Un Conseil africain de la logistique, un Observatoire de la performance, un guichet unique digitalisé, des corridors harmonisés et une académie: cinq décisions structurantes viennent d’être actées pour désenclaver le continent.
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La première édition du Forum Dakhla Africa Logistics qui a eu lieu du 20 au 21 novembre 2025 s’achève sur un appel unanime et structurant: bâtir un écosystème logistique africain intégré. Consacré au thème «Une Afrique connectée, durable et souveraine», ce rendez-vous panafricain majeur a rassemblé près de 300 acteurs clés – ministres africains des Transports et de la Logistique, notamment d’Afrique de l’Ouest et Centrale, représentants d’organisations régionales, bailleurs de fonds, chefs d’entreprise et experts technologiques – autour d’une ambition: positionner Dakhla comme pivot stratégique de la connectivité afro-atlantique et accélérer l’intégration économique continentale, en soutien direct à la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf).
Le projet d'Académie africaine du commerce et de la logistique vise à combler le déficit de capital humain qualifié à travers des programmes dédiés aux jeunes et aux cadres, et une mobilité académique accrue.. Le360
Un Conseil africain de la logistique et un Observatoire pour piloter l’intégration
Face à la fragmentation actuelle, les participants ont souligné l’urgence d’une coordination continentale renforcée. Leur recommandation phare: la création d’un Conseil africain de la logistique et d’un Observatoire africain de la performance logistique. Des instances indispensables pour harmoniser les politiques, suivre les coûts et délais qui étouffent notre compétitivité, et créer un cadre de coopération efficace entre États, régions et opérateurs privés. Un axe de gouvernance qui vise à transformer la ZLECAf d’un accord commercial à une réalité opérationnelle, en adressant spécifiquement les goulots d’étranglement logistiques qui freinent les échanges intra-africains, stagnants à seulement 15% du commerce continental.
La modernisation technologique a été identifiée comme un catalyseur essentiel. Le forum a appelé à une généralisation accélérée de la dématérialisation (procédures sans papier), de la traçabilité des marchandises et de l’interopérabilité des systèmes portuaires et douaniers à l’échelle africaine. En la matière, l’expérience marocaine du guichet unique sert de modèle: les participants plaident pour le déploiement d’un guichet unique africain. Disons que l’interconnexion numérique de nos douanes et ports n’est plus une option, c’est la condition sine qua non pour réduire les délais et les coûts de transit, et rendre la ZLECAf tangible pour les opérateurs.
Le développement et l’harmonisation des corridors logistiques sont au cœur de la stratégie. Les discussions ont mis l’accent sur le renforcement critique des axes atlantiques, sahariens et transafricains, ainsi que sur l’importance vitale d’améliorer l’accès à la mer pour les pays enclavés. Cela passe par le développement de liaisons routières, portuaires et multimodales modernisées et fiables, notamment en s’appuyant sur le port Atlantique de Dakhla et la voie express Tiznit-Dakhla.
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La création de zones logistiques spécialisées, adaptées aux besoins sectoriels spécifiques, a également été plébiscitée pour soutenir la compétitivité industrielle et commerciale du continent. Il faudrait garder à l’esprit que les corridors fluides et des plateformes logistiques efficaces sont les artères de l’intégration économique. C’est la clé pour désenclaver les régions et fluidifier les échanges.
Quid de la logistique durable, le capital humain et les partenariats?
La question environnementale est intégrée à la vision stratégique. Les participants ont insisté pour que la croissance logistique soit synonyme de durabilité. Des recommandations concrètes ont émergé: la création d’un label «Green Logistics Africa», le développement de corridors logistiques bas-carbone, et la valorisation du potentiel de Dakhla comme futur pôle de l’hydrogène vert. Ainsi, les pays africains s’offrent l’opportunité de construire une logistique décarbonée dès la phase de structuration. Le label Green Logistics et les corridors bas-carbone positionneront notre continent en leader d’une croissance responsable.
Reconnaissant que les infrastructures et les technologies ne suffisent pas, le forum a mis en avant l’impératif de renforcer les compétences. Justement, la proposition d’une Académie africaine du commerce et de la logistique, basée à Dakhla, avec des programmes dédiés aux jeunes et aux cadres, et une mobilité académique accrue, vise à combler le déficit de capital humain qualifié.
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Enfin, le rôle crucial des partenariats public-privé (PPP) pour le financement et la gestion des infrastructures a été réaffirmé, tout comme la nécessité absolue d’harmoniser les normes, certifications et documents de transport. Autant dire que sans harmonisation réglementaire et sans coopération étroite entre public et privé, les meilleures infrastructures et les technologies les plus avancées resteront sous-utilisées. C’est la condition pour une mise en œuvre effective de la ZLECAf.
Ainsi, ce forum inaugural ambitionne de dépasser le cadre national. Il aspire à devenir le catalyseur d’une connectivité afro-atlantique renforcée et un maillon essentiel des corridors transsahariens et transafricains en construction. Les appels lancés depuis Dakhla esquissent les contours d’une souveraineté logistique africaine, fondée sur la connectivité, la durabilité, l’efficacité numérique et la coopération, pour enfin libérer le potentiel économique du plus grand marché unique émergent au monde.
L’Afrique bâtit son écosystème logistique souverain
| Aspect clé | Détails |
|---|---|
| Contexte & Ambition | Forum inaugural (20-21 nov. 2025) à Dakhla, rassemblant 300 acteurs panafricains (ministres, bailleurs, entreprises). Objectif : Faire de Dakhla un hub stratégique pour l’intégration économique africaine, soutenir la ZLECAf. |
| Recommandations Phares | 1. Gouvernance : Conseil Africain de la logistique + Observatoire de la performance. 2. Digitalisation : Guichet unique africain inspiré du modèle marocain. 3. Infrastructures : Renforcement des corridors atlantiques/sahariens/transafricains et zones logistiques spécialisées. 4. Durabilité : Label « Green Logistics Africa » + corridors bas-carbone + pôle hydrogène vert à Dakhla. 5. Formation & PPP : Académie africaine du commerce/logistique à Dakhla ; harmonisation des normes/PPP. |
| Objectifs Stratégiques | - Fluidifier les échanges intra-africains (actuellement 15% du commerce continental). - Positionner Dakhla comme pivot afro-atlantique. - Bâtir une souveraineté logistique via connectivité, durabilité et coopération. |












