Une mesure est particulièrement attendue: la révision du code minier prévue dans les prochaines semaines.
Le texte actuellement en vigueur, depuis 2014, a «facilité l’arrivée de nombreux investisseurs», en allongeant notamment la durée de vie des permis et en créant un cadastre pour plus de transparence, explique le directeur général des mines, Seydou Coulibaly.
Le nouveau code devrait accorder plus de place aux entreprises et aux communautés locales, ajoute-t-il, dans l’intérêt de l’économie nationale.
Peu de détails ont filtré sur le contenu de ce texte mais le ministre des Mines, Mamadou Sangafowa Coulibaly, a appelé les experts qui planchent sur le document à prendre des dispositions pour «assurer l’équité dans la répartition de la richesse, une fois la découverte mise en évidence».
«Le nouveau code sera plus attrayant, les moyens sont en train d’être mis en place pour que l’exploitation bénéficie aussi aux Ivoiriens, notamment en associant les banques nationales, sans décourager les investisseurs internationaux», confirme Cédric Séhé, spécialiste du domaine et président de la CAMP2E, une structure de promotion du secteur minier dans le pays.
Car depuis environ dix ans, les découvertes de gisements d’hydrocarbures et de minerais se multiplient, la production augmente et les ressources se diversifient.
Lire aussi : Côte d’Ivoire: début de la production en 2028 d’un gisement aurifère «de classe mondiale»
Trois importants gisements de pétrole et de gaz ont été découverts depuis 2021, la production d’or a quadruplé entre 2012 et 2023 (de 13 à 51 tonnes) et le pays possède également du fer, du diamant, du nickel, du manganèse, de la bauxite, du cuivre et a récemment découvert du coltan.
En dix ans, le nombre de permis de recherche miniers actifs a augmenté de 140 à 189 et le nombre de permis d’exploitation a triplé (de 9 à 29).
Et le poids économique du secteur s’est considérablement alourdi sur la même période: de 1,5% à 4% du PIB et des recettes fiscales mutipliées par vingt, à 250 milliards de francs CFA (381 millions d’euros), selon le Groupement professionnel des miniers de Côte d’Ivoire (GPMCI).
Pour la seule année 2023, le volume des investissements dans le secteur minier ivoirien est estimé à plus de 500 milliards de francs CFA (762 millions d’euros).
Alors la Côte d’Ivoire veut une part plus importante de ce gâteau en pleine croissance.
Une loi adoptée en 2022 vise déjà à «promouvoir et développer le contenu local», mais concerne seulement les activités pétrolières et gazières.
Lire aussi : Côte d’Ivoire : les pistes privilégiées pour doubler la production d’or d’ici 2030
Lors d’appels d’offres, les entreprises ivoiriennes ou de droit ivoirien doivent être préférées à compétences égales, et certaines activités doivent être réalisées exclusivement par des entreprises ivoiriennes.
C’est le cas du «slickline», explique Erus Djimo, directeur des opérations de l’entreprise ivoirienne Hydrodrill, qui exploite deux blocs de pétrole et de gaz.
Cette technique utilisant un câble qui permet de faire passer des outils dans des puits de pétrole, «dont le niveau de technologie est à la portée des entreprises locales», assure-t-il au Salon international des ressources extractives et énergétiques (Sirexe), à Abidjan.
Manque d’accompagnement financier
Lors de cet événement organisé par le gouvernement ivoirien, dont la première édition s’est tenue fin novembre à Abidjan, des entreprises locales étaient représentées aux côtés des poids lourds étrangers comme l’italien Eni ou le canadien Endeavour Mining.
La loi de 2022 incite également les entreprises appartenant aux industries pétrolières et gazières à «recruter et employer en priorité du personnel de nationalité ivoirienne» et à former une main d’oeuvre locale.
En mai, le ministre Sangafowa Coulibaly, a aussi annoncé la création d’une plateforme numérique dédiée au «contenu local» pour dématérialiser les procédures administratives, demandes ou renouvellements d’agrément et donner accès à des appels d’offres, dans le domaine des hydrocarbures.
Cette nouvelle politique est une «opportunité de se développer», estime Faustin N’Dri N’Guessan, chargé d’affaires commerciales de l’entreprise de fabrication et de maintenance d’infrastructures Kuyo Pipeline.
Mais «aujourd’hui, on n’a pas véritablement d’accompagnement financier», regrette-t-il, ajoutant que l’Etat doit «comprendre qu’il faut créer des fonds».
Pour l’instant ils sont souvent étrangers, ou issus d’initiatives privées. Lors du Sirexe, le GPMCI a ainsi annoncé la création d’un fonds d’investissement visant à soutenir les entreprises locales et la formation.