Exportation de produits d’origine animale vers l’UE: 3 pays africains se frottent les mains, 2 autres radiés

Patricia Llombart Cussac, ambassadrice de l’Union Européenne au Maroc, et le ministre marocain de l'Agriculture, Mohamed Sadiki, actant l’ouverture du marché de l’UE aux importations du miel marocain, le  23 avril 2024 à Meknès.

Patricia Llombart Cussac, ambassadrice de l’UE au Maroc, et le ministre marocain de l'Agriculture, Mohamed Sadiki, actant l’ouverture du marché de l’UE aux importations du miel marocain, le 23 avril 2024 à Meknès.

Le 30/04/2024 à 09h48

Grâce au respect des normes sanitaires et de qualité de l’UE, trois pays africains viennent de décrocher l’autorisation d’exporter des produits tels que le miel et les mollusques d’aquaculture vers le marché européen. Cette reconnaissance renforce leur intégration économique avec l’UE et ouvre de nouvelles perspectives pour le développement de leur secteur agroalimentaire. En revanche, deux autres pays africains viennent de se faire radier de la liste des pays autorisés à exporter des produits d’origine animale vers l’Union européenne.

Le règlement européen d’exécution 2024/334, entré en vigueur depuis le 11 février 2024, ouvre de nouvelles perspectives pour plusieurs pays africains souhaitant exporter des produits agroalimentaires d’origine animale vers le lucratif marché européen. Après des années d’efforts pour se conformer aux normes strictes de l’UE, le Maroc, le Rwanda et l’Afrique du Sud ont désormais l’aval pour respectivement exporter leur miel et leurs mollusques d’aquaculture. Une avancée qui témoigne de la volonté européenne d’approfondir ses liens commerciaux avec l’Afrique.

Il faut dire que le règlement 2024/334 est passé pratiquement inaperçu. Cependant, lors de la 16ème édition du Salon International de l’Agriculture au Maroc (SIAM) qui s’est récemment déroulée à Meknès, une annonce suscite l’intérêt: l’ouverture du marché de l’Union européenne aux importations de miel marocain. Cette ouverture a été célébrée le mardi 23 avril 2024 à Meknès, en présence du ministre marocain de l’Agriculture, de la Pêche Maritime, du Développement Rural, et des Eaux et Forêts, Mohammed Sadiki, ainsi que de l’Ambassadrice de l’Union Européenne au Maroc, Patricia Llombart Cussac.

Cette mise à jour réglementaire s’inscrit dans la politique commerciale européenne visant à ouvrir prudemment ses frontières aux importations issues de pays tiers, sous réserve du respect de normes de sécurité sanitaire parmi les plus exigeantes au monde. Un processus long et fastidieux pour les pays candidats, qui doivent revoir en profondeur leurs systèmes de contrôle et démontrer des capacités de traçabilité équivalentes à celles en vigueur dans l’UE.

Le Maroc et le Rwanda, nouvellement agréés pour le miel, disposent désormais d’une certification phytosanitaire leur permettant de rassurer les consommateurs européens. L’Afrique du Sud étend quant à elle son offre exportable avec les mollusques/gastéropodes marins d’élevage, une filière émergente à fort potentiel. Un gage de qualité sanitaire indispensable sur ce marché ultra-concurrentiel.

Pour une meilleure intégration commerciale

Au-delà des simples enjeux sanitaires, cette reconnaissance mutuelle des normes constitue une étape cruciale vers une meilleure intégration économique entre l’UE et l’Afrique. En facilitant les échanges de produits clés comme le miel ou les fruits de mer, elle contribue à réduire les barrières commerciales tout en stimulant les investissements dans la modernisation des filières agroalimentaires africaines.

Une ouverture qui profite à tous: pour les consommateurs européens, l’accès à un plus large éventail de produits de qualité à des prix compétitifs, pour les exportateurs africains, la possibilité de diversifier leurs débouchés et d’améliorer leurs marges dans un marché premium. Des retombées économiques non négligeables pour les pays concernés en termes de balance commerciale, d’emplois et de développement rural.

Vive concurrence internationale

Malgré ce pas en avant, les entreprises africaines ne doivent pas sous-estimer les défis pour réussir leur pénétration du marché unique. Confrontées à une vive concurrence internationale, elles devront impérativement maîtriser leurs coûts de production et logistique pour rester compétitives. La montée en gamme vers des produits à plus forte valeur ajoutée (miels d’appellation, préparations alimentaires, etc.) représente également un axe de différenciation stratégique.

L’application effective de ce nouveau règlement, prévue pour le 29 novembre 2024, donc dans environ 7 mois, promet de nouvelles évolutions dans les mois à venir. D’autres pays comme le Kenya ou la Jamaïque, récemment radiés faute d’avoir actualisé leurs plans de contrôle, tenteront très certainement de réintégrer la liste. Une dynamique à suivre de près, tant les enjeux économiques et sanitaires sont déterminants pour la compétitivité du secteur agroalimentaire africain.

Le Kenya et le Mozambique out

Le règlement européen d’exécution 2024/334 n’a pas fait que des heureux sur le continent. Deux pays africains ont été radiés de la liste des pays autorisés à exporter des produits d’origine animale vers l’Union européenne. Le premier est le Kenya. Le pays d’Afrique de l’Est a été radié car il n’a pas soumis de plan de contrôle actualisé pour les produits composites utilisant du lait transformé et/ou des œufs transformés en provenance de l’UE ou d’un pays tiers agréé (le Bangladesh et le Nicaragua). Le Mozambique a également été radié pour la même raison que le Kenya, à savoir le non renouvellement de son plan de contrôle pour les produits composites à base de lait et/ou œufs transformés importés.

Ainsi, ces deux pays ont été retirés de la liste en raison d’un manquement administratif, n’ayant pas fourni dans les délais les documents attestant que leurs systèmes de contrôles sanitaires respectaient bien les normes européennes pour ces produits spécifiques.

Cela montre l’importance pour les pays tiers exportateurs de se conformer aux processus réglementaires européens, sous peine de se voir interdits de certains marchés malgré les efforts déployés pour obtenir les agréments nécessaires.

Par Modeste Kouamé
Le 30/04/2024 à 09h48