Aussi loin que le regard peut porter, des terres fertiles s’étalent jusqu’à l’horizon et ne demandent qu’à être valorisées. Officiellement, Alpha Oumar Taran Dial est secrétaire général de l’Institut supérieur agronomique de Faranah, mais en dehors, il cultive un domaine de plus 100 hectares entièrement consacrés au riz. «Bien entendu, c’est un sentiment de fierté. Je ne fais pas ça uniquement pour ma nourriture et celle de mon équipe, ça permet de contribuer à l’autosuffisance alimentaire du pays.»
Ces épis de riz dorés sont le résultat de cinq mois d’intenses activités. Et surtout un lourd investissement. Rien que le labour a coûté près de 70 millions de franc guinéens et la semence 25 millions. À cela, il faut ajouter une bonne dose de patience. Ici, la terre est cultivée sans engrais. Pour produire la seconde céréale produite au monde, après le blé, tout est bio. Il y a Zéro herbicide dans ce domaine qui emploie deux salariés et a créé 20 emplois indirects.
Lire aussi : Culture de la pomme de terre en Guinée: un champignon microscopique ruine un héritage séculaire
Dans ce domaine, sont cultivées plusieurs variétés de riz, dont certaines expérimentées pour la première fois et les résultats sont plutôt encourageants, confie Amadou Boyi Diallo, ingénieur Agronome. «Sur ces 100 hectares, nous semons la variété dite M6 caractérisée par la hauteur de sa tige et qui la particularité de s’allonger tant qu’il y a de l’eau. On a une autre variété du riz parfumée qu’on appelle l’aromatisée. Une autre dont on ignore le nom, mais comme on sait qu’elle est originaire de Sierra Leone, nous l’avons a surnommée le riz léonais. Nos champs sont également cultivés des variétés CK90, Diana et d’autres encore.»
La production de Faranah s’ajoute à celles des autres régions et qui ont propulsé la Guinée au 2e rang des producteurs de riz en Afrique de l’Ouest. En 2023, selon le ministère de l’Economie et des Finances, cette production a permis au pays d’assurer plus de 65% de sa consommation nationale en riz, contre moins de 50% pour la majorité des pays de la sous-région ouest africaine. «Entre 2022 et 2023, les importations de riz ont baissé de 9% en volume et une augmentation de 12% de la production de riz est attendue en 2024», a précisé le communiqué du gouvernement.
Malgré ces avancées, la région ne manque pas de difficultés en tête desquelles «la faible maîtrise de l’eau» comme en atteste cette note de présentation de Faranah. «La région est à vocation essentiellement agro-pastorale avec d’importantes potentialités agricoles dont la valorisation souffre encore de la faible maîtrise de l’eau (3,81% des superficies) et de l’utilisation des méthodes traditionnelles donnant de faibles rendements. L’élevage des bovins, ovins, caprins et volaille est pratiqué par plus de 32.000 ménages.»
Lire aussi : Guinée: les états-généraux de l’agriculture et l’élevage pointent du doigt la corruption
Et à Alpha Oumar Taran Dial d’apporter de l’eau au moulin des rédacteurs de cette note de Guinée Politique: «Vous avez remarqué qu’il y a des endroits où l’eau fait des dégâts. Mais comparés à nos voisins, on peut dire qu’on a eu de la chance parce que eux ont tout perdu». Le secrétaire général de l’Institut supérieur agronomique de Faranah cite en exemple le cas de certains cultivateurs qui ont emblavé 50 hectares, «mais qui n’ont pu récolter le moindre grain.»
La solution viendrait, selon lui, de l’aménagement de ce périmètre par l’État, un investissement qui s’ajouterait aux 1.900 milliards de francs guinéens consentis en 2023 pour le secteur agricole, selon le ministère de l’Economie et des Finances. «Il est vrai qu’un un grand pas qui est franchi parce que dans toutes les préfectures, des tracteurs et des moissonneuses-batteuses sont proposés à des prix abordables pour une prestation de services. Et ça c’est extrêmement important.»
En dépit des contraintes, Alpha Oumar Taran Dial espère obtenir en fin d’année, période de la récolte, une bomme moisson ce qui lui permettrait de doubler sa surface exploitée à 200 hectares.