Côte d’Ivoire: coton et anacarde «voie royale pour booster la valeur ajoutée des matières premières»

Le 21/01/2025 à 08h58

VidéoLe Parc des expositions d’Abidjan a été le point de convergence des acteurs des filières coton et anacarde et de milliers de visiteurs à l’occasion de la toute première édition des Journées nationales du producteur de Coton et de l’Anacarde (JNPCA).

Cet événement, tenu les 17 et 18 janvier, placé sous le thème «Valoriser durablement le potentiel des filières coton et anacarde au profit des producteurs» vise à promouvoir les producteurs ivoiriens souvent méconnus, tout en mettant en avant les opportunités économiques liées à la noix de cajou et au coton, deux produits stratégiques pour l’économie ivoirienne.

«C’est une belle opportunité pour nous de montrer ce que nous savons faire et de nous sentir reconnus pour nos efforts», a confié Binin Ouattara, producteur d’anacarde, président de coopérative. Venu du nord du pays, il a émis l’espoir de voir cet événement s’inscrire dans la durée, afin de renforcer les liens entre les producteurs, les acteurs de la transformation et les consommateurs.

En effet, la Côte d’Ivoire est le premier exportateur mondial de noix de cajou et un acteur majeur dans la production de coton en Afrique. «La production annuelle de l’anacarde a franchi la barre du million de tonnes en 2023, avec une consommation locale en hausse, atteignant 344.000 tonnes en 2024. En ce qui concerne le coton, les performances de la filière ont atteint un nouveau record lors de la campagne 2020-2021. La production nationale du coton graine est passée de 352.134 tonnes en 2012-2013 à 559.483 tonnes en 2020-2021», a révélé Mamadou Berté, commissaire général des JNPCA.

Cependant, les acteurs de ces filières peinent encore à obtenir une reconnaissance à la hauteur de leur impact économique. Cet événement entendait rectifier le tir en leur offrant une tribune pour s’exprimer et échanger avec les décideurs publics et privés.

L’un des axes principaux des JNPCA était la promotion de la consommation locale des produits issus du coton et de l’anacarde. Une exposition a présenté divers produits finis, allant des textiles ivoiriens fabriqués à partir de coton local à des dérivés de l’anacarde tels que le beurre de cajou, les noix grillées et même des boissons à base de pomme de cajou.

Pour le ministre de l’agriculture et développement rural, Adjoumani Kouassi, «la consommation locale est une voie royale pour booster la valeur ajoutée de nos matières premières et créer plus d’emplois en Côte d’Ivoire».

«En venant ici, j’ai été stupéfaite de découvrir des dames fabriquer à la main des fils à partir du coton brut, j’ai été même émerveillée de voir qu’à partir des noix de cajou on pouvait faire des épices et bien d’autres dérivés. Cette initiative est une belle aubaine pour nous étudiants d’en savoir plus sur nos cultures et le savoir-faire de nos parents mais également enrichir nos connaissances. Ces genres d’événements devraient être multipliés...», a souhaité avec enthousiasme Gbané Fatma, étudiante en science de la terre et en ressources pétrolières.

Au-delà des expositions, les JNPCA ont été ponctuées par des conférences et ateliers. Des experts nationaux et internationaux ont échangé sur des thématiques telles que la modernisation des techniques de culture, l’amélioration des chaînes de valeur et l’accès des producteurs à des marchés plus diversifiés.

Parmi les recommandations phares, l’ambition, l’importance d’accroître les capacités locales de transformation des produits agricoles en particulier pour le coton et l’anacarde, a été réaffirmée, «l’objectif est de bâtir une industrie textile et de transformation moderne et compétitive d’ici 2030, avec la moitié de la production transformée localement» a précisé Tiémoko Meyliet Koné, vice-président de la République de Côte d’Ivoire. Mais «cela passe par un accompagnement renforcé des producteurs et des PME du secteur».

La première édition des JNPCA a posé les bases d’une reconnaissance durable des producteurs de coton et d’anacarde, tout en sensibilisant les consommateurs à l’importance de préférer les produits locaux. Ainsi, des distinctions ont-elles été décernées à plusieurs producteurs pour célébrer l’excellence. Les meilleures sociétés coopératives nationales, aussi bien pour le coton que pour l’anacarde, ont été primées.

«C’est pour nous une reconnaissance nationale de leur contribution», a déclaré le ministre de l’agriculture. Avant de saluer le leadership des producteurs, qualifiant la Côte d’Ivoire de véritable «championne d’Afrique dans les spéculations agricoles».

A termes, ces journées s’inscrivent ainsi dans une dynamique de valorisation de modernisation des filières coton et anacarde en Côte d’Ivoire tout en créant une plateforme d’échanges pour renforcer la coopération entre les parties prenantes et aligner les actions sur une vision commune de durabilité et de compétitivité nationale et internationale.

En célébrant ces filières porteuses, la Côte d’Ivoire confirme son ambition de développer une économie plus inclusive et durable, tout en plaçant les producteurs au cœur de la stratégie de création de valeur. La deuxième édition, attendue avec impatience, pourrait encore renforcer cet élan.

Par Emmanuel Djidja (Abidjan, correspondance)
Le 21/01/2025 à 08h58