précisément chaque ville sur une échelle globale.

Mais d’un autre côté, cette approche occidentalo-centrée peut fausser la donne. New York est certes un phare économique mondial, mais son niveau de vie n’a que peu de rapport avec les réalités socio-économiques de pays africains aux ressources largement moindres. Établir une telle comparaison risque de minimiser les écarts réels de pouvoir d’achat et de coûts des Africains.

Prendre une ville comme Douala, Lagos ou Nairobi comme référent aurait sans doute donné un tout autre classement, mettant en lumière des disparités plus contrastées entre villes riches et pauvres du continent. Une approche plus ancrée dans le vécu quotidien des populations locales.

Ce débat n’enlève rien à la qualité du travail de Numbeo, mais souligne la complexité d’établir des standards universels pour une notion aussi relative que le niveau de vie. Après tout, deux villes aux indices identiques peuvent recouvrir des réalités radicalement différentes selon les aspirations et l’échelle de valeurs de leurs habitants.

En définitive, si ce palmarès de Numbeo ne peut prétendre établir un classement définitif, il n’en dresse pas moins un éclairage nuancé sur les disparités de coûts au sein des principales métropoles africaines. Des inégalités de plus en plus criantes dans un contexte de forte urbanisation, qui appellent des réponses politiques ambitieuses.

Les 17 villes africaines au coût de la vie le plus élevé en 2025 selon Numbeo

VillePaysIndice du coût de la vieRangIndice des loyersIndice du coût de la vie plus indice des loyersIndice des prix des produits d’épicerieIndice des prix des restaurantsIndice du pouvoir d’achat local
HarareZimbabwe36.61er10.625.135.538.131.0
JohannesburgAfrique du Sud33.22ème10.623.228.933.5111.1
AccraGhana31.83ème12.023.135.831.313.6
CasablancaMaroc31.44ème10.822.332.126.841.5
Le CapAfrique du Sud31.35ème18.025.429.331.0101.2
PretoriaAfrique du Sud31.35ème ex10.121.929.127.6134.9
NairobiKenya30.77ème10.421.733.428.333.7
LagosNigeria30.58ème24.327.835.628.510.8
RabatMaroc29.99ème11.021.630.728.854.8
MarrakechMaroc29.410ème7.219.628.931.039.6
DurbanAfrique du Sud28.611ème8.919.825.625.097.5
TunisTunisie27.512ème5.317.732.919.136.8
KampalaOuganda26.413ème10.519.428.425.416.9
AlgerAlgérie26.114ème4.516.633.417.235.1
TripoliLibye20.615ème5.013.723.417.545.5
Le CaireEgypte19.616ème4.913.120.018.522.9
AlexandrieEgypte17.917ème2.511.119.815.718.9

Source : Numbeo.

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(*) : Pretoria en Afrique du Sud suit à la 6ème place avec un indice de 31,3, Nairobi (7ème) avec 30,7, Lagos (8ème) avec 30,5, Rabat (29,9) et Marrakech (29,4) sont respectivement les 9ème et 10ème villes africaines où le coût de la vie est élevé. Durban (28,6), Tunis (27,5), Kampala (26,4), Alger (26,1), Tripoli en Libye (20,6), Le Caire (19,6) et Alexandrie (17,9) ferment le classement des 17 villes africaines listées.

Par Modeste Kouamé
Le 09/01/2025 à 13h39