En termes financement, les six premiers mois de l’année n’ont pas été très fructueux pour les startups africaines. Elles ont levé en tout 951 millions de dollars, soit une baisse de 54% par rapport au premier semestre 2022. C’est ce que révèle le cabinet de recherche Magnitt, spécialisé dans l’analyse des données sur le capital-investissement, dans un rapport intitulé «H1 2023 Africa Venture investment summary» publié le 11 juillet.
Cette baisse a été plus prononcée au deuxième trimestre 2023, avec seulement 376 millions collectés, soit le montant le plus faible jamais levé sur un trimestre depuis près de deux ans, précise cet organisme basé à Dubaï.
Le cabinet de recherche explique cette situation par l’inflation élevée et la croissance morose des pays africains lesquelles ont dissuadé les investisseurs en capital-risque. «Bien que la croissance économique en Afrique varie selon les régions, l’inflation persistante due à la hausse des prix des denrées alimentaires et de l’énergie, ainsi que l’affaiblissement des monnaies et la croissance limitée des investissements en raison de la hausse des taux d’intérêt et de la pénurie de plus en plus forte de liquidités, continuent d’entraver les économies africaines, les poussant à ralentir encore cette année », souligne-t-elle.
Face à cette situation, de nombreux investisseurs prennent moins de risques. Une bonne partie d’entre eux privilégient les startups qui effectuent leur première levée de fonds (early-stage), avec des transactions inférieures ou égales à 1 million de dollars.
A noter que l’étude ne prend pas en compte les financements par dette (venture debt), les offres au public de jeton (ICO) et les subventions.
Dans le premier modèle, la startup souscrit à un emprunt à taux d’intérêt élevé (entre 8% et 15%), avec une durée de remboursement de trois à cinq ans. Quant à l’ICO, c’est une opération de levée de fonds par laquelle une société ayant un besoin de financement émet des jetons, aussi appelés « tokens », auxquels les investisseurs souscrivent principalement avec des crypto-monnaies.
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L’émirati Chimera Capital a été le premier investisseur durant le premier semestre 2023, avec 260 millions de dollars, suivi du chinois Tencent Holdings (43 millions de dollars), le suisse Blue Earth Capital (39 millions de dollars), le japonais Sumitomo Corporation (37 millions), et le britannique Apis Partners (31 millions).
Le secteur des Fintech ont reçu le plus d’investissements avec plus de 540 millions de dollars, devant celui de l’énergie (70 millions), la santé (69 millions), le commerce électronique (68 millions) et l’agriculture (58 millions).
L’Egypte, premier bénéficiaire des investissements
Avec 305 millions de dollars récoltés, l’Egypte est le pays qui a reçu le plus d’investissements en capital-risque en Afrique, supplantant pour la première fois le Nigéria. Les 260 millions de dollars levés par la fintech égyptienne MNT-Halan y a bien contribué.
L’Afrique du Sud arrive deuxième avec 290 millions de dollars, suivi du Nigeria (161 millions de dollars), et du Kenya (143 millions de dollars. Quatre pays qui se sont accaparé 94,5% du total des financements startups techs.
Top 4 des pays africains qui ont reçu le plus de financements au premier semestre 2023
Rang | Pays | Montants levés ( en dollars) |
---|---|---|
1er | Egypte | 305 millions |
2ème | Afrique du Sud | 290 millions |
3ème | Nigeria | 161 millions |
4ème | Kenya | 143 millions |
Source: Rapport «H1 2023 Africa Venture investment summary»
Selon le rapport, les transactions ont également connu une baisse de 50% durant le premier semestre 2023, par rapport à la même période en 2022.
Le Nigéria conserve son leadership avec 63 opérations, devant le Kenya (45 transactions), l’Afrique du Sud (32) et l’Egypte (23). Un « big 4 » qui a concentré 76,1% de l’ensemble des « deals » sur le continent.