Avec plus de 74 milliards de dollars d’investissements annoncés dans l’hydrogène vert en 2023, la Mauritanie s’affirme comme un des futurs hubs mondiaux de production et d’exportation. Le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud) évalue la production énergétique totale à 88 GW «traçant ainsi la voie à suivre pour que le pays puisse envisager son ambition de devenir une plaque tournante régionale pour l’hydrogène vert».
Ces capacités, renforcées par l’entrée en service, début 2025, du gisement gazier Grand Tortue Ahmeyim (GTA), coexploité par la Mauritanie et le Sénégal, font voir grand au pays dont l’Assemblée nationale a approuvé un projet de loi sur l’hydrogène vert, le 9 septembre 2024 «dans l’objectif d’élargir l’accès à une énergie propre et capable de servir de moteur au développement de l’économie.»
La Mauritanie se prépare donc aux enjeux induits par le recours à cette nouvelle énergie propre et durable, ce qui exige la mise en place d’un programme de formation professionnelle adaptée au secteur. Dans cette perspective, différentes profils sont ciblées: techniciens, superviseurs en maintenance industrielle, tuyauteurs, monteurs en systèmes de stockage, soudeurs assembleurs en systèmes gaziers.
Moussa Mall, directeur technique de l’Agence pour l’Electrification Rurale (AER), rappelle le contexte «Le gouvernement doit anticiper, prendre les devants par rapport à ce qu’on appelle les métiers verts. On va aller vers des électrolyses avec de grandes capacités, qui seront la source d’énergie permettant de récupérer l’hydrogène, qui sera stocké et distribué, créant une chaine des valeurs avec plusieurs applications: chauffage, véhicules, trains… la pile, réservoir d’énergie permet de recueillir de l’électricité en milieu rural et urbain.»
Abedrabou Sid’Ahmed, conseiller à l’Ecole d’Enseignement Technique et Professionnelle, explique une démarche «visant à créer un référentiel d’évaluation pour plusieurs spécialités liées à l’hydrogène vert: la soudure, la charpenterie, l’électronique, l’électromécanique, l’entretien industrie. Il s’agit de trois blocs, qui se scindent en plusieurs spécialités.»
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Plusieurs grands projets de productions d’hydrogène vert sont en cours parmi lesquels Aman de CWP Global, avec 30 GW et 40 milliards de dollars d’investissements qui pourrait fournir 50 millions de mètres cubes d’eau dessalée par an.
Le projet Nour de Chariot et Total Eren (10 GW) qui vise l’exportation d’hydrogène vers l’Europe, celui d’Infinity-Conjuncta (10 GW) avec 34 milliards dollars d’investissements prévus et qui produira jusqu’à 8 millions de tonnes d’hydrogène vert par an.
Enfin, le projet Megaton Moon pourrait répondre à environ 1% de la demande mondiale d’hydrogène renouvelable d’ici 2050.