Chine: plus de 17 millions de dollars pour le beurre de karité, le café et le thé africains

La CIIE 2024 a offert de nouvelles opportunités aux entreprises africaines.

Le 14/01/2025 à 16h01

Le beurre de karité sénégalais, le café éthiopien ou encore le thé kenyan ont remporté un vif succès auprès des acheteurs chinois lors du China International Import Expo 2024 et du China International Supply Chain Expo, deux évènements tenus à Shanghai et à Pékin.

Parmi les produits phares présentés par les entreprises africaines lors du China International Import Expo (CIIE) 2024 et du China International Supply Chain Expo (CISCE) 2024, on peut citer les barres de shampoing végétaliennes du Ghana, le café éthiopien, le thé kényan ainsi que le beurre de karité du Sénégal et de Côte d’Ivoire. Les services informatiques proposés par l’Ouganda ont également suscité un vif intérêt auprès des acheteurs chinois, rapporte un récent communiqué du Centre du Commerce International (ITC).

La 7e Exposition internationale d’importation de Chine (CIIE) s’est tenue à Shanghai début novembre 2024. Quant à la 2e China International Supply Chain Expo (CISCE), elle s’est tenue à Pékin fin novembre 2024.

À l’aube d’une nouvelle ère de partenariats commerciaux sino-africains, de modestes entreprises africaines viennent de décrocher des accords d’exportation d’une valeur dépassant les 17 millions de dollars lors de ces deux expositions majeures. Un chiffre qui témoigne de l’immense potentiel qu’offre le vaste marché chinois aux petites et moyennes entreprises africaines.

Au-delà des aspects commerciaux, l’ancrage progressif d’entreprises africaines participe également au renforcement des liens économiques et culturels entre l’Afrique et la Chine. En important des produits typiquement africains comme le beurre de karité, ces entreprises contribuent à faire connaître les traditions et le savoir-faire africains auprès du public chinois.

C’est une véritable prouesse pour ces acteurs économiques souvent confrontés à des défis de financement et d’accès aux marchés internationaux. Soulignons que le Centre du commerce international (ITC), qui est par ailleurs un organisme des Nations Unies, a facilité leur participation.

Le CIIE, l’un des plus grands salons professionnels mondiaux dédiés aux importations, a été le théâtre de nombreux succès pour ces entreprises africaines. Avec le soutien de l’ITC, 50 sociétés de 26 pays ont exposé leurs produits alimentaires, biens de consommation et services lors de cette 7ème édition. Leurs stands ont attiré plus de 4.560 visiteurs professionnels, donnant lieu à 290 discussions approfondies avec des acheteurs et à la conclusion de contrats d’une valeur de 5 millions de dollars pendant l’événement.

Le Sénégal fait son beurre

L’histoire de Mody Tidiane Fall, exportateur sénégalais de beurre de karité, illustre parfaitement la persévérance et la ténacité nécessaires pour s’implanter durablement sur le vaste marché chinois. Après avoir participé à trois éditions consécutives du China International Import Expo (CIIE) en 2021, 2023 et 2024, sa société a franchi une étape décisive cette année en s’enregistrant officiellement en Chine.

Le CIIE a été une véritable rampe de lancement pour l’entreprise. Grâce au soutien de l’ITC, elle a pu exposer ses produits, nouer des contacts précieux et, surtout, apprivoiser progressivement les codes et les attentes du marché chinois.

Si les débuts ont été modestes, avec seulement 20.000 dollars de ventes cette année, Fall voit dans cette implantation en Chine un tremplin vers de nouvelles opportunités. L’entreprise a désormais un pied à l’étrier sur ce marché gigantesque.

Loin d’être un cas isolé, le parcours de cette PME sénégalaise témoigne des efforts soutenus déployés par de nombreux pays africains pour tirer parti du potentiel du marché chinois. L’enregistrement officiel d’une entreprise étrangère en Chine est une étape cruciale, qui ouvre la voie à une expansion durable des activités commerciales.

Cependant, cette démarche d’implantation n’est pas sans défis, notamment pour les petites structures aux ressources limitées. Il faut disposer d’un solide plan d’affaires, maîtriser les réglementations locales et s’adapter aux préférences des consommateurs chinois. Un accompagnement personnalisé, comme celui fourni par l’ITC, est donc indispensable.

Quelques collaborations fructueuses

Le China International Supply Chain Expo (CISCE), centré sur l’optimisation des chaînes d’approvisionnement mondiales, a également mis en lumière des collaborations fructueuses entre la Chine et l’Afrique. La Chebango EPZ Tea Factory Company, une entreprise kényane investie par des capitaux chinois, a présenté ses thés de haute qualité aux distributeurs internationaux. La société tanzanienne Afritech Greencrops a, quant à elle, paraphé un accord majeur avec Sinomach Hainan Development Co., portant ses exportations africaines à plus de 12 millions de dollars. Enfin, SINO Malagasy Animal Husbandry Co., Ltd. de Madagascar a partagé son expertise dans la production animale durable, mettant en exergue les bénéfices du développement de l’industrialisation agricole africaine.

Des résultats qui démontrent que le marché chinois recèle d’immenses opportunités pour nos petites entreprises, à condition qu’elles bénéficient d’un accompagnement adéquat. Soulignons que l’ITC a joué un rôle crucial en leur offrant un encadrement personnalisé, de la préparation logistique aux services d’interprétation, en passant par la mise en relation avec les acheteurs potentiels.

Au-delà des retombées financières immédiates, ces succès ouvrent la voie à un renforcement durable des liens économiques entre l’Afrique et la Chine. En connectant les entreprises à travers les continents et en favorisant des partenariats innovants, l’ITC contribue à rendre la chaîne d’approvisionnement mondiale plus résiliente et durable.

Cependant, des défis subsistent. Si ces expositions ont permis à nos PME d’accéder au marché chinois, elles doivent désormais capitaliser sur ces premiers contrats pour asseoir une présence pérenne. Cela passe par le renforcement de leurs capacités de production, le respect des normes de qualité et la maîtrise de la logistique d’exportation.

Tandis que la Chine poursuit l’élargissement de son marché intérieur, l’Afrique, riche en ressources naturelles et en main-d’œuvre, dispose d’atouts pour tirer parti de cette nouvelle donne économique mondiale. À condition, toutefois, que les initiatives visant à lever les barrières persistent, afin de permettre à davantage de petites entreprises africaines de saisir les opportunités qui s’offrent à elles sur la scène commerciale internationale.

Par Modeste Kouamé
Le 14/01/2025 à 16h01