Croissance: Maroc et Djibouti en hausse, Algérie, Egypte et Tunisie au ralenti, selon la Banque mondiale

le360

Le 11/04/2023 à 16h16

La croissance du PIB réel des pays de la région Afrique du Nord -incluant l’Egypte et Djibouti- devrait ralentir 2023, selon les dernières projections de la Banque mondiale. Détails.

Les économistes de la Banque mondiale viennent de revoir leurs prévisions de croissance pour la région Afrique du Nord et Moyen-Orient (Mena), à la lumière d’une conjoncture économique mondiale marquée par les incertitudes liées à la crise Russie-Ukraine et à ses impacts, notamment sur la hausse des prix des produits alimentaires et des hydrocarbures.

Intitulé «Destins bouleversés: effets à long terme de la hausse des prix et de l’insécurité alimentaire dans la région Moyen-Orient et Afrique du Nord», le bulletin d’information économique de la région Mena de l’institution prévoit une forte baisse de la croissance de la région. Celle-ci devrait passer de 5,8% en 2022, année marquée par une embellie chez les exportateurs de pétrole et de gaz de la région, à 3% en 2023e et 3,1% en 2024.

Toutefois, les pays de la région vont connaitre des trajectoires de croissance divergentes d’un pays à l’autre. Globalement, au niveau de la région, le ralentissement va être plus marqué dans les pays Mena exportateurs de pétrole «en raison de la résorption de la hausse des exportations de pétrole enregistrée en 2022».

Au niveau de la sous-région Afrique du Nord qui compte six pays, selon la division adoptée par la Banque mondiale -Algérie, Djibouti, Egypte, Libye, Maroc et Tunisie-, le rapport souligne que, par rapport à 2022, la croissance du PIB réel devrait ralentir en 2023 et 2024. Toutefois, ce ralentissement ne concerne pas tous les pays.

Ainsi, pour le Maroc, après une croissance du PIB réel de 1,2% en 2022, celui-ci devrait évoluer de 3,1% en 2023 et 3,3% en 2024. Idem pour Djibouti qui devrait voir sa croissance passer de 3% en 2022 à 4,4% en 2023 et 5,4% en 2024.

Par contre, l’Algérie, l’Egypte et la Tunisie vont enregistrer des croissances au ralenti. Ce sera particulièrement le cas pour l’Algérie dont l’économie est basée sur la rente pétrolière qui représente 95% des recettes d’exportation et la moitié de ses ressources budgétaires. Après une croissance de 3,1% en 2022, le pays devrait ainsi enregistrer un taux de croissance de seulement de 2% en 2023 et en 2024.

Toutefois, «ces projections pourraient présenter un certain potentiel de hausse, car les efforts de l’Europe tendant à diversifier son approvisionnement énergétique pourraient soutenir l’investissement dans le secteur des hydrocarbures en Algérie, ce qui améliorerait les perspectives à moyen terme», soulignent les prévisionnistes de la Banque mondiale.

Pour sa part, après une forte croissance de 6,6% en 2022, l’Egypte, devrait enregistrer une croissance de 4% pour les exercices 2023 et 2024. Selon les analystes de la Banque mondiale, «les prévisions de l’Egypte reposent sur l’idée que la récente dépréciation de la livre égyptienne pourrait avoir pour conséquence d’accroître la compétitivité du pays». En plus, soulignent-ils, «le développement du secteur des services (tourisme et activités du canal de Suez) et de celui de la construction devrait soutenir la croissance du PIB».

Quant à la Tunisie, Après une évolution de son PIB réel de 2,5% en 2022, celui-ci devrait ralentir à 2,3% en 2023 avant de remonter à 3% en 2024.

Evolution de la croissance des PIB réels des pays de l’Afrique du Nord

Pays & région2022e2023p2024p
Zone MENA5,8%3,0%3,1%
Algérie3,1%2,0%2,0%
Djibouti3,0%4,4%5,4%
Egypte6,6%4,0%4,0%
Maroc1,2%3,1%3,3%
Tunisie2,5%2,3%3,0%

Source: Banque mondiale

Au-delà de ces évolutions, les pays de la région continueront à être durement affectés par l’inflation. En 2022, outre la hausse des prix des produits alimentaires et des carburants chez les non-producteurs de pétrole, la hausse des prix a été renforcée par la dépréciation des monnaies de nombreux pays de la région vis-à-vis du dollar américain, monnaie de facturation des importations des carburants et de nombreux produits alimentaires. C’est particulièrement le cas de l’Egypte dont l’inflation a atteint des niveaux record suite à de multiples dépréciations de la livre égyptienne. Cette inflation constitue une source d’inquiétude pour les auteurs du rapport.

Face à cette situation, «le coût humain et économique de l’inaction est énorme, et des politiques audacieuses sont nécessaires dans une région où les jeunes représentent plus de la moitié de la population», a souligné Ferid Belhaj, vice-président de la Banque mondiale pour la région Mena.

Reste que les données du rapport ne sont que des prévisions qui pourraient évoluer selon un certain nombre de facteurs dont particulièrement l’évolution de la guerre Russie-Ukraine dans les mois à venir, la fin de la politique de resserrement du crédit adoptée par la Reserve Federale américaine et suivie par les grandes banque centrales…

Au-delà, les auteurs du rapport affichent leur inquiétude quant à l’ampleur de la crise d’insécurité alimentaire qui se profile dans la sous-région. Une situation induite par les effets simultanée des prix élevés des denrées alimentaires, de la faible croissance économique et des sécheresses constatées dans les pays de la région. Preuve que cette situation inquiète, la prévalence de l’insécurité alimentaire dans la région n’a cessé d’augmenter, passant de 11,8% en 2006 à 17,6% en 2023.

Par Moussa Diop
Le 11/04/2023 à 16h16