«Internet haut débit pour tous et partout», c’est le leitmotiv d’Elon Musk, l’homme le plus riche du monde. Et pour matérialiser son ambition, il a mis en place Space exploration technologies Corp (SpaceX) et s’appuie sur une constellation de satellites de communication placés sur une orbite terrestre basse. La technologie Starlink repose sur des satellites de télécommunication placés sur une orbite basse (500 km d’altitude) et non en position géostationnaire (36.000 km). Ces satellites offrent des vitesses de communication entre la terre et l’espace (temps de latence de 20 millisecondes), cinquante fois plus importantes que celles des satellites classiques (temps de latence supérieur à 600 millisecondes).
Après avoir conquis l’Amérique, l’Europe et l’Asie, Musk s’est lancé depuis 2023 dans la conquête de l’Afrique, un immense marché encore quasi vierge où à peine 37% de la population a accès à internet souvent de qualité mauvaise.
Pour les pays africains, Starlink présente des avantages indéniables et permet l’accès à internet à haut débit dans les régions non desservies par les réseaux de télécommunication classiques, notamment dans les zones difficiles d’accès et dans le monde rural. Dans un pays comme le Tchad, seulement 12% de la population avait accès à internet en 2022.
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Cette technologie permet, en assurant une couverture plus globale des pays, de stimuler les services et les économies africaines, de contribué au renforcement de la concurrence et devrait surtout pousser les opérateurs télécoms à améliorer la qualité et la couverture de leurs services tout en proposant des offres plus abordables.
Starlink s'appuie sur une constellation massive en orbite. Près de 6.000 satellites début 2024 et l'objectif est d'atteindre 12.000 satellites pour couvrir la planète.. alexlmx - stock.adobe.com
Seulement, au niveau du continent, la percée de Starlink d’Elon Musk a pris du retard. Il a fallu attendre janvier 2023 pour qu’elle obtienne sa première licence, c’était au Nigeria. Toutefois, après un début compliqué à cause des défis règlementaires et à la résistance des monopoles d’Etat, l’offre Starlink d’Elon Musk se développe en Afrique. Le dernier pays à l’adopter est le Tchad, en novembre courant. Après des discussions initiées en 2021, le pays a annoncé avoir trouvé un accord avec Starlink, début novembre 2024, et a octroyé une licence au fournisseur d’accès à internet par satellite, Starlink.
Avec cet accord, Starlink est présent, avec agrément, dans au moins une quinzaine de pays africains: Zimbabwe, Nigeria, Mozambique, Malawi, Madagascar, Bénin, Soudan du Sud, Eswatini, Sierra Leone, Rwanda, Kenya, Zambie, Botswana, Tchad, Niger et Ghana.
Des réticences encore tenaces
Reste que nombre de pays africains demeurent réticents à accorder l’agrément nécessaire pour le déploiement de Starling. Plusieurs facteurs expliquent cette résistance. D’abord, il y a les hésitations de certains Etats. Les gouvernements de ces pays essaient de protéger les opérateurs télécoms traditionnels, notamment les monopoles d’Etat qui dominent le marché, créent de nombreux emplois et sont des sources de recettes fiscales importantes. Ainsi, au Kenya, la puissante entreprise de télécommunication du pays, Safaricom, a sollicité le régulateur pour exiger de Starlink de s’associe aux opérateurs de réseaux mobiles locaux.
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Il y a aussi le volet sécuritaire qui se pose, notamment au niveau des pays qui luttent contre le terrorisme djihadiste. Au Sahel, le Mali et le Niger étaient réticents au déploiement de cette technologie. Le Mali avait même mis fin à la vente des terminaux Starlink sur son territoire parce qu’ils permettaient aux djihadistes de communiquer entre eux sans passer par les réseaux classiques.
Bien que Starlink ne soit pas autorisé au Mali, les kits Starlink, eux, sont utilisés par de nombreuses ONG, mais aussi par des particuliers disposant des moyens nécessaires pour s’en procurer dans toutes les régions du pays, notamment celles où l’accès à internet est difficiles (Kidal, Ménaka, Léré, Gao, Tombouctou…). Finalement, les autorités sont revenues sur cette décision. Le Niger a, lui, fini par accorder, le 30 octobre dernier, l’agrément à l’entreprise d’Elon Musk.
De même, le Cameroun qui fait face aux djihadistes de Boko Haram et aux sécessionnistes anglophones, essaie de mieux contrôler les moyens de communication dans certaines régions. C’est dans ce cadre que du matériel de Starlink à été saisi dans les ports du pays.
La dure réalité des prix
Ensuite, et c’est un obstacle non négligeable, il y a le coût d’accès qui limite le déploiement rapide de cette technologie en Afrique. En effet, il faut non seulement disposer des équipements mais surtout payer un abonnement mensuel. En Afrique, Starlink a fait des efforts à ces deux niveaux. Au Botswana, pays ayant intégré Starlink en août dernier, les clients doivent débourser 4.829 pulas, soit 362,6 dollars, pour acquérir le matériel, et 688 pulas, soit 51,61 dollars, pour l’abonnement mensuel.
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Malgré la baisse des coûts, il s’agit d’un montant dissuasif pour la majorité des populations africaines. Avec ces investissements et tarifs, l’offre ne peut intéresser que les entreprises et la classe moyenne. Face à cette situation, Musk a promis de faire le nécessaire pour réduire le coût afin d’en démocratiser l’accès en Afrique.
À ce titre, pour le Niger, l’un des derniers pays du continent à avoir accordé l’agrément à Starlink, internet à très haut débit allant jusqu’à 200 mégabits par seconde, est offert à un prix accessible qui tourne autour de 40 dollars par mois, soit entre 24.000 et 25.000 francs CFA. «Nous passerons d’un taux de couverture internet acceptable à un taux de près de 80% voire 100%», s’est réjoui Sidi Mohamed Raliou, ministre nigérien de la Communication, des Postes et de l’Economie numérique.
Des partenariats tous azimuts
Pour faciliter l’accès à cette technologie, Starlink a multiplié les partenariats avec la plateforme de commerce en ligne Jumia technologies pour commercialiser les terminaux et d’autres kits. Starlink est également en partenariat avec Paratus, fournisseur panafricain de connectivité à haut débit présent dans une quarantaine de pays africains, avec Africa Mobile Networks (AMN), opérateur britannique spécialiste des tours de communication dans les zones rurales en Afrique,…
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Bien que n’étant présent officiellement que dans une quinzaine de pays, dans les faits, internet à haut débit d’Elon Must est présent dans d’autres pays où les kits sont vendus sous le manteau. C’est de cette manière que des équipements Starlink circulent dans de nombreux pays dont le Mali, le Niger, le Cameroun et dans tant d’autres pays qui n’ont pas encore accordé leur agrément.
Du côté des perspectives, il est fort probable que le déploiement de Starlink en Afrique s’accélère. Outre les avantages qu’offre la technologie Starlink et la baisse annoncée des coûts, il est fort probable que le déploiement de Starlink soit accéléré par la victoire de Donald Trump à la présidentielle américaine. En effet, Elon Musk a été l’un des plus grands soutiens du président élu qu’il a soutenu financièrement et par sa présence lors de la campagne et via son réseau X. Ce soutien au futur homme le plus puissant du monde peut booster le déploiement de Starlink en Afrique en venant à bout des hésitations de certains pays africains.