Chaque année, des sommes colossales sont transférées illégalement du continent africain vers le reste du monde. Ces flux financiers illicites, qui regroupent l’évasion fiscale, les transactions commerciales frauduleuses, le blanchiment d’argent, les pots-de-vin, les transferts abusifs de bénéfices… coûtent annuellement jusqu’à 90 milliards de dollars au continent africain. Une manne financière exceptionnelle perdue aussi bien par le secteur public que le privé et qui aurait dû rester sur le continent et contribuer à son développement.
La situation est telle que la Conférence du réseau panafricain sur la lutte contre les flux financiers illicites en Afrique compte en discuter en juin prochain. Une réunion qui aura pour thème «Des paroles aux actes». Au-delà des constats, pour l’Union africaine, il est impératif d’assurer un recouvrement rapide et la restitution des avoirs transférés illégalement hors du continent.
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Pour évaluer l’ampleur du phénomène, ces transferts représentent actuellement près de 3 fois le montant de l’aide publique au développement que reçoit annuellement le continent.
Cette somme représente le flux d’investissement directs étrangers (IDE) vers l’ensemble des pays l’Afrique réunis. En 2020, un rapport de la Cnuced -Conférence des Nations unies pour le commerce et le développement- avait estimé ces flux à 88,6 milliards de dollars par an, correspondant à 3,7% du Produit intérieur brut du continent. Ce qui est énorme.
Parmi les grandes catégories de flux financiers illicites qui impactent négativement l’Afrique, les pratiques fiscales et commerciales frauduleuses constituent les principales causes de sorties échappant à tout contrôle de capitaux du continent. Elles sont généralement le fait de multinationales implantées au niveau du continent. Parmi les domaines d’activité les plus touchés, figure le secteur extractif africain qui fait perdre au continent entre 30 et 52 milliards de dollars par an à cause des fausses facturations au cours des transactions commerciales internationales.
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Les conséquences de ces fuites de capitaux sont néfastes pour le continent. Les montants perdus constituent un manque à gagner qui pourrait être orienté vers la réalisation d’infrastructures (centrales électriques, unités de santé, universités…), investi dans des projets productifs créateurs de valeur ajoutée et d’emplois… En clair, ces flux se traduisent par une diminution des dépenses publiques et des investissements des Etats africains.
Ensuite, ces flux constituent un manque à gagner en devises conséquent pour le continent surtout durant cette période de reflux des réserves de change des pays africains sous l’effet combiné de la hausse des cours des produits importés (hydrocarbures, produits alimentaires…) et l’appréciation du dollar américain par rapport aux monnaies africaines. Une situation qui accentue la dépréciation des monnaies locales.
Face à cette situation, plusieurs mesures sont initiées en Afrique pour stopper l’hémorragie. Parmi les solutions préconisées figurent la coopération fiscale internationale, la lutte contre la corruption dans les secteurs extractifs…
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Toutefois, les résultats obtenus par les pays africains sont globalement négligeables. Il faut reconnaitre que le problème des flux financiers illicites est avant un problème de gouvernance. La mise en place dans les pays africains d’institutions efficaces, responsables et transparentes à tous les niveaux est essentielle pour lutter efficacement contre ces flux financiers illicites. Malheureusement, la bonne gouvernance n’est pas l’apanage des pays africains, à quelques exceptions près. Les élites africaines sont globalement corrompues et contribuent fortement aux transferts illégaux.
Enfin, le problème des flux financiers illicites étant transfrontalier, et bénéficiant surtout aux pays développés d’où sont originaires les multinationales à l’origines des évasions fiscales et des sous-facturations, il est essentiel d’agir au niveau continental et mondial pour mieux lutter contre ces flux illicites.
A ce titre, la lutte menée par les pays de l’OCDE contre les paradis fiscaux où transitent ces mouvements des capitaux illicites en provenance de l’Afrique est essentielle. Toutefois, celle-ci paraît, pour le moment, peu efficace du fait des protections dont jouissent ces paradis fiscaux qui jouissent de cette manne de flux financiers illicites.