Des dizaines de milliers d’emplois sont en jeu dans la première économie du continent, frappée depuis vendredi par des surtaxes douanières de 30% sur la plupart de ses exportations vers les Etats-Unis, troisième partenaire commercial de Pretoria.
«Lorsque le document sera finalement rendu public, vous verrez à quel point la proposition est large, généreuse et ambitieuse», a déclaré le ministre de l’Agriculture John Steenhuisen, au côté de son homologue en charge du Commerce, Parks Tau.
Le duo n’a pas divulgué mardi les détails de la nouvelle offre, mais ils ont dit aux journalistes avoir accédé à une précédente demande de Washington visant à augmenter les importations par Pretoria de volaille, de myrtilles et de porc américains.
Lire aussi : Les droits de douane américains entrent en vigueur ce jeudi: les impacts sur les pays africains
Les secteurs de l’agriculture, de l’automobile et du textile sont particulièrement dépendants du marché américain en Afrique du Sud, pays où le chômage a encore augmenté au deuxième trimestre pour se porter à 33,2% (+0,3%) et toucher 8,4 millions de personnes, selon les chiffres officiels diffusés mardi.
Il pourrait encore empirer sous l’effet des surtaxes douanières américaines qui pourraient coûter à Pretoria de 30.000 à 100.000 emplois selon les estimations respectives du ministère du Commerce et de l’Industrie et du gouverneur de la Banque centrale.
L’équipe du président sud-africain Cyril Ramaphosa a été critiquée pour ne pas avoir conclu avec Washington un accord global, notamment par l’Alliance démocratique (DA), partenaire de circonstances du Congrès national africain (ANC) du chef de l’Etat dans la coalition gouvernementale mais opposant historique du parti au pouvoir depuis la fin de l’apartheid.
Chef de file de la DA, le ministre John Steenhuisen a affirmé mardi que des diplomates américains avaient soulevé lors de discussions des points de politique intérieure sud-africaine, ce qui était «surprenant étant donné qu’(il) pensait être dans le cadre d’une négociation commerciale».
Lire aussi : Le président sud-africain à Washington pour «raviver» la relation avec les Etats-Unis
Parmi les critiques publiques récurrentes de l’administration du président américain Donald Trump figurent une loi récente visant à faciliter la redistribution des terres et plus généralement des politiques de discriminations positives visant à réduire les inégalités héritées de l’apartheid, l’ex-régime de la minorité blanche.
«Des mesures comme l’expropriation sans compensation ou certaines lois ethniques en vigueur dans le pays sont considérées comme des obstacles au commerce avec l’Afrique du Sud», a déclaré à l’AFP John Steenhuisen, dont le parti demande lui-même la révision de cette législation.
«On assiste à une sorte de nouvelle ère où les échanges commerciaux et les droits de douane sont utilisés pour traiter d’autres questions», a déclaré Steenhuisen.
D’autres pays, dont le Brésil (50%) et l’Inde (50%), ont été frappés de «tarifs bien plus punitifs» en raison de désaccords idéologiques avec l’administration Trump, a-t-il ajouté.