Emmanuel Macron en visite au Gabon ce dimanche: priorité à la formation et aux infrastructures

Le président français Emmanuel Macron attendu au Gabon, deux ans après la fin de l'ère Bongo

Le 23/11/2025 à 14h46

Le partenariat franco-gabonais entre dans une phase de renouvellement à l’issue d’une période de transition politique.

Le président français Emmanuel Macron entame une visite dimanche au Gabon visant à « renforcer et renouveler » le partenariat bilatéral, deux ans après le putsch qui a mis fin à 55 ans de dynastie des Bongo. Le chef de l’État français, qui poursuit une tournée africaine commencée à l’île Maurice et en Afrique du Sud, avant l’Angola lundi, est attendu à 17H30 (16H30 GMT) à Libreville.

Il s’entretiendra dans la foulée avec le président gabonais Brice Oligui Nguema, à l’origine du putsch, élu en avril après 19 mois de transition politique. Emmanuel Macron entend « saluer le parachèvement de la transition » et « soutenir » les nouvelles autorités, explique l’Élysée.

Cette visite, après celle du président Oligui à Paris en mai, s’inscrit dans une « dynamique politique profondément renouvelée », avec « un dialogue désormais fondé sur des échanges d’égal à égal », renchérit la présidence gabonaise. Le général Oligui a été élu à l’issue d’un scrutin durant lequel les observateurs internationaux n’ont constaté aucune irrégularité majeure.

Contrairement à plusieurs pays du Sahel qui ont tourné le dos à la France, ex-puissance coloniale, entre 2021 et 2023 après des coups d’État, les nouvelles autorités gabonaises ont maintenu les liens. « Le nouveau président est (...) bien plus francophile que son prédécesseur Ali Bongo » (2009-2023), qui avait ostensiblement pris ses distances avec Paris, relève François Gaulme, expert à l’Institut français des relations internationales (Ifri). Le pays a été dirigé pendant plus de 41 ans par Omar Bongo Ondimba (1967-2009), à qui son fils Ali avait succédé à sa mort en 2009.

Omar Bongo fut un pilier de la « Françafrique », système de cooptation politique, de réseaux et de chasses gardées commerciales entre Paris et ses anciennes colonies africaines. Après sa prise de pouvoir, le général Oligui a renouvelé le partenariat de défense avec la France pour deux ans. Cet accord devra de nouveau être approuvé en janvier prochain.

Reconfigurant son dispositif militaire en Afrique, la France a réduit sa présence militaire au Gabon à une centaine d’hommes - loin des 1.200 des années 2000. Cette présence est désormais axée sur la formation des forces gabonaises. Une Académie de protection de l’environnement et des ressources naturelles, formant des cadres spécialisés dans la lutte contre le braconnage et l’orpaillage illégal, va ainsi être installée au Camp de Gaulle, où sont basés les soldats français.

Les entreprises françaises espèrent de leur côté renforcer leur implantation dans ce pays d’Afrique centrale de 2,3 millions d’habitants où elles sont déjà très présentes dans les hydrocarbures, le manganèse et le bois. Le Gabon est un des tout premiers producteurs d’or noir d’Afrique subsaharienne et l’un des pays les plus riches du continent en PIB par habitant (8.820 dollars en 2022).

Mais l’économie, que le pouvoir ne parvient pas à diversifier suffisamment, dépend encore trop fortement des hydrocarbures, et un habitant sur trois vivait sous le seuil de pauvreté fin 2024, selon la Banque mondiale. L’Agence française de développement (AfD) participe à la réhabilitation du Transgabonais, l’unique voie ferrée du pays, vitale pour le transport de manganèse.

Un plan de rénovation lancé en 2024 prévoit de remplacer 270 des 648 km de traverses et de rails d’ici 2027 - un effort colossal en raison des sols instables, de la densité de la forêt tropicale et d’une pluviométrie importante. Le trajet Libreville-Franceville, possible trois fois par semaine, peut prendre 22 heures pour parcourir 650 kilomètres. Le trajet par la route se compte en jours, avec de longs tronçons de pistes défoncées, impraticables en saison des pluies.

Lors de sa précédente visite à Libreville en mars 2023, Emmanuel Macron avait affirmé que l’ère de la « Françafrique » était « révolue » et que la France était désormais un « interlocuteur neutre » sur le continent. Depuis son arrivée à l’Élysée en 2017, il prône une approche vis-à-vis de l’Afrique plus tournée vers les pays anglophones, la jeunesse, le travail mémoriel et des partenariats économiques « gagnant-gagnant ».

Par Le360 (avec AFP)
Le 23/11/2025 à 14h46