Le 23 mars, l’once d’or (31,1 grammes) s’est échangée jusqu’à 2.009 dollars, cassant la barre des 2.000 dollars. Seulement, alors que tout le monde croyait que le métal jaune se dirigeait vers son pic historique à 2.061 dollars, enregistré le 7 août 2020, celui-ci a reculé lors de la séance du 27 mars, sous l’effet du début de la fin de la crise du Crédit Suisse, racheté par son rival UBS, et la maitrise de la crise bancaire aux Etats-Unis, pour se situer à 1.956,68 dollars l’once à la clôture.
Il n’en demeure pas moins qu’à ce niveau, le cours du métal jaune affiche une performance annuelle de 9,20%, poussée ces dernières semaines par les faillites de banques américaines dont la Sillicon Valley Bank (SVB) en Californie et l’écroulement du Crédit Suisse rachetée par UBS. Mieux, soutenu par les achats des banques centrales, l’or pourrait rebondir dans les semaines à venir, pronostiquent certaines banques d’affaires.
Ainsi, Goldman Sachs a présenté un nouvel objectif de prix de l’or sur 12 mois à 2.050 dollars l’once, contre 1.950 dollars précédemment. En clair, les investisseurs continuent d’avoir confiance en l’or. Logique, dans un contexte mondial d’incertitude, le métal jaune joue pleinement son rôle de valeur de refuge.
En plus, selon les analystes, si jamais la hausse des taux directeurs marque le pas durant l’année en cours, ce qui est fort probable vu le niveau actuel du taux directeur américain, cela devrait impacter négativement le billet vert et favoriser une nouvelle hausse du cours de l’or.
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En somme, l’ensemble des indicateurs militent en faveur d’un cours de l’once d’or élevé cette année. Une situation qui ne manquera pas d’avoir d’impact positifs sur les principaux producteurs d’or africains.
Sur les 54 pays du continent, 34 sont producteurs d’or, à des degré variables bien évidemment. L’Afrique détient 40% des réserves mondiales d’or prouvées.
Les grands producteurs africains sont actuellement le Ghana, l’Afrique du Sud, la Tanzanie, le Soudan, le Mali, la Guinée, le Burkina Faso, la RDC, la Côte d’Ivoire…
En 2022, le Ghana a produit 121 tonnes d’or, reprenant à l’Afrique du Sud la première place des producteurs africains. Le pays a exporté 3,78 millions d’onces d’or pour une valeur totale de 6,61 milliards de dollars. Derrière le Ghana arrive l’Afrique du Sud avec une production de 84 tonnes. Le Mali aussi, en dépit de l’insécurité, continue de figurer parmi les plus importants producteurs d’or du continent. En 2022, la production d’or a augmenté de 4% à 66,2 tonnes. Idem pour le Burkina Faso où la production s’est établie à 57,67 tonnes. Le Soudan figure aussi parmi les premiers producteurs africains. On estime sa production annuelle entre 80 et 100 tonnes. Toutefois, celle-ci est le fait essentiellement de l’informel. Ainsi, pour 2022, les autorités n’ont annoncé qu’une production de 18 tonnes.
Seulement, en dépit du niveau élevé du cours de l’or, les retombées sur les économies africaines demeurent faibles. Et pour cause, l’exploitation des gisements aurifères du continent est contrôlée par les multinationales. Globalement, les Etats ne bénéficient généralement que d’une participation de 10% dans le capital des sociétés exploitant leur or. Résulta: les bénéficies provenant du niveau élevé du cours du précieux métal n’impacte que faiblement les économies africaines, même si certains contrats leur permettent de bénéficier d’une partie de la hausse du cours.
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De manière schématique, les retombées de la production d’or sur les pays africains proviennent de trois sources: les impôts, les redevances minières et les dividendes.
Concernant les impôts, les Etats africains ont tendance à adopter des codes d’investissement offrant de nombreux avantages fiscaux aux investisseurs étrangers. L’impact fiscal est généralement faible. Les dividendes résultent des bénéfices générés par les entreprises, ceux-ci sont faibles du fait que les participations des pays africains dépassent rarement 10% du capital des entreprises exploitant l’or africain. Quant à la redevance, une taxe sur la valeur du minerai extrait, elle varie généralement entre 2 et 6% du chiffre d’affaires ou de la valeur carreau-mine, selon les pays, la maturité de la mine...
A titre d’exemple, Endeavour Mining, compagnie aurifère canadienne figurant dans le Top 10 mondial de producteurs d’or, présent avec six mines au Burkina Faso (4 mines), au Sénégal et en Côte d’Ivoire, a produit 1,4 million d’onces en 2022 dans ces trois pays, générant un revenu de 2,5 milliards de dollars. La compagnie n’a payé qu’environ 400 millions de dollars sous forme d’impôts, de redevances minières et de dividendes aux trois pays.
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En clair, les vrais bénéficiaires du niveau actuel du cours de l’or sont surtout les multinationales. En effet, contrôlant le plus souvent plus de 90% du capital de leurs filiales africaines, celles-ci s’accaparent logiquement des bénéfices résultants de la hausse des cours.
Et à ce titre, parmi les plus grands bénéficiaires de l’exploitation d’or en Afrique figurent les géants sud-africains, Anglogold Ashanti et Gold Fields, les deux plus grands producteurs d’Afrique qui figurent aussi dans le Top 5 mondial des plus grands producteurs d’or du monde.
A titre d’exemple, le sud-africain Anglogold Ashanti, est l’un des grands bénéficiaires de la progressions du cours. Spécialisée dans l’extraction aurifère et occupant le 3e rang mondial des producteurs d’or, derrière la Canadien Barrick Gold et l’Américain Newmont Mining, devant l’autre géant sud-africaine Gold Fields, Anglogold Ashanti produit annuellement autour de 18,5 tonnes d’or au Ghana, 16,7 tonnes Mali, 9,6 tonnes en Tanzanie, 8,0 tonnes en Guinée, 2,7 tonnes en Namibie… Le géant sud-africain qui possède 21 filiales réparties dans 10 pays, produit aussi de l’or aux Etats-Unis, en Australie, au Brésil, en Argentine…