«L’Afrique a reçu, en 2021, quelque 100 milliards de dollars de transferts de sa diaspora, dont 10 milliards au moins pour le Maroc», a déclaré Nasser Bourita, ministre des Affaires étrangères, de la coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger. Mettant à profit ce forum, le chef de la diplomatie marocaine a dénoncé les coûts excessifs imposés aux transferts de la diaspora africaine.
Sur un transfert de 200 dollars, par exemple, l’émetteur africain paie 16 dollars de frais alors que l’asiatique s’acquitte de moins de 10 dollars, a fait remarquer le ministre, avant d’appeler ses pairs africains à mettre fin à cette aberration.
«Il faut passer maintenant à des actions concrètes grâce à la contribution des institutions financières africaines pour mettre fin à ces coûts de transfert excessifs», a affirmé Bourita à l’ouverture de ce forum qui a notamment vu la participation du ministre togolais des Affaires étrangères, Robert Dussey. Notons que ce dernier est également président du Haut comité de la décennie africaine 2021-2030 pour le développement et la diaspora, une instance relevant de l’Union africaine (UA).
Les deux ministres avaient à leurs côtés Annette Seck, ministre chargée des Sénégalais de l’extérieur.
Lire aussi : Egypte: les transferts de la diaspora ont atteint 29,1 milliards de dollars en 11 mois
«La question des Marocains résidant à l’étranger est importante pour Sa Majesté le Roi, c’est une question qui bénéficie de la sollicitude constante du Souverain», a souligné Bourita. Et d’ajouter: «Il faut aujourd’hui traduire la volonté politique et [passer] du plaidoyer aux actions concrètes. Que peut-on faire pour l’Afrique et pour sa diaspora de manière tangible?»
Le chef de la diplomatie marocaine a rappelé que la diaspora africaine, qui compte 150 millions d’individus répartis dans les quatre coins de la planète, est la 6ème la plus importante démographiquement.
Pour Bourita, cette diaspora est un vecteur de développement: «En plus d’être un pourvoyeur de fonds, la diaspora africaine est garante de stabilité macroéconomique. Ce que reçoit l’Afrique de sa diaspora est peut-être plus important que ce qu’elle reçoit en investissements directs étrangers.»
Les expatriés africains constituent «une source fiable et résiliente, même durant la pandémie, avec leurs importants transferts pour les économies africaines (…), mais la grande problématique, c’est le coût de ces transferts», a-t-il poursuivi.
Lire aussi : Voici le top 10 des pays bénéficiaires des transferts de fonds en Afrique, selon la Banque mondiale
«Les coûts de transfert sont les plus élevés au monde, étant de 8% pour l’Afrique et de 6% pour d’autres régions», a déploré Bourita. Et de souligner: «C’est très cher et c’est surtout en décalage avec l’ambition des Nations unies, à travers l’objectif 10 des Objectifs de développement durable qui fixe ce taux, à l’horizon 2030, à seulement 3%. On est loin de l’objectif onusien, et malheureusement, c’est un manque à gagner pour les économies africaines. C’est également dangereux, car cela favorise les circuits informels et crée une frustration en comparaison avec les diasporas d’autres régions du monde, notamment asiatiques.»
Les ministres de la diaspora du Togo et du Sénégal ont abondé dans le même sens, saluant les efforts du Royaume pour mettre fin à ce déséquilibre. Le ministre togolais, Robert Dussey, a estimé à 8% en moyenne la contribution des transferts de la diaspora africaine dans l’économie de chacun des pays africains.
Le wali de Bank Al-Maghrib, Abellatif Jouahri, a déploré les restrictions que commencent à appliquer des banques européennes à l’encontre de ces transferts. Ce durcissement est un défi à relever, a-t-il dit en substance. Le coût des transferts vers l’Afrique, selon lui, s’élève en moyenne à 8,5% de la valeur des envois mais peut aller jusqu’à 15%.