Entretien avec Samuel Munzele Maimbo, candidat à la présidence de la BAD: «L’Afrique a besoin d’actions audacieuses et pragmatiques, et je veux que la BAD montre la voie»

Samuel Munzele Maimbo, candidat de la Zambie à la présidence de la Banque africaine de développement (BAD).

Le 17/03/2025 à 15h19

EntretienDans cet entretien, le Zambien Samuel Munzele Maimbo, candidat à la présidence de la Banque africaine de développement (BAD), revient sur son programme, s’il est élu, décline son «Plan Marshall» pour l’Afrique, les réformes de l’institution, les risques liés aux contributions américaines sous l’ère Trump… Pouvant compter sur de nombreux soutiens, Dr Maimbo, l’un des favoris de l’élection de mai prochain, a plus de 30 ans d’expérience dans le développement, les marchés financiers, la mobilisation des ressources et la planification stratégique. Il est actuellement vice-président en charge du budget, à de l’examen des performances et de la planification stratégique à la Banque mondiale. Il aura face à lui quatre autres candidats.

L’élection à la présidence de la BAD se déroulera lors des Assemblées annuelles et du Conseil des gouverneurs du Groupe prévues du 27 au 29 mai 2025 à Abidjan, en Côte d’Ivoire. En attendant, les cinq candidats retenus pour cette élection battent campagne en sillonnant les principaux pays régionaux et non-régionaux de l’institution pour expliquer leurs programmes et solliciter leurs voix. La BAD, fondée en 1964, compte 81 pays membres, dont 54 pays africains.

Le360 Afrique: Quelle est l’importance de cette étape marocaine dans votre campagne pour la présidence de la BAD? Quels sont les principaux sujets que vous prévoyez d’aborder avec vos homologues marocains?

Dr Samuel Munzele Maimbo: Le Maroc est un membre clé de la Banque africaine de développement (BAD), un pays qui a démontré une résilience économique remarquable. Les Marocains font preuve d’un esprit entrepreneurial et innovant, notamment dans les secteurs de l’agriculture, du textile, et plus encore. La croissance rapide du secteur des fintechs au Maroc est une source d’inspiration. Tout cela illustre combien le Maroc peut apporter sa contribution au reste du continent. Mon objectif, en étant ici, est d’échanger avec les décideurs politiques et le secteur privé sur leurs priorités et d’explorer les nombreuses possibilités de collaboration.

Une priorité majeure pour moi, qui concerne tout le continent, est la création d’emplois et l’autonomisation des jeunes. La jeunesse africaine est notre ressource la plus précieuse.

Le Maroc joue également un rôle central dans le commerce et l’investissement intra-africains, notamment grâce à ses institutions financières et ses projets industriels. Je souhaite examiner comment la BAD peut renforcer l’engagement du Maroc avec le reste du continent, car l’intégration régionale est un pilier central de ma candidature.

«Le leadership du Maroc dans les énergies propres, notamment avec le complexe solaire Noor Ouarzazate, est un exemple éclatant des réalisations possibles.»

Il est également crucial de discuter des sources et de la distribution de l’énergie en Afrique afin de mettre en place une approche coordonnée et efficace qui profite à tous. Le leadership du Maroc dans les énergies propres, notamment avec le complexe solaire Noor Ouarzazate, est un exemple éclatant des réalisations possibles. J’ai hâte de débattre des moyens par lesquels la BAD pourrait améliorer les mécanismes de financement pour des projets similaires à grande échelle à travers le continent.

Je suis impressionné par les industries automobile et aéronautique marocaines, qui démontrent le potentiel d’industrialisation en Afrique. Mon intention est de reproduire ces réussites sur tout le continent grâce à des investissements en partenariat public-privé soutenus par la BAD et des cadres politiques adaptés. Enfin, compte tenu de l’expertise marocaine dans l’agro-industrie et son rôle de leader mondial dans les phosphates et les engrais, je souhaite collaborer avec les dirigeants marocains pour renforcer les partenariats visant à améliorer la productivité agricole et la sécurité alimentaire en Afrique.

Je suis profondément optimiste quant à ma visite au Maroc et j’espère que nos rencontres ouvriront la voie à une collaboration accrue avec la BAD à l’avenir.

Vous êtes l’un des favoris de cette élection. Pourriez-vous présenter les principaux axes de votre programme une fois à la tête de l’institution?

Ma vision pour la BAD est de la transformer en une institution orientée sur les résultats, capable de produire un impact réel et mesurable pour l’Afrique. Notre priorité sera l’efficacité opérationnelle, afin de gérer la Banque comme une institution financière de classe mondiale. En tirant parti des données, de l’innovation et de partenariats stratégiques, nous mobiliserons des ressources d’investissement privées et locales, tout en nous éloignant des modèles financiers dépassés qui ont freiné le potentiel africain. Je créerais un Conseil consultatif du secteur privé pour piloter des interventions à fort impact, tout en renforçant nos équipes pour qu’elles opèrent rapidement et à grande échelle, ainsi qu’en forgeant des partenariats solides avec les institutions financières africaines pour élargir notre portée et améliorer notre efficacité.

La transformation économique sera notre priorité. Nous accélérerons la mise en œuvre de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), approfondirons l’intégration régionale et investirons dans les infrastructures, l’énergie et la connectivité numérique pour générer une création massive d’emplois.

La gestion durable de la dette sera au cœur de notre approche, tout comme la mobilisation de ressources diversifiées. Nous veillerons à ce que les ressources propres de l’Afrique, telles que les fonds de pension ou les compagnies d’assurance, soient pleinement exploitées pour le développement, réduisant ainsi la dépendance aux emprunts extérieurs et améliorant l’accès au financement international en diminuant la perception des risques en Afrique.

Au centre de notre programme se trouvera une croissance inclusive. Nous mettrons un accent particulier sur l’accès des jeunes, des femmes et des petites entreprises à de nouvelles opportunités.

Nous investirons dans les atouts de l’Afrique, allant de l’agro-industrie aux industries créatives. La résilience climatique sera intégrée dans toutes nos actions, avec davantage d’investissements dans le financement vert, les marchés du carbone et les solutions d’énergie renouvelable. Nous prendrons également des mesures ciblées pour soutenir les États fragiles, reconnaissant que des investissements précoces dans la stabilité sont essentiels au développement à long terme.

«Un «Plan Marshall» pour l’Afrique est indispensable, car les approches trop progressives ne permettront pas de réaliser la transformation économique dont notre continent a besoin.»

L’Afrique a besoin d’actions audacieuses et pragmatiques, et je veux que la BAD montre la voie. Je m’engage à ce que chaque décision, chaque investissement et chaque initiative soient conçus pour produire des résultats concrets, stimulant la croissance africaine non par la bureaucratie mais par l’exécution, l’efficacité, le partenariat et une direction stratégique. Ensemble, nous construirons une Afrique économiquement autonome, prête à occuper sa juste place dans l’économie mondiale.

Vous avez évoqué l’idée d’un «Plan Marshall» pour l’Afrique. Pourquoi une telle initiative serait-elle nécessaire? Comment envisagez-vous son financement, et quel rôle la BAD pourrait-elle jouer?

Un «Plan Marshall» pour l’Afrique est indispensable, car les approches trop progressives ne permettront pas de réaliser la transformation économique dont notre continent a besoin. L’Afrique doit se libérer des cycles de dépendance à l’aide et du poids de la dette. Nous avons besoin d’investissements pragmatiques, hautement coordonnés et à grande échelle pour créer des emplois, construire des infrastructures résilientes et exploiter nos immenses opportunités économiques, dès aujourd’hui. Il est temps d’initier un nouveau cycle de croissance et de prospérité.

Pour financer cette initiative, il est essentiel de combiner des ressources nationales et internationales de manière innovante. La BAD jouera un rôle central en mobilisant les actifs financiers considérables déjà présents sur le continent, mais sous-utilisés pour le développement, tout en plaidant pour la création de nouveaux mécanismes de financement internationaux.

Nous devons repenser la gestion de la dette en favorisant des solutions de restructuration et de partage des risques qui permettent des emprunts durables pour le développement. Nous encouragerons également une meilleure capitalisation, notamment par le canal des Droits de tirage spéciaux (DTS) du FMI, tout en renforçant les statistiques de crédit et l’harmonisation réglementaire pour attirer les investissements mondiaux.

En tant que président de la BAD, je veillerai à ce que nous ne nous contentions pas de lever et distribuer des fonds, mais que nous les utilisions efficacement, en accélérant l’exécution des projets et en collaborant avec des partenaires régionaux et mondiaux pour maximiser l’impact. L’Afrique ne peut pas se permettre d’attendre. Nous devons agir avec détermination, en garantissant que chaque investissement se traduise par des progrès réels et mesurables pour nos populations.

Vous avez été l’un des architectes des réformes à la Banque mondiale, où vous occupiez un poste de direction. Quelles réformes prioritaires envisagez-vous de lancer au sein de la BAD si vous êtes élu ?

Si je suis élu, ma priorité sera de faire de la Banque africaine de développement (BAD) une institution performante et axée sur les résultats, capable de produire un impact réel pour l’Afrique. À la Banque mondiale, où je suis actuellement en congé spécial pour me consacrer à cette campagne, j’ai dirigé et mis en œuvre des réformes qui ont renforcé le processus budgétaire, les capacités financières, l’efficacité opérationnelle et l’impact du développement. J’apporterai à la BAD le même engagement pour l’efficacité, la responsabilité et l’innovation. Cela impliquera de consolider les structures de gouvernance, d’optimiser les processus décisionnels et de s’assurer que chaque département fonctionne avec des indicateurs de performance clairs. Je renforcerai les systèmes institutionnels, notamment en matière d’allocation budgétaire, de gestion des talents et de mesure des résultats, afin que la Banque atteigne les normes mondiales les plus élevées.

Un élément clé sera de renforcer le rôle de la BAD en tant que principal courtier du savoir en Afrique. Le financement seul ne suffit pas: les gouvernements et les dirigeants du secteur privé ont besoin d’analyses et de données de pointe pour orienter leurs décisions politiques et d’investissement ainsi que pour attirer des fonds. J’investirai dans les capacités de recherche et d’analyse de la BAD afin que nous fournissions une intelligence économique fiable et actualisée pour façonner les stratégies de développement de l’Afrique et améliorer sa perception sur les marchés mondiaux.

«Mon objectif sera de réduire de moitié les délais d’approbation et d’exécution des projets, avec un accent particulier sur les initiatives impliquant des investissements du secteur privé.»

Une autre priorité essentielle sera d’accélérer l’exécution des projets. L’impact du développement ne peut pas être retardé par des processus bureaucratiques lents. Mon objectif sera de réduire de moitié les délais d’approbation et d’exécution des projets, avec un accent particulier sur les initiatives impliquant des investissements du secteur privé. Cela nécessitera une modernisation de notre approche en matière de gestion des risques, un renforcement des partenariats et une intégration d’une culture axée sur la rapidité et l’efficacité dans toutes nos actions. La BAD doit être un catalyseur pour la transformation du continent, et je veillerai à ce que nous opérions avec l’urgence et le focus que méritent les gouvernements et les populations africaines.

Face aux défis sécuritaires et environnementaux qui entravent le développement du continent, quel rôle la BAD devrait-elle jouer, selon vous ?

La Banque africaine de développement (BAD) doit jouer un rôle de leader proactif pour relever les défis sécuritaires et environnementaux de l’Afrique, car ces enjeux sont fondamentaux pour notre avenir économique. Sans stabilité, les investissements ne viendront pas. Sans résilience environnementale, nos communautés et nos économies resteront vulnérables aux chocs climatiques.

«Sur le plan sécuritaire, la BAD doit intégrer la prévention des conflits dans sa stratégie d’investissement.»

Je veillerai à ce que la BAD n’attende pas que les crises s’aggravent avant d’agir. Nous adopterons une approche prospective en investissant dans des interventions précoces.

Sur le plan sécuritaire, la BAD doit intégrer la prévention des conflits dans sa stratégie d’investissement. Je renforcerai notre engagement dans les régions fragiles et touchées par des conflits en augmentant le financement des projets d’infrastructures, d’agriculture et d’énergie qui créent des emplois et améliorent les conditions de vie – des facteurs clés pour favoriser la stabilité et prévenir les conflits. La BAD devra collaborer étroitement avec l’Union Africaine et les organismes régionaux pour financer des efforts de stabilisation économique, en veillant à ce que le développement reste au cœur des initiatives de consolidation de la paix.

Sur les défis environnementaux, je positionnerai la BAD comme moteur de la transition de l’Afrique vers une économie résiliente au climat, en investissant massivement dans les nouvelles technologies, l’innovation et les données prédictives. Nous intensifierons les investissements dans les énergies renouvelables, l’agriculture durable et la sécurité hydrique, afin que les pays africains disposent des outils et des financements nécessaires pour respecter leurs engagements climatiques. Je défendrai également l’accès de l’Afrique aux financements climatiques en promouvant de nouveaux mécanismes tels que les marchés de crédits carbones, les obligations vertes et une meilleure capitalisation des fonds climatiques axés sur l’Afrique.

L’Afrique a le potentiel d’être un leader dans l’économie verte mondiale, et sous ma direction, la BAD contribuera à transformer ce potentiel en réalité.

Les contributions financières des États-Unis aux organisations internationales, comme la BAD, dont ils détiennent 6,35% des parts, sont remises en question par l’administration Trump. Comment la BAD pourrait-elle faire face à un éventuel retrait ou à une réduction des engagements financiers américains ? Compte tenu des divergences potentielles entre la vision de Trump sur les combustibles fossiles et les priorités climatiques de la BAD, comment concilier ces positions contradictoires ?

La décision des États-Unis de suspendre leur aide est préoccupante, mais elle rappelle l’importance pour l’Afrique de diversifier ses sources d’investissement.

L’aide au développement a joué un rôle crucial dans la croissance du continent, mais elle doit s’inscrire dans une stratégie financière plus large. Plus que jamais, la BAD doit se concentrer sur la facilitation des investissements du secteur privé, le recours aux partenariats public-privé et aux garanties stratégiques de prêts, ainsi que sur l’exploitation des ressources nationales sous-utilisées. Parallèlement, il est essentiel de renforcer les partenariats avec les banques multilatérales de développement (BMD) mondiales prêtes à investir en Afrique sous les bonnes conditions.

Les décisions de réduire ou d’arrêter l’aide se sont déjà produites et se reproduiront. Nous devons construire une base financière durable, résiliente et diversifiée pour garantir un développement africain accéléré et ininterrompu.

Historiquement, les États-Unis ont été un acteur majeur du financement du développement mondial, et leurs contributions à l’Afrique – qu’il s’agisse de programmes de traitement du VIH ou d’accès à l’électricité – ont eu des impacts significatifs. En fin de compte, nous partageons tous le même objectif : le succès économique et l’autonomie durable de l’Afrique. Mon expérience approfondie avec les gouvernements et les institutions mondiales m’a préparé à engager un dialogue productif avec toutes les parties prenantes, y compris le gouvernement américain.

Il existe une voie réaliste pour réduire la dépendance à l’aide tout en renforçant les bases économiques de l’Afrique. La BAD doit diriger cette transition en travaillant avec tous ses actionnaires pour promouvoir un avenir axé sur les investissements pour le continent.

La gestion des risques est cruciale pour une institution financière comme la BAD. Quelles sont vos propositions pour renforcer le cadre de gestion des risques afin de prévenir et d’atténuer les impacts des chocs exogènes ?

La gestion des risques est essentielle à la stabilité et à l’efficacité à long terme de la Banque africaine de développement (BAD). Pour renforcer notre cadre de gestion des risques, je mettrai en œuvre une approche proactive et basée sur les données, permettant d’anticiper, d’atténuer et de répondre plus efficacement aux chocs exogènes. Cela commencera par l’amélioration de notre capacité à évaluer et gérer les risques financiers, économiques et géopolitiques grâce à l’utilisation d’analyses avancées, de modèles prédictifs et d’informations en temps réel sur les marchés. En perfectionnant nos systèmes d’évaluation des risques, nous pourrons garantir que nos décisions de financement reposent sur une compréhension approfondie des conditions mondiales, régionales et locales en constante évolution.

«L’une de mes priorités sera également de diversifier la base financière de la BAD afin de réduire sa vulnérabilité aux chocs externes»

L’une de mes priorités sera également de diversifier la base financière de la BAD afin de réduire sa vulnérabilité aux chocs externes. Cela passera par l’expansion des mécanismes de partage des risques, tels que les garanties de portefeuille et les instruments de capital hybride, ainsi que par le renforcement des partenariats stratégiques. Je mettrai également l’accent sur des outils financiers innovants – comme les assurances contre les risques climatiques et les solutions financières structurées – pour offrir aux pays membres une plus grande résilience face aux ralentissements économiques, aux catastrophes climatiques et aux perturbations géopolitiques. Par ailleurs, je privilégierai l’intégration régionale, notamment via des projets d’infrastructures et d’approvisionnement en électricité, tout en harmonisant les réglementations pour faciliter les investissements transfrontaliers.

Sur le plan opérationnel, la BAD devra être agile et prête à répondre rapidement aux crises. Je moderniserai nos systèmes internes de suivi des risques afin de permettre des ajustements en temps réel dans nos stratégies de prêt, garantissant ainsi que nos instruments financiers soient flexibles et adaptables. Nous renforcerons également la gouvernance et la supervision de la gestion des risques, en instaurant une culture de responsabilité et d’anticipation stratégique à tous les niveaux de l’institution. Mon objectif est de positionner la BAD comme une institution visionnaire qui protège non seulement son intégrité financière, mais qui permet aussi aux économies africaines de résister aux chocs et d’en sortir renforcées avec rapidité et confiance.

Qui sont vos principaux soutiens pour votre candidature? Et comment prévoyez-vous de gérer l’impact potentiellement négatif de la candidature sud-africaine, sachant que l’Afrique du Sud est le 3ᵉ plus grand actionnaire africain de la BAD ?

Je suis honoré de bénéficier du soutien de deux blocs régionaux – la SADC et le COMESA – et profondément touché par leur confiance en ma capacité à diriger la BAD et à servir notre continent. Je travaille activement pour obtenir le soutien de toutes les régions du continent, car je suis fermement convaincu que chaque actionnaire de la Banque joue un rôle crucial dans la construction de l’avenir économique de l’Afrique, et l’Afrique du Sud ne fait pas exception.

Je me réjouis à l’idée de collaborer étroitement avec les dirigeants sud-africains pour faire avancer nos objectifs communs de développement. Je m’engage à encourager la coopération, à garantir que chaque voix d’actionnaire soit entendue et à œuvrer ensemble pour positionner l’Afrique comme une force économique mondiale majeure.

Par Moussa Diop
Le 17/03/2025 à 15h19