Égypte, Maroc et Tunisie: voici les montants transférés par la diaspora au terme des 10 premiers mois de 2024

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Le 02/12/2024 à 16h36

Les transferts des diasporas d’Égypte, du Maroc et de Tunisie continuent de croître de manière significative. Ces trois pays cumulent une communauté établie à l’étranger de 21 millions de personnes et figurent parmi les plus grands bénéficiaires des transferts des migrants.

L’Égypte, le Maroc et la Tunisie, avec des diasporas respectives de 13 millions, de 5,1 à 6,5 millions et de 2 à 2,5 millions de personnes, figurent, avec le Nigeria, parmi les plus importants bénéficiaires de transferts de migrants du continent.

Malgré l’intégration de ces expatriés dans les pays d’accueil, dont certains sont de la 3e génération, leurs relations avec leurs pays d’origine demeurent solides et importantes comme en attestent les transferts d’argent. Selon les données à fin octobre 2024, le volume des transferts des migrants de ces trois pays ont dépassé les 33 milliards de dollars. Un montant colossal, mais loin de refléter la réalité.

En effet, certains montants transférés échappent aux circuits officiels (banques, agences spécialisées...), en empruntant des voies parallèles pour échapper notamment aux coûts élevés du transfert et aux règlementations des changes des pays d’origine et bénéficiaires.

Globalement, ces transferts effectués par les diasporas ont des impacts positifs sur les pays récepteurs. En premier lieu, ces envois constituent des soutiens non négligeables aux familles restées au pays en les aidant dans leurs dépenses quotidiennes (loyer, frais courants, scolarité des enfants, soins…).

Ils constituent aussi des sources de devises importantes pour les pays bénéficiaire dont ils améliorent les réserves de change.

En Égypte, les transferts des migrants constituent, durant certaines années, la première source de devises du pays devant les exportations. Les expatriés égyptiens contribuent en conséquence à l’amélioration de la balance des opérations courantes.

L’Égypte demeure le premier pays bénéficiaire de ces transferts en Afrique grâce notamment à sa forte diaspora installée particulièrement dans les riches monarchies du Golfe.

Égypte: les expatriés, première source de devises

Selon les données de la Banque centrale d’Égypte (CBE), ces envois de fonds ont augmenté de 42% les neuf premiers mois de 2024, pour s’établir à 20,8 milliards de dollars, contre 14,6 milliards de dollars à la même période de 2023. Rien que pour le mois de septembre, les envois de fonds ont atteint 2,7 milliards de dollars. Selon la CBE, cette forte hausse résulte des mesures de réformes économiques entreprises par le gouvernement et qui ont permis de renforcer la stabilité financière du pays.

Avec 13 millions de migrants hors du continent, l’Égypte est le pays africain ayant la diaspora la plus importante. Selon les données officielles, le pays compte environ 13 millions d’Égyptiens établis à l’étranger, principalement dans les pays du Golfe et sont une importante source de main d’œuvre.


Les transferts des migrants égyptiens figurent à la première place des source de devises du pays, devant les exportations, le tourisme, les recettes du Canal de Suez et les investissements directs étrangers (IDE). Ils contribuent fortement à l’amélioration des réserves de change du pays, soutiennent l’économie. Ils constituent surtout une bouffée d’oxygène pour les familles égyptiennes, particulièrement durant ces années marquée par une forte poussée inflationniste.

Maroc: une progression de 80% par rapport à 2020

Le Maroc figure dans la Top 3 des grands pays bénéficiaires des transferts de migrants au niveau du continent, derrière l’Égypte et le Nigeria. Selon les données de l’Office des changes marocain, à fin octobre 2024, les transferts des migrants se sont établis 100,29 milliards de dirhams, en hausse de 3,9%. Il est intéressant de relever que moins du tiers des transferts des Marocains de l’étranger provient de France où résident la première communauté étrangère marocaine de l’étranger, estimée à 1,5 million d’âmes.

Selon les projections de Bank Al Maghrib, cette tendance haussière des transferts devrait se poursuivre le reste de l’année. L’institution monétaire marocaine table sur une hausse de 3% à 122 milliards de dollars courant 2025. À fin octobre, les envois de la diaspora marocaine constituent la seconde source de revenu, derrière les exportations et devant les recettes touristiques (97 milliards de dirhams).


Ces importants fonds se justifient par l’importante diaspora marocaine. Le nombre total de Marocains à l’étranger est compris entre 5,1 millions de personnes enregistrées dans les services consulaires du Maroc et 6,5 millions selon les estimations qui tiennent comptent des personnes qui ne le sont pas. Les MRE représentent donc entre 13,78 et 17,57% de la population totale marocaine selon le dernier recensement de la population de novembre 2024. La plus importante communauté marocaine est établie en France (environ 1,5 million), devant l’Espagne (900.000 personnes), la Belgique (400.000), les Pays-Bas (400.000), l’Allemagne (300.000), les États-Unis (150.000).

Tunisie: une source importante de devises

D’après les données de la Banque centrale de Tunisie (BCT), les envois des Tunisiens résidant à l’étranger (TRE) se sont établis à 7.068 millions de dinars au 20 novembre 2024, en hausse de 2,75%, par rapport à la même période de l’année dernière.


Les chiffres sur la diaspora tunisienne divergent selon les sources. Selon l’Office des Tunisiens à l’étrangers, la diaspora s’établit à 2,54 millions de personnes dont 1,38 million, soit 49%, installés en France. Les autres principaux pays d’accueil sont l’Italie (370.000 ), l’Allemagne (188.000), le Qatar (132.000).

Par contre, le ministère des Affaires sociales avance le chiffre de 2 millions de migrants tunisiens dont 49% le sont en France et 85% dans le reste de l’Europe. C’est donc une diaspora de proximité. Selon les statistiques du ministère, les migrants tunisiens représentent 15% de la population totale. Les transferts de la diaspora tunisiennes contribuent au développement économique du pays et représentent environ 7% du PIB du pays.

Par Moussa Diop
Le 02/12/2024 à 16h36